mardi 26 juin 2007

SA - Scène XLII à XLVI


43. INTERIEUR – UNE PIAULE – NUIT PLUVIEUSE.

MARIE range des affaires en vrac dans un sac. Elle glisse des billets entre les piles d’affaires, dans les chaussures, etc…


44. EXTERIEUR – CHEZ SAM – NUIT PLUVIEUSE.

SAM sort un pli de sa boite aux lettres. Il l’ouvre. Dedans, une liste de numéros de téléphone avec des noms. Dessus un post-it « les numéros de la carte SIM de EDDIE. Amuse-toi. DAVE ».


45. EXTERIEUR – CHEZ SAM – NUIT PLUVIEUSE.

Devant la porte, à l’abri du porche, LUCIE est emmitouflée dans un luxueux manteau noir. La visite surprend SAM qui se fige sous la pluie.

LUCIE
Bonsoir SAM…

SAM (qui reprend ses esprits et attrape ses clefs)
LUCIE. Ne reste pas là. Tu vas attraper la mort. Entre, vite.

LUCIE
Non… SAM. Je veux juste te dire un truc.

SAM
Je t’écoute, mais moi, je me mets au sec.

SAM ouvre la porte et allume la lumière. LUCIE remarque la gueule abîmée de SAM

LUCIE
Qu’est-ce qui t’est arrivé ?

SAM
Une mauvaise rencontre… Tu es sûre que tu ne veux pas entrer ?

LUCIE
Non. Je voulais juste te parler de BRIGIT.

SAM
T’as des info ?

LUCIE
Peut-être… En fait, avant d’être avec GOMEZ, BRIGIT traînait beaucoup avec WILLIAM FOURNIER.

SAM
Le mec de la télé ?

LUCIE
Ouais… BRIGIT était toute fière. Elle disait qu’il allait la sortir de là, la faire travailler avec lui. Le genre de bobards qu’on entend toutes. Elle, elle y croyait. Pas moi. Surtout quand elle m’a parlé du nouveau pote de FOURNIER, GIPSY…

SAM
Tu te souvenais ?

LUCIE
Je n’ai rien oublié, SAM…

SAM (après un silence)
Ce serait GIPSY qui aurait maqué BRIGIT avec GOMEZ ? Pas EDDIE ?

LUCIE
EDDIE était la pièce rapportée. Il avait pas ce genre de contacts…

SAM
Pourquoi tu me dis ça ?

LUCIE
Je sais pas… Je me disais que tu saurais quoi en faire.

SAM
T’avais pas besoin de venir. Un coup de fil aurait suffit.

LUCIE
Non.. . Pas ce soir…

Elle tourne les talons et part dans la cour. SAM la regarde partir.


46. INTERIEUR – UNE PIAULE – NUIT PLUVIEUSE.

MARIE est au milieu de la pièce. Elle a un verre à la main et danse sur un air de musique brésilienne. Elle ferme les yeux. Elle est loin. Elle est bien. Un sourire se dessine sur les lèvres quand la porte s’ouvre. Une ombre traverse la pièce, se sert un verre et s’affale dans un soda défoncé. DAVE soupire en remontant ses lunettes sur le front. MARIE s’écroule et se blottit contre lui, mais elle est gênée par quelque chose. DAVE comprend et dégage son revolver qu’il garde à la main

MARIE (s’installant cette fois confortablement)
Là, je suis bien…

DAVE boit une gorgée et serrant un peu plus fort la jeune femme.

MARIE.
Plus que deux jours…

DAVE
Et ce ne seront pas les plus faciles…

MARIE
Tu le feras, hein ?

DAVE (fixant son revolver)
Oui… Enfin… Je pense…

lundi 18 juin 2007

Coup de Gueule contre les suites (Interludes)

Petit coup de gueule en passant sur les suites qui fleurissent sur nos écrans :
Spiderman 3, Pirates des Caraïbes 3, Shrek 3, Ocean's 3 (pardon 13)

Suis-je le seul à trouver dans cette série de suites la preuve de l'incapacité notoire des producteurs à nous proposer de la nouveauté ?

Je comprends que sous un angle industriel, il est important de sécuriser certains revenus. C'est triste à dire, mais cela ressemble à de la gestion de portefeuille : on sécurise une partie du capital et on spécule avec le reste. Malheureusement, je trouve qu'on voit très peu cette partie spéculatrice et normalement innovante.

Une suite ? Pourquoi pas... Quand c'est innovant, quand cela apporte quelque chose. CASINO ROYALE était le meilleur film de 2006. J'ai trouvé ROCKY BALBOA très émouvant et j'attends avec impatience DIE HARD 4.

Mais quel intérêt de foutre en l'air comme ça des personnages forts comme SPIDERMAN ou des univers riches comme PIRATES DES CARAIBES ? A coups de surenchères, de encore plus ?
Prenez SPIDERMAN 3, certes, c'est impressionnant mais on a 3 histroires qui s'emmêlent (SANDMAN, VENOM et le trio Peter, MF et Gwen) qui auraient très bien pu alimenter chacune un film. On mélange, on survole, on gâche. Sous prétexte de plus on fait moins bien.

Et ce qui m'énerve encore plus, c'est qu'au départ c'était innovant : SPIDERMAN dans les mains d'un spécialiste du film d'horreur, JOHNNY DEPP en pirate de cabaret. Il y avait une fraicheur et une originalité qui se retrouvent complètement broyées...

vendredi 8 juin 2007

SA - Scènes XL à XLII


40. INTERIEUR – LOGE DE LCI – JOUR PLUVIEUX.

Plateaux de LCI. SAM se fait maquiller par une JEUNE FILLE qui souffre devant l’ampleur de la tâche.
PHILIPPE est à côté et lui balance un tas d’instructions.

PHILIPPE
Bon, vous avez compris. Tout est question d’apparence. Vous ne fixez pas la caméra. Vous souriez mais de manière discrète. Evitez les phrases longues et quoi qu’il arrive, ayez l’air intéressé, même si cela vous emmerde.

SAM est saoulé. Par contre HADRIEN est dans son élément. Il est à l’aise et plaisante avec la régie.

CHRISTIAN HADRIEN
Ne vous en faite pas, SAM, tout se passera très bien. Au fait, je vous ai apporté de la doc sur GOMEZ. Je suis sûr que vous allez faire des merveilles.


41. INTERIEUR – PLATEAU DE LCI – JOUR PLUVIEUX.


MICHEL FIELD
Mesdames et Messieurs, bonsoir. Soyez les bienvenus sur le plateau du 18/20. Nous recevons aujourd’hui celui que certains voient, déjà, comme notre prochain Président, M. CHRISTIAN HADRIEN. Bonsoir M. HADRIEN

CHRISTIAN HADRIEN
Bonsoir M. FIELD

MICHEL FIELD
M. HADRIEN est accompagné de M. SAM TALEB, enquêteur privé, qui travaille actuellement sur une affaire qui fait la une de notre presse : la traque du narco-trafiquant, LUIS GOMEZ soupçonné du meurtre, si j’ai bien compris, d’un ami de M. TALEB. Bonsoir M. TALEB

SAM (sur ses gardes, maquillé comme une voiture volée)
Bonsoir…

MICHEL FIELD
M. TALEB. D’après nos informations, M. HADRIEN, lui-même vous a engagé sur cette affaire. N’est-ce pas un peu inhabituel ? Quelle est à votre avis la motivation de M. HADRIEN ?

CHRISTIAN HADRIEN (coupant net SAM qui allait prendre la parole)
J’ai simplement embauché SAM car il est totalement qualifié pour ce type d’affaires. J’ai toute confiance en ses compétences et son jugement. Il est à mes côtés, bien sûr pour retrouver ce GOMEZ, mais il agit également en tant que conseiller. Pendant sept ans, SAM a fait partie de l’élite de la Police Française, au Quai des Orfèvres. C'est donc quelqu'un qui connaît bien le monde de la délinquance et du grand banditisme. Il m'aide à définir un programme de lutte contre la criminalité.

SAM est sur le cul. Le mec est vraiment gonflé

MICHEL FIELD (avec le sourire de celui qui n’est pas dupe)
Les états de services de M. TALEB sont loin d’être aussi brillants que vous l’annoncez. Des informations convergentes indiquent, M. TALEB, que vous avez dû « démissionner » de la Police après avoir battu à mort un suspect.

SAM
La vérité…

CHRISTIAN HADRIEN (le coupant à nouveau et sortant le grand jeu)
C'est inadmissible ! C'est une honte ! C'est de la diffamation ! Je sais exactement d'où vous tenez ces rumeurs, car il ne s'agit que de cela !

MICHEL FIELD (jouant le jeu)
M. HADRIEN…

CHRISTIAN HADRIEN
Ne m'interrompez pas, M. FIELD ! Ce qui se passe est très clair à mes yeux : vous tentez de porter le discrédit sur un homme qui a passé plusieurs années au service de tous les Français. Vous détenez ces fausses informations de mes adversaires directs. Ces individus, qui se disent « hommes politiques » sont prêts à tout pour détruire la carrière d'un honnête citoyen comme SAM.

MICHEL FIELD
Calmez-vous, M. HADRIEN. ! Je vous propose de donner l’occasion à M. TALEB de faire la lumière une fois pour toute sur cette affaire. M. TALEB…

CHRISTIAN HADRIEN fait signe à SAM de répondre.

SAM. (la caméra est braquée sur lui)
Je n’ai pas grand-chose à ajouter à mes déclarations de l’époque. Un cinglé avait kidnappé la fille d’un flic, ANDRE JANSEN. Nous avons retrouvé le type et la fille dans une ferme à proximité de Fontainebleau. J’étais en éclaireur. Je suis arrivé le premier à la ferme. Le type était en train de violer la gamine. Elle avait douze ans… J’ai voulu l’arrêter. On s’est battu. J’y ai été un peu fort, mais croyez moi ce type n’était pas qu’un « suspect ».

Silence

MICHEL FIELD
Merci, M. TALEB. Nous continuons notre passionnante conversation après une page de publicité.


42. INTERIEUR – CHEZ RAOUL, AU BILLARD – NUIT PLUVIEUSE.

Les billes CLAQUENT sur la table. Malgré les séquelles de son passage à tabac qui le font grimacer, SAM fait une démonstration magistrale de son talent. On sent qu’il a les nerfs à vif. L’attitude HADRIEN sur le plateau de télé ne lui a pas beaucoup plu.

CHRISTIAN HADRIEN
SAM, vous avez été fa-bu-leux. Votre speech va faire un carton dans les minorités. Je suis même persuadé que vous êtes le genre d’immigré que les sympathisants du FN peuvent apprécier !

Regard noir de SAM qui continue à empocher les billes

SAM
On avait parlé de fric pour ce genre de prestation…

CHRISTIAN HADRIEN
Ne vous méprenez pas, SAM. Je ne suis pas le démago de base qui vit pour devenir Président.

SAM
Vous faites ce que vous voulez tant que vous raquez.

CHRISTIAN HADRIEN
Arrêtez votre numéro de privé de roman de gare. Je vous ai offensé et j’en suis sincèrement désolé, mais je ne suis pas celui que vous croyez.

SAM
Je ne crois rien HADRIEN. Je suis un type qui fait un job. J’ai besoin d’info pour retrouver le meurtrier d’un mec, vous pouvez les avoir. J’ai besoin de fric, Vous payez. Je vois là, des « intérêts convergents ». Ca me va.

C’est à HADRIEN de jouer. Il tente un coup classique. Il s’applique et empoche la bille. Il tente un coup plus osé et échoue

CHRISTIAN HADRIEN
Oui… On peut voir les choses comme ça. On peut agir comme un mercenaire : faire ce qu’on a à faire tant qu’on y trouve son compte… Mais vous n’avez pas toujours été comme ça, SAM. On ne devient pas l’un des meilleurs flics de France avec cette mentalité. Vous avez cru à autre chose à une époque, non ?

Silence de SAM qui empoche deux billes d’affilée.

CHRISTIAN HADRIEN (s’animant)
Vous avez cru un jour que vous pouviez faire la différence, vous le fils de harki. C’est à cette volonté que je veux faire appel. Je veux que chacun puisse croire qu’il peut faire la différence. Les gens n’ont plus confiance en eux. Je ne les blâme pas. La politique, depuis quelques années, est affaire de personnes et de passe droits. Plus personne ne s’y retrouve. Plus personne n’est crédible. Surtout quand celui qui est censé assuré le quotidien de chacun des Français habite un palais dans le huitième et ne connaît de la province que les villas chics de Arcachon.

Silence de SAM qui cogite

CHRISTIAN HADRIEN (sur le point de jouer mais ne pouvant s’arrêter de parler)
J’en ai assez de voir les gens fichés, classés : les syndicalistes font la grève, les patrons virent les gens, les politiques magouilles, les immigrés volent, les chômeurs profitent du système, les flics sont des brutes, etc… Par pitié, arrêtons ces conclusions faciles. Je veux qu’on écoute, qu’on réfléchisse qu’on prenne des décisions avec le bon sens et pas avec le portefeuille ou les élections présidentielles de dans dix ans. Je suis riche à en crever. Si je ne suis pas élu, je me rendrai à peine compte de ce que cela m’a coûté. Je n’ai rien à perdre.

SAM
Des mots, tout ça…

CHRISTIAN HADRIEN
Cela commence toujours comme ça, mais en ce qui me concerne, il y a une volonté et des actes derrière. Ne vous méprenez pas, ce que vous avez vu ce soir était un jeu. J’ai monté cette interview pour vous faire connaître et qu’on me voit avec vous. Avant que mes adversaires n’utilisent votre passé comme arme, j’ai mis les choses au clair tout de suite et devant tout le monde. Si cela peut vous rassurer, me passer de vous aurait été infiniment plus simple.

C’est à CHRISTIAN HADRIEN de jouer. Il hésite. Les billes sont bien réparties autour de la table. Il réfléchit, analyse, mais ne trouve pas de solution.

SAM
Tentez la sept en une bande. Dans le pire des cas, vous me gênerez. Cela vous évitera de perdre un coup.

HADRIEN réfléchit un instant et suit le conseil de SAM qui s’avère être des plus justes. SAM apprécie la marque de confiance.