mardi 12 février 2008

Scènes XXXV à XXXIX




36. INTERIEUR – L’ARRIERE D’UN CAMION – JOUR PLUVIEUX.

Une lumière s’allume sur JEAN-JACQUES GITES, en bras de chemise. Il fond sur SAM et lui distribue une violente série de coups pendant que LES DEUX HOMMES le maintiennent fermement.
SAM fléchit alors que les coups pleuvent. Alors même qu’il est au sol, GITES continue de lui donner des coups de pieds. La séance dure plusieurs minutes. SAM est au bord de l’évanouissement.

GITES (se penchant sur SAM et l’attrapant par le col)
T’as voulu jouer au malin, TALEB ! Tu crois que tu peux nous faire chanter et t’en tirer comme ça ! T’as vingt quatre heures pour m’apporter les papiers. Après t’es mort.

Il repousse SAM dont la tête vient heurter violemment le plancher du camion.

GITES (parlant à ses hommes)
Débarrassez-moi de ça.

Les DEUX HOMMES ramassent SAM, ouvrent les portes et le balancent sur la chaussée.
SAM reste allongé sous la pluie, HS, pendant que le camion démarre en trombe.


37. INTERIEUR – CHEZ SAM – JOUR PLUVIEUX.

SAM ouvre la porte de son appartement et s’écroule.


38. INTERIEUR – CHEZ SAM – JOUR PLUVIEUX.

Un HOMME traîne SAM jusqu’à un canapé sur lequel il l’allonge. SAM est toujours dans les vaps, mais on le voit grimacer.
Un BRUIT D’EAU. L’HOMME – type algérien, beau gosse, la trentaine - revient et nettoie le visage de SAM avec un linge humide. On sent de l’affection dans chacun de ses gestes. Finalement, SAM ouvre un œil.

SAM
Ils m’ont pas loupé, ces enfoirés…

KAMEL
Reste calme, frangin. Qui t’a mis dans un état pareil ?

SAM (se redresse et s’assoit sur le divan)
Des méchants… Putain… J’ai la tête comme une grosse caisse…

KAMEL
Ca vaudrait peut-être la peine que tu vois un toubib.

SAM (avec un sourire qui ressemble davantage à une grimace)
Normalement, c’est à moi de me faire du souci pour toi, p’tit frère…

KAMEL
Peut-être, mais c’est pas moi qui aie la gueule en chou-fleur.

Nouveau sourire de SAM qui se lève et se dirige vers la salle de bain, histoire d’évaluer les dégâts. KAMEL le suit. SAM grimace en voyant sa gueule dans le miroir

SAM
Qu’est ce que tu venais faire ici ?

KAMEL
J’étais au discours de HADRIEN, hier et il me semble bien qu’il a parlé d’un certain SAM TALEB. Je voulais savoir si j’avais bien entendu…

SAM
T’as bien entendu. Il m’a même proposé de bosser pour lui.

KAMEL
Tu charries ?

SAM
Non. Il veut que je travaille pour lui et que je sois son « quota » immigré. T’en penses quoi de ce mec ?

KAMEL
Je n’arrive pas à me faire une idée. Beaucoup le traite de démago, à droite comme à gauche, mais je pense que c’est surtout de la jalousie et qu’ils voudraient l’avoir dans leur camp. L’homme a de l’argent, des idées et une vraie volonté de donner du sang neuf dans le monde politique. Mais, il fait peur… Enfin… Je pense que c’est surtout parce qu’il ne ressemble à rien de connu… Eh, c’est super que tu sois dans ses petits papiers ! Tu vas pouvoir me refiler des infos !

SONNERIE du portable de SAM. SAM jette un œil au numéro appelant.

SAM
Quand on parle du loup… C’est ton idole.

Il décroche

SAM
TALEB.

CHRISTIAN HADRIEN (off)
CHRISTIAN HADRIEN à l’appareil. Je vous propose votre premier talk show en tant qu’invité.

SAM (jetant un nouvel œil dans le miroir)
Je ne suis pas sûr d’avoir la gueule de l’emploi… Et je n’ai pas encore accepté votre proposition.

CHRISTIAN HADRIEN
Allons, SAM, cela va vous faire une pub d’enfer et je serai à même de vous donner un premier dossier sur GOMEZ et son réseau.

Soupir de SAM

SAM
C’est bon… Vous avez votre mariole…

CHRISTIAN HADRIEN
Excellent ! Retrouvez-moi à dix-sept heures trente à LCI, à Boulogne.

SAM
Mais prévenez la maquilleuse qu’elle aura un gros boulot (il raccroche)

Puis se tournant vers KAMEL

SAM
Ca y est. J’ai gagné mon titre de guignol. Je passe à la télé .

KAMEL (qui se marre)
Le frangin qui entre en politique. On aura tout vu. (Jetant un coup d’œil à sa montre) ; Il faut que je te laisse frangin. J’ai des articles à revoir avant le bouclage. (il se lève). Prends soin de toi et évite les gens qui cognent.

SAM
Justement… Tu aurais moyen de te renseigner sur un certain JEAN-JACQUES GITES ? C’est le mec qui m’a ravalé la façade. C’est une espèce d’avocat qui bosse pour un client unique a priori bourré de fric et qui aime l’anonymat, mais je voudrais bien savoir qui c’est.

KAMEL (la main sur la porte)
Je peux fureter, poser deux – trois questions…

SAM
Fais gaffe quand même. Ils ne m’ont pas l’air facile et je voudrais pas te retrouver dans le même état que moi.

KAMEL
T’inquiète… Je ferais gaffe. Mais toi aussi. Je préfère te voir bosser avec un mec comme HADRIEN plutôt que te ramasser chez toi la gueule en sang. Ils auraient pas fait ça à un flic…

Regard dur de SAM

KAMEL
Je t’appelle pour MAMAN, ce week-end…

KAMEL sort. SAM fixe la porte.

SAM
Merci, p’tit frère…

mardi 24 juillet 2007

SA - Scènes LVI à LX


56. EXTERIEUR – LES RUES DE PARIS – JOUR PLUVIEUX.

SAM rejoint Paris depuis la banlieue Est : porte de Bagnolet, Nation, Bastille…
En insert, nous le voyons à nouveau jeter un œil sur l’écran de son portable. Toujours intrigué, il finit par composer un numéro.

SAM (off)
Salut p’tit frère. T’as du neuf ?

KAMEL (off)
Salut frangin. J’allais t’appeler.

Dans le rétroviseur, SAM remarque un camion dans le genre de celui de GITES. Le suit-il ?

SAM (off)
Alors ?

KAMEL (off)
Il m’a pas l’air d’un mec net : diplômé de Sciences Po, docteur en droit. Il a exercé comme avocat pendant quelques temps. Il a plaidé quelques grosses affaires dans les années quatre-vingt, principalement liées au grand banditisme. Depuis, plus rien.

SAM (off)
Et pour son client ?

KAMEL (off)
C’est là que cela devient peu rassurant. Son nom est apparu dans le cadre de deux mises en accusation qui n’ont pas abouti. L’une en 1993 et l’autre en 2000, les deux fois pour des histoires de paris clandestins. Elles concernaient toutes les deux ANGELO ANDOLINI…

Coup d’œil dans le rétro. Le camion est toujours là.

SAM (off)
Le parrain corse ?

KAMEL (off)
Ouais… Le genre de mec qu’il vaut mieux éviter de croiser. Si tu vois ce que je veux dire …

SAM (off)
Ouais… C’est le genre de type à te filer un délai pour régler une affaire et à te broyer les genoux si tu ne le respectes pas…

KAMEL (off)
J’imagine…

Le camion tourne finalement dans une rue. Fausse alerte

SAM(off - pensif)
Ouais… Tu as un instant de libre, maintenant ?

KAMEL (off)
J’ai environ deux heures avant le bouclage. Pourquoi ?

SAM (off)
On va la voir ?

KAMEL (off)
Je te rejoins là-bas…


57. EXTERIEUR – ENTREE DU PERE LACHAISE – SOIREE PLUVIEUSE.

Le jour commence à tomber. PHILIPPE se tient sous un parapluie. Il est en grande conversation sur son portable.

PHILIPPE
… Tout est sous contrôle. Il est devenu trop important (…). C’est hors de question ! Rien ne doit lui arriver. Est-ce que je suis clair ?

Derrière lui, apparaît le bugster de SAM qui se gare en vrac. SAM sort de sa voiture et entre dans le cimetière.

58. EXTERIEUR –PERE LACHAISE – SOIREE PLUVIEUSE

Une tombe sur laquelle est inscrit « EDITH TALEB – 9 octobre 1944 – 2 novembre 20.. ».
KAMEL dépose un petit bouquet de fleurs et nettoie un peu l’endroit. SAM reste debout et regarde fixement la tombe.

SAM
J’arrive pas à oublier, p’tit frère… J’arrête pas de me dire…

KAMEL
Laisse tomber. On a déjà eu cette conversation. J’ai fini par comprendre. Toi aussi, tu dois accepter…

Derrière SAM, Un couple s’avance dans l’allée centrale : un homme et une femme dans des imperméables, le visage caché par un parapluie.

SAM
Elle était seule. Je l’ai abandonnée. Je l’ai laissée seule en face de la mort…

KAMEL
Cela n’aurait rien changé, SAM. Elle était fière de nous. Elle n’aurait jamais accepté que tu ne fasses pas ton devoir.

SAM
Pour ce que cela m’a valu...


59. EXTERIEUR –PERE LACHAISE – SOIREE PLUVIEUSE

CHRISTIAN et PATRICIA avancent au travers d’une rangée de tombes. Ils s’arrêtent devant une stèle blanche et sobre. Dessus, on peut lire : « EMMA HADRIEN – 13 mars 1980 – 2 novembre 20.. ». PATRICIA serre le bras de CHRISTIAN.

PATRICIA
Elle serait fière de toi…

La mâchoire de CHRISTIAN se crispe. Son regard est perdu dans le vide.


60. EXTERIEUR –PERE LACHAISE – SOIREE PLUVIEUSE

CHRISTIAN et PATRICIA repartent dans l’allée centrale ; SAM et KAMEL également mais dans la direction opposée.

vendredi 6 juillet 2007

SA - Scènes XLVII à LV


47. INTERIEUR – CHEZ SAM – NUIT PLUVIEUSE.

SAM est à son bureau. Des feuilles partout. Il compulse le dossier de HADRIEN en prenant des notes. Au bout de quelques instants, il a une liste de noms assez conséquente. Il cherche « FOURNIER », mais ne le trouve pas.
Il prend la liste de DAVE et cherche des correspondances. Un nom apparaît sur les deux listes : « MATHIEU PAREISSE ».


48. INTERIEUR – CHEZ HADRIEN – NUIT PLUVIEUSE.

CHRISTIAN HADRIEN est à son bureau. Il tape fiévreusement sur le clavier de son PC. La lumière s’allume. PATRICIA, en robe de chambre sexy, entre.

PATRICIA
CHRISTIAN… Il faut que tu t’arrêtes. Tu ne tiendras jamais le coup.

CHRISTIAN
Je n’y arrive pas, PATRICIA. Les idées se bousculent. J’ai besoin de les écrire pour arriver à y voir plus clair.

PATRICIA s’approche et se met derrière CHRISTIAN qui fixe un cadre sur son bureau. Elle met ses bras autour de son cou.

PATRICIA
Tu penses toujours à elle ?

CHRISTIAN
Je n’arrête pas.

PATRICIA
C’est pour elle que tu fais tout ça ?

CHRISTIAN
Je veux qu’elle soit fière de moi.

SONNERIE du portable de HADRIEN

Il se dégage de PATRICIA qui laisse courir sa main sur ses épaules. Un sourire amoureux se dessine sur son visage alors qu’elle rejoint sa chambre.

Split – screen sur HADRIEN et SAM

HADRIEN
HADRIEN.

SAM
C’est SAM.

HADRIEN
Je vous manque déjà ?

SAM
J’ai besoin d’information pour un nom. MATHIEU PAREISSE

HADRIEN
Pourquoi ?

SAM
C’est un nom qui apparaît dans le dossier que vous m’avez fourni, ainsi que dans une liste de contacts d’un petit dealer qui s’est fait tuer hier.

HADRIEN
Je vais passer quelques coups de fil.

SAM (regarde la carte de GITES)
Oui… Il y a également… (se ravisant). Non, laissez tomber. J’ai juste besoin d’infos sur PAREISSE.

HADRIEN
Ca marche, mais vous ne pouvez pas vous arrêtez, là SAM. Les informations que je vous aie confiées sont confidentielles. Elles ne pourront jamais servir de preuves.

SAM
Sans blague. Vous croyez quoi que je vais m’amuser à faire la une des journaux avec ?

HADRIEN (avec un rire)
Non, SAM. C’était juste une précision. Je vous fais confiance. Je vois ce que vous valez. Et plus j’y pense et plus je me dis que vous êtes le genre d’homme sur qui nous devons tous nous appuyer. J’ai besoin de vous, SAM…

SAM ne répond pas.


49. EXTERIEUR – DEVANT PAREISSE TRANSPORTS – JOUR PLUVIEUX.

SAM et DAVE se tiennent devant le siège de l’entreprise de PAREISSE. Il s’agit d’une société de transport. SAM jette un œil sur l’écran de son portable, intrigué, puis le range.

SAM
T’as du neuf sur la poudre qu’on a récupérée sur EDDIE ?

DAVE
C’est une belle saloperie. Un truc qu’on appelle le « black crystal ». Cela viendrait d’Afrique du Nord. C’est apparu aux States il y a quelques semaines. Cela n’a pas mis longtemps à traverser l’Atlantique. Mais y a mieux.

SAM
Je t’écoute.

DAVE
On a reçu des rapports comme quoi on aurait retrouvé de cette merde à Orléans, Lyon et Lille.

SAM
Sans déc ?

Ils regardent l’enseigne de l’entreprise.

DAVE
Comment on fait pour entrer ?

SAM
Je ne vais quand même pas faire le boulot à ta place.


50. INTERIEUR – COMMISSARIAT (salle d’interrogatoire) – JOUR PLUVIEUX.

MATTHIEU PAREISSE (la cinquantaine, malsain qui se la joue respectable) est assis devant un bureau. DAVE l’interroge.

PAREISSE
C’est tout ce que je peux vous dire, LIEUTENANT. EDDIE BONHEUR a travaillé pour moi. Je l’ai licencié il y a environ un mois suite à plusieurs fautes graves. Comme il avait abîmé du matériel, je ne l’ai pas payé. Depuis, il n’arrête pas de m’appeler pour me réclamer son argent.

DAVE (avec un sourire qui se lève)
Parfait, M. PAREISSE. Je vous remercie pour votre temps. Il est possible que je vous rappelle pour vous demander quelques informations supplémentaires.


51. INTERIEUR – COMMISSARIAT (accueil) – JOUR PLUVIEUX.

SAM est debout, accoudé au guichet. Il regarde son portable qui l’intrigue décidément beaucoup. PAREISSE apparaît. SAM se dirige vers lui et le bouscule violemment.

PAREISSE
Non, mais ça va pas ! Regardez où vous allez !

SAM (bousculant PAREISSE)
J’t’emmerde.

PAREISSE n’apprécie pas et s’apprête à cogner. Les deux hommes s’empoignent. DAVE apparaît avec DEUX FLICS. Ils les séparent.

DAVE
Messieurs ! On se calme. C’est un commissariat.

PAREISSE (surexcité)
Ouais, eh ben faites votre boulot ! Je me fais agresser par ce type dans vos locaux. C’est pas croyable !

DAVE se tourne vers SAM mais remarque quelque chose par terre. Il s’agit des sachets de dope récupérés sur EDDIE.
Il les ramasse.

SAM (levant les mains)
Je touche pas à ça à moi. Ca doit être à lui…

PAREISSE (qui va pour s’énerver mais sent quelque chose de louche)
Je n’ai rien à voir avec ça.

DAVE
Messieurs, veuillez nous suivre. Il y a quelques questions que nous souhaiterions vous poser.


52. INTERIEUR – COMMISSARIAT (salle d’interrogatoire) – JOUR PLUVIEUX.

PAREISSE
Je vous dis que je n’ai rien à voir là-dedans !

DAVE
Dans ces conditions, vous ne voyez aucune objection à ce que nous inspections vos bureaux.

PAREISSE (regard noir)
Vous faites ce que vous avez à faire, mais vous aurez de mes nouvelles. Je vous le promets.


53. INTERIEUR –PAREISSE TRANSPORTS – JOUR PLUVIEUX.

Des FLICS fouillent les locaux et les camions de « PAREISSE TRANSPORTS » à la recherche de la drogue. SAM est dehors. Il attend.
Finalement, les FLICS sortent bredouilles et vident les lieux.
SAM sort de sa poche un brassard orange marqué « POLICE » et le met sur son bras. Il entre dans l’entreprise.


54. INTERIEUR –PAREISSE TRANSPORTS – JOUR PLUVIEUX.

SAM avance d’un pas assuré vers la SECRETAIRE.

SAM (mal aimable)
Il nous manque les relevés kilométriques.

SECRETAIRE
Mais… Personne ne nous les a réclamés…

SAM
Maintenant, si.

SECRETAIRE
Bon… Lesquels voulez-vous ?

SAM
Je les veux tous, sur les deux derniers mois.


55. EXTERIEUR – DEVANT PAREISSE TRANSPORTS – JOUR PLUVIEUX.

SAM rejoint son bugster et jette deux registres sur le siège passager.

mardi 26 juin 2007

SA - Scène XLII à XLVI


43. INTERIEUR – UNE PIAULE – NUIT PLUVIEUSE.

MARIE range des affaires en vrac dans un sac. Elle glisse des billets entre les piles d’affaires, dans les chaussures, etc…


44. EXTERIEUR – CHEZ SAM – NUIT PLUVIEUSE.

SAM sort un pli de sa boite aux lettres. Il l’ouvre. Dedans, une liste de numéros de téléphone avec des noms. Dessus un post-it « les numéros de la carte SIM de EDDIE. Amuse-toi. DAVE ».


45. EXTERIEUR – CHEZ SAM – NUIT PLUVIEUSE.

Devant la porte, à l’abri du porche, LUCIE est emmitouflée dans un luxueux manteau noir. La visite surprend SAM qui se fige sous la pluie.

LUCIE
Bonsoir SAM…

SAM (qui reprend ses esprits et attrape ses clefs)
LUCIE. Ne reste pas là. Tu vas attraper la mort. Entre, vite.

LUCIE
Non… SAM. Je veux juste te dire un truc.

SAM
Je t’écoute, mais moi, je me mets au sec.

SAM ouvre la porte et allume la lumière. LUCIE remarque la gueule abîmée de SAM

LUCIE
Qu’est-ce qui t’est arrivé ?

SAM
Une mauvaise rencontre… Tu es sûre que tu ne veux pas entrer ?

LUCIE
Non. Je voulais juste te parler de BRIGIT.

SAM
T’as des info ?

LUCIE
Peut-être… En fait, avant d’être avec GOMEZ, BRIGIT traînait beaucoup avec WILLIAM FOURNIER.

SAM
Le mec de la télé ?

LUCIE
Ouais… BRIGIT était toute fière. Elle disait qu’il allait la sortir de là, la faire travailler avec lui. Le genre de bobards qu’on entend toutes. Elle, elle y croyait. Pas moi. Surtout quand elle m’a parlé du nouveau pote de FOURNIER, GIPSY…

SAM
Tu te souvenais ?

LUCIE
Je n’ai rien oublié, SAM…

SAM (après un silence)
Ce serait GIPSY qui aurait maqué BRIGIT avec GOMEZ ? Pas EDDIE ?

LUCIE
EDDIE était la pièce rapportée. Il avait pas ce genre de contacts…

SAM
Pourquoi tu me dis ça ?

LUCIE
Je sais pas… Je me disais que tu saurais quoi en faire.

SAM
T’avais pas besoin de venir. Un coup de fil aurait suffit.

LUCIE
Non.. . Pas ce soir…

Elle tourne les talons et part dans la cour. SAM la regarde partir.


46. INTERIEUR – UNE PIAULE – NUIT PLUVIEUSE.

MARIE est au milieu de la pièce. Elle a un verre à la main et danse sur un air de musique brésilienne. Elle ferme les yeux. Elle est loin. Elle est bien. Un sourire se dessine sur les lèvres quand la porte s’ouvre. Une ombre traverse la pièce, se sert un verre et s’affale dans un soda défoncé. DAVE soupire en remontant ses lunettes sur le front. MARIE s’écroule et se blottit contre lui, mais elle est gênée par quelque chose. DAVE comprend et dégage son revolver qu’il garde à la main

MARIE (s’installant cette fois confortablement)
Là, je suis bien…

DAVE boit une gorgée et serrant un peu plus fort la jeune femme.

MARIE.
Plus que deux jours…

DAVE
Et ce ne seront pas les plus faciles…

MARIE
Tu le feras, hein ?

DAVE (fixant son revolver)
Oui… Enfin… Je pense…

lundi 18 juin 2007

Coup de Gueule contre les suites (Interludes)

Petit coup de gueule en passant sur les suites qui fleurissent sur nos écrans :
Spiderman 3, Pirates des Caraïbes 3, Shrek 3, Ocean's 3 (pardon 13)

Suis-je le seul à trouver dans cette série de suites la preuve de l'incapacité notoire des producteurs à nous proposer de la nouveauté ?

Je comprends que sous un angle industriel, il est important de sécuriser certains revenus. C'est triste à dire, mais cela ressemble à de la gestion de portefeuille : on sécurise une partie du capital et on spécule avec le reste. Malheureusement, je trouve qu'on voit très peu cette partie spéculatrice et normalement innovante.

Une suite ? Pourquoi pas... Quand c'est innovant, quand cela apporte quelque chose. CASINO ROYALE était le meilleur film de 2006. J'ai trouvé ROCKY BALBOA très émouvant et j'attends avec impatience DIE HARD 4.

Mais quel intérêt de foutre en l'air comme ça des personnages forts comme SPIDERMAN ou des univers riches comme PIRATES DES CARAIBES ? A coups de surenchères, de encore plus ?
Prenez SPIDERMAN 3, certes, c'est impressionnant mais on a 3 histroires qui s'emmêlent (SANDMAN, VENOM et le trio Peter, MF et Gwen) qui auraient très bien pu alimenter chacune un film. On mélange, on survole, on gâche. Sous prétexte de plus on fait moins bien.

Et ce qui m'énerve encore plus, c'est qu'au départ c'était innovant : SPIDERMAN dans les mains d'un spécialiste du film d'horreur, JOHNNY DEPP en pirate de cabaret. Il y avait une fraicheur et une originalité qui se retrouvent complètement broyées...

vendredi 8 juin 2007

SA - Scènes XL à XLII


40. INTERIEUR – LOGE DE LCI – JOUR PLUVIEUX.

Plateaux de LCI. SAM se fait maquiller par une JEUNE FILLE qui souffre devant l’ampleur de la tâche.
PHILIPPE est à côté et lui balance un tas d’instructions.

PHILIPPE
Bon, vous avez compris. Tout est question d’apparence. Vous ne fixez pas la caméra. Vous souriez mais de manière discrète. Evitez les phrases longues et quoi qu’il arrive, ayez l’air intéressé, même si cela vous emmerde.

SAM est saoulé. Par contre HADRIEN est dans son élément. Il est à l’aise et plaisante avec la régie.

CHRISTIAN HADRIEN
Ne vous en faite pas, SAM, tout se passera très bien. Au fait, je vous ai apporté de la doc sur GOMEZ. Je suis sûr que vous allez faire des merveilles.


41. INTERIEUR – PLATEAU DE LCI – JOUR PLUVIEUX.


MICHEL FIELD
Mesdames et Messieurs, bonsoir. Soyez les bienvenus sur le plateau du 18/20. Nous recevons aujourd’hui celui que certains voient, déjà, comme notre prochain Président, M. CHRISTIAN HADRIEN. Bonsoir M. HADRIEN

CHRISTIAN HADRIEN
Bonsoir M. FIELD

MICHEL FIELD
M. HADRIEN est accompagné de M. SAM TALEB, enquêteur privé, qui travaille actuellement sur une affaire qui fait la une de notre presse : la traque du narco-trafiquant, LUIS GOMEZ soupçonné du meurtre, si j’ai bien compris, d’un ami de M. TALEB. Bonsoir M. TALEB

SAM (sur ses gardes, maquillé comme une voiture volée)
Bonsoir…

MICHEL FIELD
M. TALEB. D’après nos informations, M. HADRIEN, lui-même vous a engagé sur cette affaire. N’est-ce pas un peu inhabituel ? Quelle est à votre avis la motivation de M. HADRIEN ?

CHRISTIAN HADRIEN (coupant net SAM qui allait prendre la parole)
J’ai simplement embauché SAM car il est totalement qualifié pour ce type d’affaires. J’ai toute confiance en ses compétences et son jugement. Il est à mes côtés, bien sûr pour retrouver ce GOMEZ, mais il agit également en tant que conseiller. Pendant sept ans, SAM a fait partie de l’élite de la Police Française, au Quai des Orfèvres. C'est donc quelqu'un qui connaît bien le monde de la délinquance et du grand banditisme. Il m'aide à définir un programme de lutte contre la criminalité.

SAM est sur le cul. Le mec est vraiment gonflé

MICHEL FIELD (avec le sourire de celui qui n’est pas dupe)
Les états de services de M. TALEB sont loin d’être aussi brillants que vous l’annoncez. Des informations convergentes indiquent, M. TALEB, que vous avez dû « démissionner » de la Police après avoir battu à mort un suspect.

SAM
La vérité…

CHRISTIAN HADRIEN (le coupant à nouveau et sortant le grand jeu)
C'est inadmissible ! C'est une honte ! C'est de la diffamation ! Je sais exactement d'où vous tenez ces rumeurs, car il ne s'agit que de cela !

MICHEL FIELD (jouant le jeu)
M. HADRIEN…

CHRISTIAN HADRIEN
Ne m'interrompez pas, M. FIELD ! Ce qui se passe est très clair à mes yeux : vous tentez de porter le discrédit sur un homme qui a passé plusieurs années au service de tous les Français. Vous détenez ces fausses informations de mes adversaires directs. Ces individus, qui se disent « hommes politiques » sont prêts à tout pour détruire la carrière d'un honnête citoyen comme SAM.

MICHEL FIELD
Calmez-vous, M. HADRIEN. ! Je vous propose de donner l’occasion à M. TALEB de faire la lumière une fois pour toute sur cette affaire. M. TALEB…

CHRISTIAN HADRIEN fait signe à SAM de répondre.

SAM. (la caméra est braquée sur lui)
Je n’ai pas grand-chose à ajouter à mes déclarations de l’époque. Un cinglé avait kidnappé la fille d’un flic, ANDRE JANSEN. Nous avons retrouvé le type et la fille dans une ferme à proximité de Fontainebleau. J’étais en éclaireur. Je suis arrivé le premier à la ferme. Le type était en train de violer la gamine. Elle avait douze ans… J’ai voulu l’arrêter. On s’est battu. J’y ai été un peu fort, mais croyez moi ce type n’était pas qu’un « suspect ».

Silence

MICHEL FIELD
Merci, M. TALEB. Nous continuons notre passionnante conversation après une page de publicité.


42. INTERIEUR – CHEZ RAOUL, AU BILLARD – NUIT PLUVIEUSE.

Les billes CLAQUENT sur la table. Malgré les séquelles de son passage à tabac qui le font grimacer, SAM fait une démonstration magistrale de son talent. On sent qu’il a les nerfs à vif. L’attitude HADRIEN sur le plateau de télé ne lui a pas beaucoup plu.

CHRISTIAN HADRIEN
SAM, vous avez été fa-bu-leux. Votre speech va faire un carton dans les minorités. Je suis même persuadé que vous êtes le genre d’immigré que les sympathisants du FN peuvent apprécier !

Regard noir de SAM qui continue à empocher les billes

SAM
On avait parlé de fric pour ce genre de prestation…

CHRISTIAN HADRIEN
Ne vous méprenez pas, SAM. Je ne suis pas le démago de base qui vit pour devenir Président.

SAM
Vous faites ce que vous voulez tant que vous raquez.

CHRISTIAN HADRIEN
Arrêtez votre numéro de privé de roman de gare. Je vous ai offensé et j’en suis sincèrement désolé, mais je ne suis pas celui que vous croyez.

SAM
Je ne crois rien HADRIEN. Je suis un type qui fait un job. J’ai besoin d’info pour retrouver le meurtrier d’un mec, vous pouvez les avoir. J’ai besoin de fric, Vous payez. Je vois là, des « intérêts convergents ». Ca me va.

C’est à HADRIEN de jouer. Il tente un coup classique. Il s’applique et empoche la bille. Il tente un coup plus osé et échoue

CHRISTIAN HADRIEN
Oui… On peut voir les choses comme ça. On peut agir comme un mercenaire : faire ce qu’on a à faire tant qu’on y trouve son compte… Mais vous n’avez pas toujours été comme ça, SAM. On ne devient pas l’un des meilleurs flics de France avec cette mentalité. Vous avez cru à autre chose à une époque, non ?

Silence de SAM qui empoche deux billes d’affilée.

CHRISTIAN HADRIEN (s’animant)
Vous avez cru un jour que vous pouviez faire la différence, vous le fils de harki. C’est à cette volonté que je veux faire appel. Je veux que chacun puisse croire qu’il peut faire la différence. Les gens n’ont plus confiance en eux. Je ne les blâme pas. La politique, depuis quelques années, est affaire de personnes et de passe droits. Plus personne ne s’y retrouve. Plus personne n’est crédible. Surtout quand celui qui est censé assuré le quotidien de chacun des Français habite un palais dans le huitième et ne connaît de la province que les villas chics de Arcachon.

Silence de SAM qui cogite

CHRISTIAN HADRIEN (sur le point de jouer mais ne pouvant s’arrêter de parler)
J’en ai assez de voir les gens fichés, classés : les syndicalistes font la grève, les patrons virent les gens, les politiques magouilles, les immigrés volent, les chômeurs profitent du système, les flics sont des brutes, etc… Par pitié, arrêtons ces conclusions faciles. Je veux qu’on écoute, qu’on réfléchisse qu’on prenne des décisions avec le bon sens et pas avec le portefeuille ou les élections présidentielles de dans dix ans. Je suis riche à en crever. Si je ne suis pas élu, je me rendrai à peine compte de ce que cela m’a coûté. Je n’ai rien à perdre.

SAM
Des mots, tout ça…

CHRISTIAN HADRIEN
Cela commence toujours comme ça, mais en ce qui me concerne, il y a une volonté et des actes derrière. Ne vous méprenez pas, ce que vous avez vu ce soir était un jeu. J’ai monté cette interview pour vous faire connaître et qu’on me voit avec vous. Avant que mes adversaires n’utilisent votre passé comme arme, j’ai mis les choses au clair tout de suite et devant tout le monde. Si cela peut vous rassurer, me passer de vous aurait été infiniment plus simple.

C’est à CHRISTIAN HADRIEN de jouer. Il hésite. Les billes sont bien réparties autour de la table. Il réfléchit, analyse, mais ne trouve pas de solution.

SAM
Tentez la sept en une bande. Dans le pire des cas, vous me gênerez. Cela vous évitera de perdre un coup.

HADRIEN réfléchit un instant et suit le conseil de SAM qui s’avère être des plus justes. SAM apprécie la marque de confiance.

jeudi 31 mai 2007

SA - Scènes XXXVI à XXXIX


36. INTERIEUR – L’ARRIERE D’UN CAMION – JOUR PLUVIEUX.

Une lumière s’allume sur JEAN-JACQUES GITES, en bras de chemise. Il fond sur SAM et lui distribue une violente série de coups pendant que LES DEUX HOMMES le maintiennent fermement.
SAM fléchit alors que les coups pleuvent. Alors même qu’il est au sol, GITES continue de lui donner des coups de pieds. La séance dure plusieurs minutes. SAM est au bord de l’évanouissement.

GITES (se penchant sur SAM et l’attrapant par le col)
T’as voulu jouer au malin, TALEB ! Tu crois que tu peux nous faire chanter et t’en tirer comme ça ! T’as vingt quatre heures pour m’apporter les papiers. Après t’es mort.

Il repousse SAM dont la tête vient heurter violemment le plancher du camion.

GITES (parlant à ses hommes)
Débarrassez-moi de ça.

Les DEUX HOMMES ramassent SAM, ouvrent les portes et le balancent sur la chaussée.
SAM reste allongé sous la pluie, HS, pendant que le camion démarre en trombe


37. INTERIEUR – CHEZ SAM – JOUR PLUVIEUX.

SAM ouvre la porte de son appartement et s’écroule.


38. INTERIEUR – CHEZ SAM – JOUR PLUVIEUX.

Un HOMME traîne SAM jusqu’à un canapé sur lequel il l’allonge. SAM est toujours dans les vaps, mais on le voit grimacer.
Un BRUIT D’EAU. L’HOMME – type algérien, beau gosse, la trentaine - revient et nettoie le visage de SAM avec un linge humide. On sent de l’affection dans chacun de ses gestes. Finalement, SAM ouvre un œil.

SAM
Ils m’ont pas loupé, ces enfoirés…

KAMEL
Reste calme, frangin. Qui t’a mis dans un état pareil ?

SAM (se redresse et s’assoit sur le divan)
Des méchants… Putain… J’ai la tête comme une grosse caisse…

KAMEL
Ca vaudrait peut-être la peine que tu vois un toubib.

SAM (avec un sourire qui ressemble davantage à une grimace)
Normalement, c’est à moi de me faire du souci pour toi, p’tit frère…

KAMEL
Peut-être, mais c’est pas moi qui aie la gueule en chou-fleur.

Nouveau sourire de SAM qui se lève et se dirige vers la salle de bain, histoire d’évaluer les dégâts. KAMEL le suit. SAM grimace en voyant sa gueule dans le miroir

SAM
Qu’est ce que tu venais faire ici ?

KAMEL
J’étais au discours de HADRIEN, hier et il me semble bien qu’il a parlé d’un certain SAM TALEB. Je voulais savoir si j’avais bien entendu…

SAM
T’as bien entendu. Il m’a même proposé de bosser pour lui.

KAMEL
Tu charries ?

SAM
Non. Il veut que je travaille pour lui et que je sois son « quota » immigré. T’en penses quoi de ce mec ?

KAMEL
Je n’arrive pas à me faire une idée. Beaucoup le traite de démago, à droite comme à gauche, mais je pense que c’est surtout de la jalousie et qu’ils voudraient l’avoir dans leur camp. L’homme a de l’argent, des idées et une vraie volonté de donner du sang neuf dans le monde politique. Mais, il fait peur… Enfin… Je pense que c’est surtout parce qu’il ne ressemble à rien de connu… Eh, c’est super que tu sois dans ses petits papiers ! Tu vas pouvoir me refiler des infos !

SONNERIE du portable de SAM. SAM jette un œil au numéro appelant.

SAM
Quand on parle du loup… C’est ton idole.

Il décroche

SAM
TALEB.

CHRISTIAN HADRIEN (off)
CHRISTIAN HADRIEN à l’appareil. Je vous propose votre premier talk show en tant qu’invité.

SAM (jetant un nouvel œil dans le miroir)
Je ne suis pas sûr d’avoir la gueule de l’emploi… Et je n’ai pas encore accepté votre proposition.

CHRISTIAN HADRIEN
Allons, SAM, cela va vous faire une pub d’enfer et je serai à même de vous donner un premier dossier sur GOMEZ et son réseau.

Soupir de SAM

SAM
C’est bon… Vous avez votre mariole…

CHRISTIAN HADRIEN
Excellent ! Retrouvez-moi à dix-sept heures trente à LCI, à Boulogne.

SAM
Mais prévenez la maquilleuse qu’elle aura un gros boulot (il raccroche)

Puis se tournant vers KAMEL

SAM
Ca y est. J’ai gagné mon titre de guignol. Je passe à la télé .

KAMEL (qui se marre)
Le frangin qui entre en politique. On aura tout vu. (Jetant un coup d’œil à sa montre) ; Il faut que je te laisse frangin. J’ai des articles à revoir avant le bouclage. (il se lève). Prends soin de toi et évite les gens qui cognent.

SAM
Justement… Tu aurais moyen de te renseigner sur un certain JEAN-JACQUES GITES ? C’est le mec qui m’a ravalé la façade. C’est une espèce d’avocat qui bosse pour un client unique a priori bourré de fric et qui aime l’anonymat, mais je voudrais bien savoir qui c’est.

KAMEL (la main sur la porte)
Je peux fureter, poser deux – trois questions…

SAM
Fais gaffe quand même. Ils ne m’ont pas l’air facile et je voudrais pas te retrouver dans le même état que moi.

KAMEL
T’inquiète… Je ferais gaffe. Mais toi aussi. Je préfère te voir bosser avec un mec comme HADRIEN plutôt que te ramasser chez toi la gueule en sang. Ils auraient pas fait ça à un flic…

Regard dur de SAM

KAMEL
Je t’appelle pour MAMAN, ce week-end…

KAMEL sort. SAM fixe la porte.

SAM
Merci, p’tit frère…


39. INTERIEUR – ARRIERE D’UNE GROSSE BERLINE – JOUR PLUVIEUX.

CHRISTIAN et HADRIEN sont assis. Ils se tiennent la main. Ils profitent de ce rare moment d’intimité.

PATRICIA
Je me souviens très bien de ce SAM TALEB. Quand il travaillait pour toi, tu disais qu’avec deux-trois hommes comme lui dans ton équipe, rien ne pourrait t’arrêter.

CHRISTIAN
Je le pense encore, même s’il a changé… Il a perdu la foi, la part de rêve…

La voiture approche d’un restaurant chic de banlieue. A travers la vitre, nous voyons une horde de journalistes qui attendent HADRIEN de pied ferme.

CHRISTIAN
Ne vous arrêtez pas Francis. Prenez L’A13, nous trouverons bien quelque chose…

FRANCIS
J’ai un cousin qui tient un petit restaurant à Marly le Roi…

CHRISTIAN
Comment est la crème brûlée ?

FRANCIS
Pas goûtée, mais j’adore ses profiteroles.

CHRISTIAN
Banco !

CHRISTIAN s’enfonce dans le fauteuil et soupire.

CHRISTIAN
Tu ne crois pas que je me suis lancé dans un drôle de truc ? (puis se tournant vers PATRICIA) Allez… On arrête tout ; Direction Roissy. On prend un avion pour les îles

PATRICIA (droit dans les yeux)
Chiche ?

CHRISTIAN sourit mais ne répond pas

PATRICIA
Tu n’en es pas capable, chéri. Tu as besoin d’aller jusqu’au bout… Pour voir… Même si cela s’avère être la plus mauvaise décision de ta vie. Si tu laisses tomber, tu le regretteras.

CHRISTIAN lui fait un clin d’œil et l’embrasse.

CHRISTIAN
Francis ! Plus vite ! J’ai faim !