jeudi 31 mai 2007
SA - Scènes XXXVI à XXXIX
36. INTERIEUR – L’ARRIERE D’UN CAMION – JOUR PLUVIEUX.
Une lumière s’allume sur JEAN-JACQUES GITES, en bras de chemise. Il fond sur SAM et lui distribue une violente série de coups pendant que LES DEUX HOMMES le maintiennent fermement.
SAM fléchit alors que les coups pleuvent. Alors même qu’il est au sol, GITES continue de lui donner des coups de pieds. La séance dure plusieurs minutes. SAM est au bord de l’évanouissement.
GITES (se penchant sur SAM et l’attrapant par le col)
T’as voulu jouer au malin, TALEB ! Tu crois que tu peux nous faire chanter et t’en tirer comme ça ! T’as vingt quatre heures pour m’apporter les papiers. Après t’es mort.
Il repousse SAM dont la tête vient heurter violemment le plancher du camion.
GITES (parlant à ses hommes)
Débarrassez-moi de ça.
Les DEUX HOMMES ramassent SAM, ouvrent les portes et le balancent sur la chaussée.
SAM reste allongé sous la pluie, HS, pendant que le camion démarre en trombe
37. INTERIEUR – CHEZ SAM – JOUR PLUVIEUX.
SAM ouvre la porte de son appartement et s’écroule.
38. INTERIEUR – CHEZ SAM – JOUR PLUVIEUX.
Un HOMME traîne SAM jusqu’à un canapé sur lequel il l’allonge. SAM est toujours dans les vaps, mais on le voit grimacer.
Un BRUIT D’EAU. L’HOMME – type algérien, beau gosse, la trentaine - revient et nettoie le visage de SAM avec un linge humide. On sent de l’affection dans chacun de ses gestes. Finalement, SAM ouvre un œil.
SAM
Ils m’ont pas loupé, ces enfoirés…
KAMEL
Reste calme, frangin. Qui t’a mis dans un état pareil ?
SAM (se redresse et s’assoit sur le divan)
Des méchants… Putain… J’ai la tête comme une grosse caisse…
KAMEL
Ca vaudrait peut-être la peine que tu vois un toubib.
SAM (avec un sourire qui ressemble davantage à une grimace)
Normalement, c’est à moi de me faire du souci pour toi, p’tit frère…
KAMEL
Peut-être, mais c’est pas moi qui aie la gueule en chou-fleur.
Nouveau sourire de SAM qui se lève et se dirige vers la salle de bain, histoire d’évaluer les dégâts. KAMEL le suit. SAM grimace en voyant sa gueule dans le miroir
SAM
Qu’est ce que tu venais faire ici ?
KAMEL
J’étais au discours de HADRIEN, hier et il me semble bien qu’il a parlé d’un certain SAM TALEB. Je voulais savoir si j’avais bien entendu…
SAM
T’as bien entendu. Il m’a même proposé de bosser pour lui.
KAMEL
Tu charries ?
SAM
Non. Il veut que je travaille pour lui et que je sois son « quota » immigré. T’en penses quoi de ce mec ?
KAMEL
Je n’arrive pas à me faire une idée. Beaucoup le traite de démago, à droite comme à gauche, mais je pense que c’est surtout de la jalousie et qu’ils voudraient l’avoir dans leur camp. L’homme a de l’argent, des idées et une vraie volonté de donner du sang neuf dans le monde politique. Mais, il fait peur… Enfin… Je pense que c’est surtout parce qu’il ne ressemble à rien de connu… Eh, c’est super que tu sois dans ses petits papiers ! Tu vas pouvoir me refiler des infos !
SONNERIE du portable de SAM. SAM jette un œil au numéro appelant.
SAM
Quand on parle du loup… C’est ton idole.
Il décroche
SAM
TALEB.
CHRISTIAN HADRIEN (off)
CHRISTIAN HADRIEN à l’appareil. Je vous propose votre premier talk show en tant qu’invité.
SAM (jetant un nouvel œil dans le miroir)
Je ne suis pas sûr d’avoir la gueule de l’emploi… Et je n’ai pas encore accepté votre proposition.
CHRISTIAN HADRIEN
Allons, SAM, cela va vous faire une pub d’enfer et je serai à même de vous donner un premier dossier sur GOMEZ et son réseau.
Soupir de SAM
SAM
C’est bon… Vous avez votre mariole…
CHRISTIAN HADRIEN
Excellent ! Retrouvez-moi à dix-sept heures trente à LCI, à Boulogne.
SAM
Mais prévenez la maquilleuse qu’elle aura un gros boulot (il raccroche)
Puis se tournant vers KAMEL
SAM
Ca y est. J’ai gagné mon titre de guignol. Je passe à la télé .
KAMEL (qui se marre)
Le frangin qui entre en politique. On aura tout vu. (Jetant un coup d’œil à sa montre) ; Il faut que je te laisse frangin. J’ai des articles à revoir avant le bouclage. (il se lève). Prends soin de toi et évite les gens qui cognent.
SAM
Justement… Tu aurais moyen de te renseigner sur un certain JEAN-JACQUES GITES ? C’est le mec qui m’a ravalé la façade. C’est une espèce d’avocat qui bosse pour un client unique a priori bourré de fric et qui aime l’anonymat, mais je voudrais bien savoir qui c’est.
KAMEL (la main sur la porte)
Je peux fureter, poser deux – trois questions…
SAM
Fais gaffe quand même. Ils ne m’ont pas l’air facile et je voudrais pas te retrouver dans le même état que moi.
KAMEL
T’inquiète… Je ferais gaffe. Mais toi aussi. Je préfère te voir bosser avec un mec comme HADRIEN plutôt que te ramasser chez toi la gueule en sang. Ils auraient pas fait ça à un flic…
Regard dur de SAM
KAMEL
Je t’appelle pour MAMAN, ce week-end…
KAMEL sort. SAM fixe la porte.
SAM
Merci, p’tit frère…
39. INTERIEUR – ARRIERE D’UNE GROSSE BERLINE – JOUR PLUVIEUX.
CHRISTIAN et HADRIEN sont assis. Ils se tiennent la main. Ils profitent de ce rare moment d’intimité.
PATRICIA
Je me souviens très bien de ce SAM TALEB. Quand il travaillait pour toi, tu disais qu’avec deux-trois hommes comme lui dans ton équipe, rien ne pourrait t’arrêter.
CHRISTIAN
Je le pense encore, même s’il a changé… Il a perdu la foi, la part de rêve…
La voiture approche d’un restaurant chic de banlieue. A travers la vitre, nous voyons une horde de journalistes qui attendent HADRIEN de pied ferme.
CHRISTIAN
Ne vous arrêtez pas Francis. Prenez L’A13, nous trouverons bien quelque chose…
FRANCIS
J’ai un cousin qui tient un petit restaurant à Marly le Roi…
CHRISTIAN
Comment est la crème brûlée ?
FRANCIS
Pas goûtée, mais j’adore ses profiteroles.
CHRISTIAN
Banco !
CHRISTIAN s’enfonce dans le fauteuil et soupire.
CHRISTIAN
Tu ne crois pas que je me suis lancé dans un drôle de truc ? (puis se tournant vers PATRICIA) Allez… On arrête tout ; Direction Roissy. On prend un avion pour les îles
PATRICIA (droit dans les yeux)
Chiche ?
CHRISTIAN sourit mais ne répond pas
PATRICIA
Tu n’en es pas capable, chéri. Tu as besoin d’aller jusqu’au bout… Pour voir… Même si cela s’avère être la plus mauvaise décision de ta vie. Si tu laisses tomber, tu le regretteras.
CHRISTIAN lui fait un clin d’œil et l’embrasse.
CHRISTIAN
Francis ! Plus vite ! J’ai faim !
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