jeudi 24 mai 2007

SA - Scènes XXXII à XXXV


32. INTERIEUR – UNIVERSITE PARIS-DAUPHINE – JOUR PLUVIEUX.

SAM arrive à Dauphine. Le plan vigie-pirate est à son degré le plus élevé. DES VIGILES contrôlent les arrivants. La gueule de SAM lui octroie une fouille approfondie. SAM encaisse. A l’intérieur, il slalome entre des étudiants courant dans tous les sens. Les uns chargés de copies, les autres avec un téléphone portable collé à l’oreille.
Au mur, des affiches de HADRIEN :, « HADRIEN, une nouvelle ambition pour la France », « Votez bien, Votez HADRIEN ». SAM a pour seule réaction un haussement de sourcil.
SAM évite de justesse une JEUNE FILLE chargée de deux tasses de café

JEUNE FILLE
Je suis désolée. Je ne vous avais pas vu.

SAM
Il n’y pas de mal. Vous savez où je peux trouver le grand gourou ?

La JEUNE FILLE n’a pas l’air de saisir l’allusion.

SAM
HADRIEN ?

JEUNE FILLE (un air un peu hautain)
Monsieur HADRIEN est dans son bureau, aile Paris. Il ne reçoit que sur rendez-vous…

La JEUNE FILLE se tire dans un air de dédain. SAM ignore.


33. INTERIEUR – UNIVERSITE PARIS-DAUPHINE – JOUR PLUVIEUX.

SAM ouvre une porte et se retrouve devant une secrétaire. A priori, il n’est qu’à une porte du bureau de HADRIEN.

SECRETAIRE (tout sourire)
M. TALEB ! Vous êtes pile à l’heure. Puis-je prendre votre manteau ? Avez-vous eu du mal pour trouver ? Désirez-vous un café ? M. HADRIEN vous attend avec impatience, vous savez.

La SECRETAIRE se lève. SAM est paumé. Il se laisse faire. La SECRETAIRE lui enlève sa veste en cuir.

SECRETAIRE
Alors ?

SAM (désarçonné)
Alors quoi ?

SECRETAIRE
Un café ?

SAM (à côté de la plaque).
Si vous voulez.

A cet instant, la porte s’ouvre. Un CHRISTIAN HADRIEN apparaît tout sourire.

CHRISTIAN HADRIEN
SAM… Ca me fait plaisir de vous revoir…

Le ton est sincère. La poignée de main paraît chaleureuse. Il semble vraiment heureux de le revoir, comme si celui lui rappelait des souvenirs précieux.

SAM
Avant, c’était M. TALEB et M. HADRIEN. J’imagine que je peux vous appeler CHRISTIAN…

HADRIEN sourit et prend SAM par le bras qui se demande vraiment où il fout les pieds.

34. INTERIEUR – UNIVERSITE PARIS-DAUPHINE – JOUR PLUVIEUX.

Le bureau est gris mais très fonctionnel. Les deux hommes se jaugent. CHRISTIAN HADRIEN cherche un angle d’attaque. SAM est prêt à rendre coup pour coup. HADRIEN a finalement un sourire. HADRIEN s’assoit et invite SAM à faire de même. Il regarde un instant un cadre sur son bureau et se relève (technique classique pour mettre son interlocuteur en position d’infériorité).

CHRISTIAN HADRIEN
Qu’est-ce que vous êtes devenu, SAM, depuis notre affaire ? Je n’ai pas entendu parler de vous depuis deux ans. Imaginez ma surprise en voyant votre visage à l’écran…

SAM
J’ai quelques clients qui font régulièrement appel à moi…

CHRISTIAN HADRIEN
Quelques maris volages, des enquêtes pour le compte d’avocats… L’organisation de services de sécurité dans les casinos, également… C’est digne de Chandler, tout ça. Vous savez que ce qui rapporte de nos jours, c’est l’intelligence économique, les enquêtes sur les entreprises. Comme ce que vous avez fait pour EXCORD…

SAM ne répond rien. Il laisse venir.

CHRISTIAN HADRIEN
Vous avez fait un travail remarquable sur EXCORD. Grâce à vous, nous avons pu stopper les fuites et éviter le vol de notre savoir-faire par des entreprises étrangères. Grâce à vous, EXCORD a pu prospérer et si je suis là aujourd’hui, c’est encore grâce à vous…

Silence de SAM

CHRISTIAN HADRIEN
A l’époque, je vous avais proposé de travailler pour moi, de manière permanente. Je souhaite renouveler ma proposition

SAM
La réponse sera la même. Je suis un privé. J’enquête sur des affaires. Vous me payez, je fais de mon mieux pour résoudre votre problème. Ca s’arrête-là…

CHRISTIAN HADRIEN
Je ne fais pas ce genre de proposition à la légère. Déjà, à l’époque, je connaissais tout de vous….
… Vous avez 40 ans. Vous êtes entré dans la police à 27 ans. Brigade des Stups, Quai des Orfèvres. Vous avez été l’étoile montante de l’O.C.R.B. Il paraît même que vous auriez pu en devenir le directeur. Vous auriez été le premier directeur de la Police issu des « minorités visibles », comme on dit… Tout ça, jusqu’à l’affaire Jansen…

Le regard de SAM se durcit.

CHRISTIAN HADRIEN
… Affaire qui vous a obligé à démissionner… D’après mes renseignements, vous avez battu à mort l’auteur du kidnapping d’une fillette.

SAM se lève et se dirige vers la porte.

CHRISTIAN HADRIEN
SAM. Je connais l’histoire et je ne vous juge pas. J’essaye seulement de comprendre l’homme et celui que je vois actuellement est un combattant. Un homme qui croit et qui se bat.

SAM a la main crispée sur la poignée.

CHRISTIAN HADRIEN
Discutons un instant, SAM… En souvenir du bon vieux temps…

La main de SAM se détend

SAM (en se retournant)
Il a jamais existé le bon vieux temps… Et si j’ai besoin de conseils sur mon orientation professionnelle, je lis mon horoscope. Vous voulez quoi, CHRISTIAN ? Au téléphone, vous disiez avoir besoin de mes services. Vous vous expliquez où je me casse ?

CHRISTIAN HADRIEN
Rasseyons-nous et discutons.

SAM reste debout. CHRISTIAN HADRIEN s’assoit à son bureau. Son regard se fixe sur une photo, dans un cadre, sur son bureau.

CHRISTIAN HADRIEN.
Je ne suis pas l’homme politique classique, SAM, vous le savez. Je n’ai pas fait l’ENA, je n’appartiens à aucun parti. Ma carrière professionnelle m’a permis de faire fortune et d’avoir aujourd’hui une véritable indépendance financière. Si je me lance dans la politique aujourd’hui, c’est par conviction. Je veux changer la société.

SAM (ironique)
Là, pour le coup, vous ressemblez à un véritable homme politique…

CHRISTIAN HADRIEN
Alors, je vais même forcer le trait et vous dire que je le pense sincèrement. Il y a énormément de choses à faire dans notre pays, plein d’idées à mettre en place, des verrous à faire sauter.

SAM
Le discours politique ne m’intéresse pas. Qu’est-ce que vous voulez, CHRISTIAN ?

CHRISTIAN HADRIEN
GOMEZ… Je veux que vous le retrouviez pour moi…

SAM
Expliquez…

CHRISTIAN HADRIEN
Je veux que vous soyez mon champion, celui qui agit et qui résout les problèmes. Je mettrai à votre disposition tous mes contacts et tous mes réseaux. Vous aurez même droit à un fonds spécial pour votre enquête. Vous aurez tout ce qu’il vous faut. En contrepartie, j’exige deux choses : que vous vous donniez à fond pour retrouver GOMEZ et qu’on vous voit avec moi…

SAM
Qu’on me voit avec vous ?

CHRISTIAN HADRIEN
Je vais faire de vous ma mascotte… L’individu est au cœur de ma campagne. Je veux que chacun trouve en lui les ressources de sa réussite. Et je veux que cela soit vrai quelles que soient les origines sociales et ethniques. J’en ai marre de voir brandir comme symbole de l’intégration des joueurs de foot et des chanteurs de rap. Je voudrais monter l’exemple d’un type qui s’est fait tout seul, qui s’est battu quand il le fallait et qui continue le combat. Il s’avère que vous êtes d’origine arabe et dans votre cas, ce n’est ni un prétexte ni une excuse. Vous êtes arabe comme on peut être blond ou gaucher. Vous êtes le prototype parfait.

SAM
Vous ne pouvez pas être sérieux …

HADRIEN le fixe. Bien sûr qu’il est sérieux.
Un ange passe.

SAM
J’ai besoin de réfléchir.

CHRISTIAN HADRIEN.
Trouver GOMEZ est une course. Vous n’avez pas le temps de réfléchir.

SAM.
Vous jouez au billard ?

CHRISTIAN HADRIEN
Un peu.

SAM
J’ai un pote qui dit que voir quelqu’un jouer au billard, c’est voir de quel bois il est fait. Retrouvez-moi ce soir à neuf heures chez RAOUL, rue de la Gaieté, avec une avance, au cas où j’accepterais.

CHRISTIAN HADRIEN
Si vous vous écoutiez, je suis sûr que vous le feriez gratuitement.

Sourire de SAM qui disparaît derrière la porte.

SONNERIE du portable de SAM

35. EXTERIEUR – LES RUES DE PARIS – JOUR PLUVIEUX.

SAM est au volant de son bugster. Il se dirige vers le bar de RAOUL. Avenue Foch, Arc de Triomphe, Champs Elysées (blindés de flics), Concorde, Boulevard Saint Germain (cars de CRS devant l’Assemblée Nationale)…

DAVE (off)
SAM ? J’ai le résultat de tes analyses

SAM (off)
Déjà ?

DAVE (off)
Le labo m’a à la bonne… Bon, écoute, ça va commencer à faire du bruit, ton histoire… La poudre qu’on a trouvée...

SAM (off)
Ouais…

DAVE (off)
C’est de la dope.

SAM (off)
Sans blague. Et t’as eu besoin d’un labo pour ça ?

DAVE (off)
Ce que je veux dire, c’est qu’on peut pas en dire plus. C’est pas de la coke ou de l’héro, ou aucun autre truc connu. D’après le labo, cela ressemble au cristal, un truc qui fait fureur aux US, mais il y a une ou deux substances chimiques en plus. Ils continuent les tests, mais ça m’a l’air d’être une bonne merde.

Un petit camion blanc double le bugster de SAM

SAM (off)
Ca veut dire quoi ? Que GOMEZ testait le marché via EDDIE ?

DAVE (off)
Ca y ressemble. On a aussi récupéré le portable de EDDIE avec une liste d’appels longue comme le bras. On est en train d’y raccrocher des noms. Je me démerderai pour t’en faire une copie.


SOUDAIN, le camion pile devant SAM. SAM écrase le frein. Le portable vole mettant fin à la communication.

INSERT sur DAVE qui vient de se faire raccrocher au nez

DAVE
Il pourrait dire merci…

Les portes du camion s’ouvrent violemment. DEUX HOMMES en jaillissent, sautent sur le sol. Ils s’emparent de SAM qui tente de se débattre mais ils sont trop costauds. Ils l’emmènent à l’arrière du camion dont les portes se referment violemment.

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