mardi 15 mai 2007
SA - Scène XXIII à XXVII
24. INTERIEUR – COULISSE DU PALAIS DES CONGRES – NUIT PLUVIEUSE.
HADRIEN rejoint les coulisses après avoir terminé son discours. Il est en sueur. Il exulte. PHILIPPE, son Directeur de Campagne, lui saute dessus. Il a l’air aussi excité que son patron.
PHILIPPE
On a été diffusé en direct sur deux chaînes nationales et quatre chaînes du satellite dont les deux chaînes d’info. Et je ne compte pas les rediffusions des « vingt heures ». C’est un carton !
HADRIEN ignore la remarque et embrasse son épouse PATRICIA qui est très fière de son mari.
PHILIPPE (qui est toujours sur son petit nuage)
En cumulé, on ne doit pas être loin des vingt millions de téléspectateur ! Tu te rends compte, pas un foyer n’aura manqué ton discours !
HADRIEN
C’est quand même dommage de tomber le soir d’un PSG / OM.
PHILIPPE
Arrête, CHRISTIAN. Tu sais bien que les attentats ont foutu un vrai merdier dans l’organisation de tous les événements susceptibles de rassembler du monde. Ce n’est quand même pas ma faute si ce match a été décalé de deux jours !
HADRIEN (un grand sourire aux lèvres)
Relax, PHILIPPE. Ton boulot sur la com a été génial, PHILIPPE. Je suis persuadé que Bill Gates n’aurait pas fait mieux pour sortir son nouveau Windows. Les gens me voient et m’entendent mais est-ce qu’il me comprennent ?
PHILIPPE
J’ai commandé une série d’enquêtes à deux instituts de sondages. Uniquement du qualitatif. Nous avons besoin de savoir sur quel angle nous devons travailler. A mon avis, nous sommes très bons sur les cadres et les jeunes urbains : le côté entrepreneur qui a réussi qui se dévoue à la société, ça plait, mais on a un sérieux déficit sur les milieux plus populaires : ouvriers, agriculteurs, immigrés…
HADRIEN
Ne t’en fais pas. J’ai pris des mesures pour me rattraper dans les jours à venir. Ecoute-moi bien. Dans l’immédiat, on laisse tomber le discours économique et la politique internationale. Les attentats occupent les unes de tous les journaux. L’électorat est abreuvé de « y a qu’à », « faut qu’on » sur des sujets qu’il maîtrise mal. Je veux revenir dans leur quotidien.
PHILIPPE
Qu’est-ce que tu proposes ?
HADRIEN
Comme toujours : débat et action. Identifions quelques problèmes ponctuels. Ecoutons les individus concernés et réglons les problèmes. Dans le même genre que l’action que nous avons menés dans l’est en créant ce bureau de liaison entreprises – universités… Agir vite et de manière durable en utilisant nos contacts et nos compétences. Et surtout, AN-TI-CI-PER. Souviens-toi, il nous faut précéder ce que veulent les gens, leur proposer avant même qu’ils n’y pensent.
PATRICIA
Parfois, je me demande si tu fais cela par idéologie ou par cynisme….
HADRIEN (avec un sourire)
C’est du pragmatisme. Je suis un spécimen unique : un idéaliste qui se donne les moyens de réaliser ses rêves.
Des flashes crépitent immortalisant le sourire triomphant de HADRIEN
25. INTERIEUR – SALLE DE BILLARD DE GIPSY – NUIT PLUVIEUSE.
BRUIT d’une porte qu’on est en train de forcer. SAM avance à la lumière d’une torche dans la salle du début. On reconnaît la table de billard. Les billes ne sont pas rangées. Sur le bar, des verres et des bouteilles traînent. Les traces de la fouille des flics sont visibles.
SAM se dirige vers une petite pièce, le « bureau » de GIPSY. Il allume une lampe et commence à fouiller. Sur le bureau, il y a un énorme tas de vieux Libé. Il le jette par terre dans un coin. Il y également un PC dont l’unité centrale a disparu.
Une VOIX le surprend
MARIE
Tu reprends le bizness de GIPSY, SAM ?
SAM fait pivoter la lampe vers le fond de la pièce. MARIE est affalée sur un divan, ivre et probablement shootée.
SAM
Qu’est-ce que tu fous là, MARIE ? T’as que des mauvais souvenirs ici.
MARIE
Ouais… Mais c’est tout ce que j’ai…
Elle se lève et titube vers le bureau.
MARIE
Et toi, SAM ? Qu’est-ce que tu cherches ?
SAM
Les dossiers de GIPSY… Tu devrais pas rester là, MARIE… T’as une sale gueule.
« Rire » laconique de MARIE
MARIE
Tu t’intéresses à moi, SAM ? Ca fait combien de temps qu’on se connaît ? Cinq, Six ans ? Combien de fois tu l’as vu me dérouiller, ce connard ? Combien de fois as-tu pris ma défense ?
SAM
C’était pas mes oignons… T’avais qu’à te tirer…
MARIE lui file une trempe.
MARIE
Connard. Il est beau l’ancien héros de la Police ! T’aurais aussi laissé faire du temps où t’étais flic ? T’étais déjà comme ça à cette époque ? Le fric et les tuyaux plutôt qu’un petit geste d’humanité ?
SAM encaisse.
MARIE
Il l’a pas volé ce qui lui est arrivé, c’t’enfoiré !
SAM
Où sont ses dossiers ?
MARIE
J’en sais rien…. Tu crois qu’il me disait ce genre de choses ?
SAM
Il disait qu’il avait besoin de mes services. Tu sais pourquoi ?
MARIE
Comme toujours,… Il était dans la merde et il voulait que tu l’en sortes…Pourquoi t’aidais une un mec comme ça, SAM ? Pourquoi ?
SAM
Tu sais sur quoi il bossait, avec GOMEZ ?
MARIE
Il se faisait du fric. C’est tout ce qui lui plaisait.
SAM (dur)
Et ça te plaisait aussi… T’en a bien profité, non ?
MARIE va pour le gifler mais SAM bloque sa main. Il la repousse. Elle s’affale sur le divan, se recroqueville et se met à pleurer. SAM la regarde. Il voudrait dire quelque chose mais rien ne vient. En sortant de la pièce, il remarque les lunettes de soleil de DAVE sur un meuble. Il les chope.
26. EXTERIEUR – LES RUES DE PARIS – NUIT PLUVIEUSE.
SAM est dans son bugster. Itinéraire : Montparnasse – Les quais – Jardin des Tuileries – Opéra – Pigalle.
Off, nous entendons la conversation de SAM.
EDDIE (off – parlant fort – beaucoup de bruit autour de lui)
SAM, c’est EDDIE. J’ai tes infos.
SAM (off)
Je t’écoute. J’espère que c’est du lourd. T’as retrouvé GOMEZ
EDDIE (off)
J’ai des tuyaux, mais pas au téléphone
SAM (off)
Tu crois quoi, EDDIE ? Que les RG nous ont mis sur écoute ?
EDDIE (off)
Pas au téléphone, j’te dis. Je suis à la « Casa del Papa » à Pigalle.
SAM (off)
Je connais pas. C’est quoi l’adresse ?
SAM s’arrête en vrac devant le rade.
EDDIE (off)
Mais si… C’est l’ancien « Papillon ». Comme au bon vieux temps, SAM.
SAM entre dans la boite. L’HOMME AUX CHEVEUX GRIS en sort.
SAM (off)
Il a jamais existé, le bon vieux temps…
27. INTERIEUR – LA CASA DEL PAPA – NUIT PLUVIEUSE.
A l’intérieur, UN JEUNE VIGILE l’arrête. UN VIEUX VIGILE intervient.
VIEUX VIGILE
Ca fait une paye qu’on t’avait pas vu par ici ! EDDIE t’attend. Il est au fond.
SAM
Quel con !
VIEUX VIGILE
Ouais... C’est pas le roi des rencarts discrets…
SAM traverse la salle. Il y a un peu de monde mais on est loin de la fièvre du samedi soir. Quelques corps se trémoussent sur la piste, d’autres le font sur les genoux de messieurs dont le portefeuille doit être bien garni.
Il approche de l’endroit où est censé l’attendre EDDIE. La table est vide. Dessus, une bouteille de vodka entamée, on note la présence de deux verres. Il fait un panoramique de la salle à la recherche du gusse. Personne.
Il opte pour le bar.
SAM (hurlant pour couvrir la musique)
Je cherche EDDIE !
Le BARMAN hausse les épaules.
SAM (hurlant)
Il était assis dans le fond. Une sale gueule de racaille camée.
BARMAN (hurlant)
Ah ! Ouais… Il était assis y a pas dix minutes. Si c’est un camé, essayez les chiottes, c’est là qu’ils vont quand ils ont encore un peu de honte.
28. INTERIEUR – LA CASA DEL PAPA (toilettes) – NUIT PLUVIEUSE.
SAM traverse la salle. Des poupées parties se repoudrer le nez sortent des chiottes. SAM ouvre la porte des mecs. La pièce est vide.
SAM
EDDIE !
Pas de réponse. SAM avance dans la pièce en regardant sous les portes. Arrivé à la dernière cabine, il remarque une paire de jambe.
SAM (s’apprêtant à frapper la porte)
EDDIE…
La porte s’ouvre au premier coup. EDDIE est la tête dans la cuvette, les cheveux recouverts de poudre blanche.
FONDU
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