jeudi 31 mai 2007

SA - Scènes XXXVI à XXXIX


36. INTERIEUR – L’ARRIERE D’UN CAMION – JOUR PLUVIEUX.

Une lumière s’allume sur JEAN-JACQUES GITES, en bras de chemise. Il fond sur SAM et lui distribue une violente série de coups pendant que LES DEUX HOMMES le maintiennent fermement.
SAM fléchit alors que les coups pleuvent. Alors même qu’il est au sol, GITES continue de lui donner des coups de pieds. La séance dure plusieurs minutes. SAM est au bord de l’évanouissement.

GITES (se penchant sur SAM et l’attrapant par le col)
T’as voulu jouer au malin, TALEB ! Tu crois que tu peux nous faire chanter et t’en tirer comme ça ! T’as vingt quatre heures pour m’apporter les papiers. Après t’es mort.

Il repousse SAM dont la tête vient heurter violemment le plancher du camion.

GITES (parlant à ses hommes)
Débarrassez-moi de ça.

Les DEUX HOMMES ramassent SAM, ouvrent les portes et le balancent sur la chaussée.
SAM reste allongé sous la pluie, HS, pendant que le camion démarre en trombe


37. INTERIEUR – CHEZ SAM – JOUR PLUVIEUX.

SAM ouvre la porte de son appartement et s’écroule.


38. INTERIEUR – CHEZ SAM – JOUR PLUVIEUX.

Un HOMME traîne SAM jusqu’à un canapé sur lequel il l’allonge. SAM est toujours dans les vaps, mais on le voit grimacer.
Un BRUIT D’EAU. L’HOMME – type algérien, beau gosse, la trentaine - revient et nettoie le visage de SAM avec un linge humide. On sent de l’affection dans chacun de ses gestes. Finalement, SAM ouvre un œil.

SAM
Ils m’ont pas loupé, ces enfoirés…

KAMEL
Reste calme, frangin. Qui t’a mis dans un état pareil ?

SAM (se redresse et s’assoit sur le divan)
Des méchants… Putain… J’ai la tête comme une grosse caisse…

KAMEL
Ca vaudrait peut-être la peine que tu vois un toubib.

SAM (avec un sourire qui ressemble davantage à une grimace)
Normalement, c’est à moi de me faire du souci pour toi, p’tit frère…

KAMEL
Peut-être, mais c’est pas moi qui aie la gueule en chou-fleur.

Nouveau sourire de SAM qui se lève et se dirige vers la salle de bain, histoire d’évaluer les dégâts. KAMEL le suit. SAM grimace en voyant sa gueule dans le miroir

SAM
Qu’est ce que tu venais faire ici ?

KAMEL
J’étais au discours de HADRIEN, hier et il me semble bien qu’il a parlé d’un certain SAM TALEB. Je voulais savoir si j’avais bien entendu…

SAM
T’as bien entendu. Il m’a même proposé de bosser pour lui.

KAMEL
Tu charries ?

SAM
Non. Il veut que je travaille pour lui et que je sois son « quota » immigré. T’en penses quoi de ce mec ?

KAMEL
Je n’arrive pas à me faire une idée. Beaucoup le traite de démago, à droite comme à gauche, mais je pense que c’est surtout de la jalousie et qu’ils voudraient l’avoir dans leur camp. L’homme a de l’argent, des idées et une vraie volonté de donner du sang neuf dans le monde politique. Mais, il fait peur… Enfin… Je pense que c’est surtout parce qu’il ne ressemble à rien de connu… Eh, c’est super que tu sois dans ses petits papiers ! Tu vas pouvoir me refiler des infos !

SONNERIE du portable de SAM. SAM jette un œil au numéro appelant.

SAM
Quand on parle du loup… C’est ton idole.

Il décroche

SAM
TALEB.

CHRISTIAN HADRIEN (off)
CHRISTIAN HADRIEN à l’appareil. Je vous propose votre premier talk show en tant qu’invité.

SAM (jetant un nouvel œil dans le miroir)
Je ne suis pas sûr d’avoir la gueule de l’emploi… Et je n’ai pas encore accepté votre proposition.

CHRISTIAN HADRIEN
Allons, SAM, cela va vous faire une pub d’enfer et je serai à même de vous donner un premier dossier sur GOMEZ et son réseau.

Soupir de SAM

SAM
C’est bon… Vous avez votre mariole…

CHRISTIAN HADRIEN
Excellent ! Retrouvez-moi à dix-sept heures trente à LCI, à Boulogne.

SAM
Mais prévenez la maquilleuse qu’elle aura un gros boulot (il raccroche)

Puis se tournant vers KAMEL

SAM
Ca y est. J’ai gagné mon titre de guignol. Je passe à la télé .

KAMEL (qui se marre)
Le frangin qui entre en politique. On aura tout vu. (Jetant un coup d’œil à sa montre) ; Il faut que je te laisse frangin. J’ai des articles à revoir avant le bouclage. (il se lève). Prends soin de toi et évite les gens qui cognent.

SAM
Justement… Tu aurais moyen de te renseigner sur un certain JEAN-JACQUES GITES ? C’est le mec qui m’a ravalé la façade. C’est une espèce d’avocat qui bosse pour un client unique a priori bourré de fric et qui aime l’anonymat, mais je voudrais bien savoir qui c’est.

KAMEL (la main sur la porte)
Je peux fureter, poser deux – trois questions…

SAM
Fais gaffe quand même. Ils ne m’ont pas l’air facile et je voudrais pas te retrouver dans le même état que moi.

KAMEL
T’inquiète… Je ferais gaffe. Mais toi aussi. Je préfère te voir bosser avec un mec comme HADRIEN plutôt que te ramasser chez toi la gueule en sang. Ils auraient pas fait ça à un flic…

Regard dur de SAM

KAMEL
Je t’appelle pour MAMAN, ce week-end…

KAMEL sort. SAM fixe la porte.

SAM
Merci, p’tit frère…


39. INTERIEUR – ARRIERE D’UNE GROSSE BERLINE – JOUR PLUVIEUX.

CHRISTIAN et HADRIEN sont assis. Ils se tiennent la main. Ils profitent de ce rare moment d’intimité.

PATRICIA
Je me souviens très bien de ce SAM TALEB. Quand il travaillait pour toi, tu disais qu’avec deux-trois hommes comme lui dans ton équipe, rien ne pourrait t’arrêter.

CHRISTIAN
Je le pense encore, même s’il a changé… Il a perdu la foi, la part de rêve…

La voiture approche d’un restaurant chic de banlieue. A travers la vitre, nous voyons une horde de journalistes qui attendent HADRIEN de pied ferme.

CHRISTIAN
Ne vous arrêtez pas Francis. Prenez L’A13, nous trouverons bien quelque chose…

FRANCIS
J’ai un cousin qui tient un petit restaurant à Marly le Roi…

CHRISTIAN
Comment est la crème brûlée ?

FRANCIS
Pas goûtée, mais j’adore ses profiteroles.

CHRISTIAN
Banco !

CHRISTIAN s’enfonce dans le fauteuil et soupire.

CHRISTIAN
Tu ne crois pas que je me suis lancé dans un drôle de truc ? (puis se tournant vers PATRICIA) Allez… On arrête tout ; Direction Roissy. On prend un avion pour les îles

PATRICIA (droit dans les yeux)
Chiche ?

CHRISTIAN sourit mais ne répond pas

PATRICIA
Tu n’en es pas capable, chéri. Tu as besoin d’aller jusqu’au bout… Pour voir… Même si cela s’avère être la plus mauvaise décision de ta vie. Si tu laisses tomber, tu le regretteras.

CHRISTIAN lui fait un clin d’œil et l’embrasse.

CHRISTIAN
Francis ! Plus vite ! J’ai faim !

jeudi 24 mai 2007

SA - Scènes XXXII à XXXV


32. INTERIEUR – UNIVERSITE PARIS-DAUPHINE – JOUR PLUVIEUX.

SAM arrive à Dauphine. Le plan vigie-pirate est à son degré le plus élevé. DES VIGILES contrôlent les arrivants. La gueule de SAM lui octroie une fouille approfondie. SAM encaisse. A l’intérieur, il slalome entre des étudiants courant dans tous les sens. Les uns chargés de copies, les autres avec un téléphone portable collé à l’oreille.
Au mur, des affiches de HADRIEN :, « HADRIEN, une nouvelle ambition pour la France », « Votez bien, Votez HADRIEN ». SAM a pour seule réaction un haussement de sourcil.
SAM évite de justesse une JEUNE FILLE chargée de deux tasses de café

JEUNE FILLE
Je suis désolée. Je ne vous avais pas vu.

SAM
Il n’y pas de mal. Vous savez où je peux trouver le grand gourou ?

La JEUNE FILLE n’a pas l’air de saisir l’allusion.

SAM
HADRIEN ?

JEUNE FILLE (un air un peu hautain)
Monsieur HADRIEN est dans son bureau, aile Paris. Il ne reçoit que sur rendez-vous…

La JEUNE FILLE se tire dans un air de dédain. SAM ignore.


33. INTERIEUR – UNIVERSITE PARIS-DAUPHINE – JOUR PLUVIEUX.

SAM ouvre une porte et se retrouve devant une secrétaire. A priori, il n’est qu’à une porte du bureau de HADRIEN.

SECRETAIRE (tout sourire)
M. TALEB ! Vous êtes pile à l’heure. Puis-je prendre votre manteau ? Avez-vous eu du mal pour trouver ? Désirez-vous un café ? M. HADRIEN vous attend avec impatience, vous savez.

La SECRETAIRE se lève. SAM est paumé. Il se laisse faire. La SECRETAIRE lui enlève sa veste en cuir.

SECRETAIRE
Alors ?

SAM (désarçonné)
Alors quoi ?

SECRETAIRE
Un café ?

SAM (à côté de la plaque).
Si vous voulez.

A cet instant, la porte s’ouvre. Un CHRISTIAN HADRIEN apparaît tout sourire.

CHRISTIAN HADRIEN
SAM… Ca me fait plaisir de vous revoir…

Le ton est sincère. La poignée de main paraît chaleureuse. Il semble vraiment heureux de le revoir, comme si celui lui rappelait des souvenirs précieux.

SAM
Avant, c’était M. TALEB et M. HADRIEN. J’imagine que je peux vous appeler CHRISTIAN…

HADRIEN sourit et prend SAM par le bras qui se demande vraiment où il fout les pieds.

34. INTERIEUR – UNIVERSITE PARIS-DAUPHINE – JOUR PLUVIEUX.

Le bureau est gris mais très fonctionnel. Les deux hommes se jaugent. CHRISTIAN HADRIEN cherche un angle d’attaque. SAM est prêt à rendre coup pour coup. HADRIEN a finalement un sourire. HADRIEN s’assoit et invite SAM à faire de même. Il regarde un instant un cadre sur son bureau et se relève (technique classique pour mettre son interlocuteur en position d’infériorité).

CHRISTIAN HADRIEN
Qu’est-ce que vous êtes devenu, SAM, depuis notre affaire ? Je n’ai pas entendu parler de vous depuis deux ans. Imaginez ma surprise en voyant votre visage à l’écran…

SAM
J’ai quelques clients qui font régulièrement appel à moi…

CHRISTIAN HADRIEN
Quelques maris volages, des enquêtes pour le compte d’avocats… L’organisation de services de sécurité dans les casinos, également… C’est digne de Chandler, tout ça. Vous savez que ce qui rapporte de nos jours, c’est l’intelligence économique, les enquêtes sur les entreprises. Comme ce que vous avez fait pour EXCORD…

SAM ne répond rien. Il laisse venir.

CHRISTIAN HADRIEN
Vous avez fait un travail remarquable sur EXCORD. Grâce à vous, nous avons pu stopper les fuites et éviter le vol de notre savoir-faire par des entreprises étrangères. Grâce à vous, EXCORD a pu prospérer et si je suis là aujourd’hui, c’est encore grâce à vous…

Silence de SAM

CHRISTIAN HADRIEN
A l’époque, je vous avais proposé de travailler pour moi, de manière permanente. Je souhaite renouveler ma proposition

SAM
La réponse sera la même. Je suis un privé. J’enquête sur des affaires. Vous me payez, je fais de mon mieux pour résoudre votre problème. Ca s’arrête-là…

CHRISTIAN HADRIEN
Je ne fais pas ce genre de proposition à la légère. Déjà, à l’époque, je connaissais tout de vous….
… Vous avez 40 ans. Vous êtes entré dans la police à 27 ans. Brigade des Stups, Quai des Orfèvres. Vous avez été l’étoile montante de l’O.C.R.B. Il paraît même que vous auriez pu en devenir le directeur. Vous auriez été le premier directeur de la Police issu des « minorités visibles », comme on dit… Tout ça, jusqu’à l’affaire Jansen…

Le regard de SAM se durcit.

CHRISTIAN HADRIEN
… Affaire qui vous a obligé à démissionner… D’après mes renseignements, vous avez battu à mort l’auteur du kidnapping d’une fillette.

SAM se lève et se dirige vers la porte.

CHRISTIAN HADRIEN
SAM. Je connais l’histoire et je ne vous juge pas. J’essaye seulement de comprendre l’homme et celui que je vois actuellement est un combattant. Un homme qui croit et qui se bat.

SAM a la main crispée sur la poignée.

CHRISTIAN HADRIEN
Discutons un instant, SAM… En souvenir du bon vieux temps…

La main de SAM se détend

SAM (en se retournant)
Il a jamais existé le bon vieux temps… Et si j’ai besoin de conseils sur mon orientation professionnelle, je lis mon horoscope. Vous voulez quoi, CHRISTIAN ? Au téléphone, vous disiez avoir besoin de mes services. Vous vous expliquez où je me casse ?

CHRISTIAN HADRIEN
Rasseyons-nous et discutons.

SAM reste debout. CHRISTIAN HADRIEN s’assoit à son bureau. Son regard se fixe sur une photo, dans un cadre, sur son bureau.

CHRISTIAN HADRIEN.
Je ne suis pas l’homme politique classique, SAM, vous le savez. Je n’ai pas fait l’ENA, je n’appartiens à aucun parti. Ma carrière professionnelle m’a permis de faire fortune et d’avoir aujourd’hui une véritable indépendance financière. Si je me lance dans la politique aujourd’hui, c’est par conviction. Je veux changer la société.

SAM (ironique)
Là, pour le coup, vous ressemblez à un véritable homme politique…

CHRISTIAN HADRIEN
Alors, je vais même forcer le trait et vous dire que je le pense sincèrement. Il y a énormément de choses à faire dans notre pays, plein d’idées à mettre en place, des verrous à faire sauter.

SAM
Le discours politique ne m’intéresse pas. Qu’est-ce que vous voulez, CHRISTIAN ?

CHRISTIAN HADRIEN
GOMEZ… Je veux que vous le retrouviez pour moi…

SAM
Expliquez…

CHRISTIAN HADRIEN
Je veux que vous soyez mon champion, celui qui agit et qui résout les problèmes. Je mettrai à votre disposition tous mes contacts et tous mes réseaux. Vous aurez même droit à un fonds spécial pour votre enquête. Vous aurez tout ce qu’il vous faut. En contrepartie, j’exige deux choses : que vous vous donniez à fond pour retrouver GOMEZ et qu’on vous voit avec moi…

SAM
Qu’on me voit avec vous ?

CHRISTIAN HADRIEN
Je vais faire de vous ma mascotte… L’individu est au cœur de ma campagne. Je veux que chacun trouve en lui les ressources de sa réussite. Et je veux que cela soit vrai quelles que soient les origines sociales et ethniques. J’en ai marre de voir brandir comme symbole de l’intégration des joueurs de foot et des chanteurs de rap. Je voudrais monter l’exemple d’un type qui s’est fait tout seul, qui s’est battu quand il le fallait et qui continue le combat. Il s’avère que vous êtes d’origine arabe et dans votre cas, ce n’est ni un prétexte ni une excuse. Vous êtes arabe comme on peut être blond ou gaucher. Vous êtes le prototype parfait.

SAM
Vous ne pouvez pas être sérieux …

HADRIEN le fixe. Bien sûr qu’il est sérieux.
Un ange passe.

SAM
J’ai besoin de réfléchir.

CHRISTIAN HADRIEN.
Trouver GOMEZ est une course. Vous n’avez pas le temps de réfléchir.

SAM.
Vous jouez au billard ?

CHRISTIAN HADRIEN
Un peu.

SAM
J’ai un pote qui dit que voir quelqu’un jouer au billard, c’est voir de quel bois il est fait. Retrouvez-moi ce soir à neuf heures chez RAOUL, rue de la Gaieté, avec une avance, au cas où j’accepterais.

CHRISTIAN HADRIEN
Si vous vous écoutiez, je suis sûr que vous le feriez gratuitement.

Sourire de SAM qui disparaît derrière la porte.

SONNERIE du portable de SAM

35. EXTERIEUR – LES RUES DE PARIS – JOUR PLUVIEUX.

SAM est au volant de son bugster. Il se dirige vers le bar de RAOUL. Avenue Foch, Arc de Triomphe, Champs Elysées (blindés de flics), Concorde, Boulevard Saint Germain (cars de CRS devant l’Assemblée Nationale)…

DAVE (off)
SAM ? J’ai le résultat de tes analyses

SAM (off)
Déjà ?

DAVE (off)
Le labo m’a à la bonne… Bon, écoute, ça va commencer à faire du bruit, ton histoire… La poudre qu’on a trouvée...

SAM (off)
Ouais…

DAVE (off)
C’est de la dope.

SAM (off)
Sans blague. Et t’as eu besoin d’un labo pour ça ?

DAVE (off)
Ce que je veux dire, c’est qu’on peut pas en dire plus. C’est pas de la coke ou de l’héro, ou aucun autre truc connu. D’après le labo, cela ressemble au cristal, un truc qui fait fureur aux US, mais il y a une ou deux substances chimiques en plus. Ils continuent les tests, mais ça m’a l’air d’être une bonne merde.

Un petit camion blanc double le bugster de SAM

SAM (off)
Ca veut dire quoi ? Que GOMEZ testait le marché via EDDIE ?

DAVE (off)
Ca y ressemble. On a aussi récupéré le portable de EDDIE avec une liste d’appels longue comme le bras. On est en train d’y raccrocher des noms. Je me démerderai pour t’en faire une copie.


SOUDAIN, le camion pile devant SAM. SAM écrase le frein. Le portable vole mettant fin à la communication.

INSERT sur DAVE qui vient de se faire raccrocher au nez

DAVE
Il pourrait dire merci…

Les portes du camion s’ouvrent violemment. DEUX HOMMES en jaillissent, sautent sur le sol. Ils s’emparent de SAM qui tente de se débattre mais ils sont trop costauds. Ils l’emmènent à l’arrière du camion dont les portes se referment violemment.

mardi 22 mai 2007

SA - Scènes XXIX à XXXI


29. INTERIEUR – LA CASA DEL PAPA (toilettes) – NUIT PLUVIEUSE.

DAVE
Elle pue ton histoire, SAM…

SAM et DAVE contemplent le cadavre de EDDIE, hésitant sur la marche à suivre.

DAVE
Casse-toi. J’arrangerai le coup avec REYNALD.

SAM
Ca marche…

Il sort les sachets confisqués plus tôt à EDDIE

SAM
Je les ai piqués à EDDIE cet après-midi. Je ne sais pas ce que c’est, mais ça ne ressemble ni à de la coke, ni à de l’héro. Tu peux te débrouiller pour le faire analyser ?

DAVE
Je vais me démerder.

SAM sort également les lunettes de soleil récupérées chez GIPSY.

DAVE
Cool ! Je me demandais où je les avais foutues.

SAM
Je les ai retrouvées chez GIPSY…

DAVE
Ah ouais… J’ai dû les oubliées hier, après la partie de billard… (Il les met sur son crâne). T’en es où avec GOMEZ ?

SAM (désignant EDDIE)
J’avais une piste, mais elle s’arrête avec la gueule d’EDDIE au fond des chiottes. Et vous ?

DAVE
Pareil… A croire que le mec s’est volatilisé. Un vrai fantôme.

SAM
Il a trois cadavres au compteur, ton fantôme. Il est en train de nettoyer sa merde et de nous préparer ses adieux.


30. EXTERIEUR – UNE RUE DE PARIS – PETIT MATIN PLUVIEUX.

Une main dépose une enveloppe kraft dans une boite aux lettres.

31. EXTERIEUR – UNE RUE DE PARIS – PETIT MATIN PLUVIEUX.

Une voiture circule dans Paris. Un peu plus loin, à un angle de rues, MARIE, sous un parapluie, semble l’attendre. La voiture s’arrête devant elle. Le conducteur se penche pour ouvrir la porte côté passager. MARIE sourit en reconnaissant DAVE. Elle monte.

MARIE
C’est fait. Tout va aller très vite maintenant…

DAVE démarre.

mardi 15 mai 2007

SA - Scène XXIII à XXVII


24. INTERIEUR – COULISSE DU PALAIS DES CONGRES – NUIT PLUVIEUSE.

HADRIEN rejoint les coulisses après avoir terminé son discours. Il est en sueur. Il exulte. PHILIPPE, son Directeur de Campagne, lui saute dessus. Il a l’air aussi excité que son patron.

PHILIPPE
On a été diffusé en direct sur deux chaînes nationales et quatre chaînes du satellite dont les deux chaînes d’info. Et je ne compte pas les rediffusions des « vingt heures ». C’est un carton !

HADRIEN ignore la remarque et embrasse son épouse PATRICIA qui est très fière de son mari.

PHILIPPE (qui est toujours sur son petit nuage)
En cumulé, on ne doit pas être loin des vingt millions de téléspectateur ! Tu te rends compte, pas un foyer n’aura manqué ton discours !

HADRIEN
C’est quand même dommage de tomber le soir d’un PSG / OM.

PHILIPPE
Arrête, CHRISTIAN. Tu sais bien que les attentats ont foutu un vrai merdier dans l’organisation de tous les événements susceptibles de rassembler du monde. Ce n’est quand même pas ma faute si ce match a été décalé de deux jours !

HADRIEN (un grand sourire aux lèvres)
Relax, PHILIPPE. Ton boulot sur la com a été génial, PHILIPPE. Je suis persuadé que Bill Gates n’aurait pas fait mieux pour sortir son nouveau Windows. Les gens me voient et m’entendent mais est-ce qu’il me comprennent ?

PHILIPPE
J’ai commandé une série d’enquêtes à deux instituts de sondages. Uniquement du qualitatif. Nous avons besoin de savoir sur quel angle nous devons travailler. A mon avis, nous sommes très bons sur les cadres et les jeunes urbains : le côté entrepreneur qui a réussi qui se dévoue à la société, ça plait, mais on a un sérieux déficit sur les milieux plus populaires : ouvriers, agriculteurs, immigrés…

HADRIEN
Ne t’en fais pas. J’ai pris des mesures pour me rattraper dans les jours à venir. Ecoute-moi bien. Dans l’immédiat, on laisse tomber le discours économique et la politique internationale. Les attentats occupent les unes de tous les journaux. L’électorat est abreuvé de « y a qu’à », « faut qu’on » sur des sujets qu’il maîtrise mal. Je veux revenir dans leur quotidien.

PHILIPPE
Qu’est-ce que tu proposes ?

HADRIEN
Comme toujours : débat et action. Identifions quelques problèmes ponctuels. Ecoutons les individus concernés et réglons les problèmes. Dans le même genre que l’action que nous avons menés dans l’est en créant ce bureau de liaison entreprises – universités… Agir vite et de manière durable en utilisant nos contacts et nos compétences. Et surtout, AN-TI-CI-PER. Souviens-toi, il nous faut précéder ce que veulent les gens, leur proposer avant même qu’ils n’y pensent.

PATRICIA
Parfois, je me demande si tu fais cela par idéologie ou par cynisme….

HADRIEN (avec un sourire)
C’est du pragmatisme. Je suis un spécimen unique : un idéaliste qui se donne les moyens de réaliser ses rêves.

Des flashes crépitent immortalisant le sourire triomphant de HADRIEN


25. INTERIEUR – SALLE DE BILLARD DE GIPSY – NUIT PLUVIEUSE.

BRUIT d’une porte qu’on est en train de forcer. SAM avance à la lumière d’une torche dans la salle du début. On reconnaît la table de billard. Les billes ne sont pas rangées. Sur le bar, des verres et des bouteilles traînent. Les traces de la fouille des flics sont visibles.
SAM se dirige vers une petite pièce, le « bureau » de GIPSY. Il allume une lampe et commence à fouiller. Sur le bureau, il y a un énorme tas de vieux Libé. Il le jette par terre dans un coin. Il y également un PC dont l’unité centrale a disparu.

Une VOIX le surprend

MARIE
Tu reprends le bizness de GIPSY, SAM ?

SAM fait pivoter la lampe vers le fond de la pièce. MARIE est affalée sur un divan, ivre et probablement shootée.

SAM
Qu’est-ce que tu fous là, MARIE ? T’as que des mauvais souvenirs ici.

MARIE
Ouais… Mais c’est tout ce que j’ai…

Elle se lève et titube vers le bureau.

MARIE
Et toi, SAM ? Qu’est-ce que tu cherches ?

SAM
Les dossiers de GIPSY… Tu devrais pas rester là, MARIE… T’as une sale gueule.

« Rire » laconique de MARIE

MARIE
Tu t’intéresses à moi, SAM ? Ca fait combien de temps qu’on se connaît ? Cinq, Six ans ? Combien de fois tu l’as vu me dérouiller, ce connard ? Combien de fois as-tu pris ma défense ?

SAM
C’était pas mes oignons… T’avais qu’à te tirer…

MARIE lui file une trempe.

MARIE
Connard. Il est beau l’ancien héros de la Police ! T’aurais aussi laissé faire du temps où t’étais flic ? T’étais déjà comme ça à cette époque ? Le fric et les tuyaux plutôt qu’un petit geste d’humanité ?

SAM encaisse.

MARIE
Il l’a pas volé ce qui lui est arrivé, c’t’enfoiré !

SAM
Où sont ses dossiers ?

MARIE
J’en sais rien…. Tu crois qu’il me disait ce genre de choses ?

SAM
Il disait qu’il avait besoin de mes services. Tu sais pourquoi ?

MARIE
Comme toujours,… Il était dans la merde et il voulait que tu l’en sortes…Pourquoi t’aidais une un mec comme ça, SAM ? Pourquoi ?

SAM
Tu sais sur quoi il bossait, avec GOMEZ ?

MARIE
Il se faisait du fric. C’est tout ce qui lui plaisait.

SAM (dur)
Et ça te plaisait aussi… T’en a bien profité, non ?

MARIE va pour le gifler mais SAM bloque sa main. Il la repousse. Elle s’affale sur le divan, se recroqueville et se met à pleurer. SAM la regarde. Il voudrait dire quelque chose mais rien ne vient. En sortant de la pièce, il remarque les lunettes de soleil de DAVE sur un meuble. Il les chope.


26. EXTERIEUR – LES RUES DE PARIS – NUIT PLUVIEUSE.

SAM est dans son bugster. Itinéraire : Montparnasse – Les quais – Jardin des Tuileries – Opéra – Pigalle.
Off, nous entendons la conversation de SAM.

EDDIE (off – parlant fort – beaucoup de bruit autour de lui)
SAM, c’est EDDIE. J’ai tes infos.

SAM (off)
Je t’écoute. J’espère que c’est du lourd. T’as retrouvé GOMEZ

EDDIE (off)
J’ai des tuyaux, mais pas au téléphone

SAM (off)
Tu crois quoi, EDDIE ? Que les RG nous ont mis sur écoute ?

EDDIE (off)
Pas au téléphone, j’te dis. Je suis à la « Casa del Papa » à Pigalle.

SAM (off)
Je connais pas. C’est quoi l’adresse ?

SAM s’arrête en vrac devant le rade.

EDDIE (off)
Mais si… C’est l’ancien « Papillon ». Comme au bon vieux temps, SAM.

SAM entre dans la boite. L’HOMME AUX CHEVEUX GRIS en sort.

SAM (off)
Il a jamais existé, le bon vieux temps…

27. INTERIEUR – LA CASA DEL PAPA – NUIT PLUVIEUSE.

A l’intérieur, UN JEUNE VIGILE l’arrête. UN VIEUX VIGILE intervient.

VIEUX VIGILE
Ca fait une paye qu’on t’avait pas vu par ici ! EDDIE t’attend. Il est au fond.

SAM
Quel con !

VIEUX VIGILE
Ouais... C’est pas le roi des rencarts discrets…

SAM traverse la salle. Il y a un peu de monde mais on est loin de la fièvre du samedi soir. Quelques corps se trémoussent sur la piste, d’autres le font sur les genoux de messieurs dont le portefeuille doit être bien garni.
Il approche de l’endroit où est censé l’attendre EDDIE. La table est vide. Dessus, une bouteille de vodka entamée, on note la présence de deux verres. Il fait un panoramique de la salle à la recherche du gusse. Personne.
Il opte pour le bar.

SAM (hurlant pour couvrir la musique)
Je cherche EDDIE !

Le BARMAN hausse les épaules.

SAM (hurlant)
Il était assis dans le fond. Une sale gueule de racaille camée.

BARMAN (hurlant)
Ah ! Ouais… Il était assis y a pas dix minutes. Si c’est un camé, essayez les chiottes, c’est là qu’ils vont quand ils ont encore un peu de honte.


28. INTERIEUR – LA CASA DEL PAPA (toilettes) – NUIT PLUVIEUSE.

SAM traverse la salle. Des poupées parties se repoudrer le nez sortent des chiottes. SAM ouvre la porte des mecs. La pièce est vide.

SAM
EDDIE !

Pas de réponse. SAM avance dans la pièce en regardant sous les portes. Arrivé à la dernière cabine, il remarque une paire de jambe.

SAM (s’apprêtant à frapper la porte)
EDDIE…

La porte s’ouvre au premier coup. EDDIE est la tête dans la cuvette, les cheveux recouverts de poudre blanche.

FONDU

vendredi 4 mai 2007

Entr'acte

Petit break dans les aventures de SAM car je suis en vacances. En congé paternité pour être plus précis.
Mais boulot oblige, je suis obligé de me connecter de temps en temps.

SEINE AMERE reprendra ses droits à compter du 14/5.

Mais si vous avez des questions et des commentaires, c'est le moment car vu le temps qu'on a en ce moment dans le sud, c'est parfait pour écrire !

Enjoy

Frédéric