jeudi 22 mars 2007

Qu'avons-nous voulu faire ? - Note d'intention






Pour aider à la compréhension de la démarche, voici la note d'intention que nous adressons aux producteurs / réalisateurs / acteurs.

Cela vous aidera peut-être à ressentir l'ambiance que nous essayons de retranscrire.


Au départ, il y eut un constat : pourquoi aux Etats-Unis, Tom Cruise et Will Smith sont-ils quasi interchangeables, alors qu’en France, un arabe au cinéma est soit un voyou, soit inéluctablement la proie de l’exclusion ?

J’ai voulu sortir de ces clichés. J’ai créé SAM. SAM est un ancien flic, reconverti privé. Ses origines harkis sont une caractéristique, mais certainement pas une définition. J’ai voulu jouer avec ces notions. Lorsque SAM rencontre HADRIEN, homme politique idéaliste, et que ce dernier veut en faire son « porte parole », on pense qu’il s’intéresse avant tout à ses origines, alors que ce qui le séduit c’est sa force de caractère et sa volonté d’agir. SAM avance quoi qu’il arrive, sans complexe, mais sans illusion.

SAM a en quelque sorte « un coup d’avance » sur HADRIEN, mais cela ne lui fait guère plaisir. Il retrouve dans l’homme politique un idéal et une foi dans l’individu auxquels il a cru, mais ses métiers de flics et de privé, les accidents de la vie lui ont bien fait comprendre que ces quêtes sont désespérées. Ne rien attendre de l’Homme ou de la Société reste le seul moyen de ne pas être déçu. Finalement, SAM ne croit plus qu’au fric, et encore.

A l’inverse, HADRIEN pense que sa réussite professionnelle lui donne la possibilité (le devoir ?) de changer les choses. C’est aussi pour HADRIEN le moyen de donner un sens à sa vie. Quelque part, il y a une certaine vanité dans les richesses qu’il a amassées. Il ne mesure l’estime qu’il se porte qu’à ce qu’il pourra changer dans la société.

Les deux hommes développent une relation d’admiration mutuelle renforcée par des douleurs communes. Ils avanceront ensemble jusqu’à ce que ces idéaux se confrontent à la réalité.

Le ton de l’histoire est noir et pessimiste. Elle se déroule dans un Paris hivernal à la pluie omniprésente où une série d’attentats vient de se dérouler. La paranoïa est sensible, vidant les rues de leurs badauds et le remplaçant par des cars de police. Une ville désespérée qui contraste avec les rêves d’HADRIEN.

En toile de fond de cette rencontre, il y a une enquête policière où se mêlent drogue, chantage, manipulation. SAM retrouve les milieux interlopes de son passé de policier. Dans l’esprit de ses homologues « chandleriens », il avance, coûte que coûte, se méfiant de tous, jusqu’à la vérité, quelle qu’elle soit.

J’ai voulu cette histoire la plus complète possible : des personnages forts, une intrigue cohérente et une atmosphère prenante. Mes références sont nombreuses : Melville et les polars américains des années 70 pour l’intrigue, des personnages tels que Carlito Brigante dans L’IMPASSE ou William Munny dans IMPITOYABLE pour ce passé auquel on ne parvient jamais à échapper, Michael Mann pour l’aspect urbain, CHINATOWN pour le poids de l’atmosphère.

Paris à un rôle à part entière dans cette histoire. Son ambiance et ce qui s’y passe alimentent le désespoir de SAM et le besoin de changement de HADRIEN. La vision de la Ville doit se faire dans une espèce de réalisme décalé. Nous devons nous éloigné du quotidien et des cliché. Paris est une ville qui souffre car la Société souffre. SAM est dans cette douleur. Ses trajets dans sa Ville, dans son bolide à ras du sol donne lui donne une image suicidaire. Il traverse cette douleur universelle et la fait sienne.

J’attache une grande importance à l’empathie que doivent générer SAM et HADRIEN auprès du spectateur. La réalisation doit traduire le désespoir et la désillusion de SAM tout comme le dynamisme et l’ambition de HADRIEN. Le rythme, alternant lenteur et explosions de violence pour SAM, frénétique pour HADRIEN peut être soutenu par des musiques adéquates (le jazz semble tout à fait indiqué pour SAM). Le cadrage aura aussi son importance : large sur SAM, perdu dans le monde, serré sur HADRIEN (à l’épaule ?) dans sa frénésie électorale. On peut aussi différencier leur vision du monde par une photo adéquate : terne pour SAM, contrastée pour HADRIEN.

Ces indications ne se veulent pas directives, mes connaissances de la réalisation restant limitées, mais ont pour but de vous aider à appréhender ce récit dans son ensemble.

Un scénario n’est qu’une trame. Le Film raconte l’histoire.

3 commentaires:

laurie thin** a dit…

le look du blog est beaucoup mieux comme ça, c'est plus agréable.
Tout a l'aitre très clair dans ton esprit, amis pour être franche, j'ai du mal à rentrer dans ta note d'intention, j'ai juste envie de la survoler. En fait, ce qui me manque, c'est des images, un cahier de tendance. Par exemple pour Sam, que tu cherches sur google des photos, dessins, images diverses de personages, d'objets, de lieux qui le définissent, pour que je puisse me faire une idée plus concrête de ce que tu vois. J'avoue, je suis flemmarde, mais tout imaginer comme ça, sans support visuel, c'est pas si facile. Tu pourrais essayer de faire ça, car je suis quand même curieuse de ton projet et comme ça a l'air bien clair pour toi, ça ne devrait pas trop te poser de problème, si ? En plus, c'est une manière de commencer à monter un dossier

laurie thin** a dit…

parce que juste les 2 photos sur le côté, ça suffit pas je trouve. en plus, du coup quand on arrive ici et qu'on connait pas, on se demande si on n'est aps tombé sur le blog d'un fan de patrick bruel

Mister Fred a dit…

Merci Laurie pour ces commentaires.
D'autant que l'ambiance est primordiale sur cette histoire.
Je ne manie pas encore complètement les outils du blog.
Mais j'y travaille !
A+