mercredi 25 avril 2007

SA - Scènes XIX à XXIII


19. INTERIEUR – GRAND HOTEL PARISIEN – JOUR PLUVIEUX.

Le CONCIERGE DE L’HOTEL avance d’un pas pressé dans un couloir de l’hôtel. TROIS POLICIERS le suivent.
Le CONCIERGE DE L’HOTEL s’arrête devant une porte qu’il ouvre avec une carte.
A l’intérieur, BRIGIT est allongée sur le lit, nue, le regard figé, la tête formant un angle inhabituel avec le corps.

Un portable SONNE.


20. INTERIEUR – BUREAU DE SAM – JOUR PLUVIEUX.

SAM décroche.

SAM
Allo.


21. EXTERIEUR – RUES DE PARIS – JOUR PLUVIEUX.

SAM est dans son bugster. Nouvelle visite de Paris : Chatelet, île de la cité.
Off, nous entendons sa conversation de la scène précédente.

SAM sort de son parking dans un vrombissement et s’engage dans la rue Rambuteau

LUCIE (off - en larme et en colère)
Salaud ! c’est à cause de toi qu’elle est morte.

SAM (off)
De quoi tu parles ? Qui est mort ?

LUCIE (off)
BRIGIT. Tu me parles d’elle ce matin et on la retrouve deux heures après le cou brisé. C’est quoi, ton problème, SAM…

SAM (off)
Je t’avais dit qu’elle traînait avec un mec louche

Silence.

SAM (off)
LUCIE ?

LUCIE (off)
Qu’est-ce que tu lui voulais à BRIGIT ?

Feu orange mûr, SAM vire à gauche dans un crissement, rue Beaubourg.

SAM (off)
Je te l’ai dit : des infos sur un de ses michés du nom de GOMEZ.

LUCIE (off)
Essaye EDDIE BONHEUR.

Ile de la Cité, SAM longe la Seine

SAM (off)
Le Roi EDDIE ? Qu’est-ce qu’il vient foutre là-dedans ? C’est un indic de seconde zone.

LUCIE (off)
Je l’ai vu traîner plusieurs fois avec BRIGIT. Je lui avais dit de faire attention à ce merdeux.

SAM (off)
Tu sais où je peux le trouver, le père EDDY ?

SAM s’arrête en vrac à côté du marché aux fleurs.

LUCIE (off)
Il traîne dans le marché aux fleurs, à coté de Notre Dame. Il y est tous les après-midi…

SAM voit EDDIE en train de discuter avec un autre type à côté d’un étal rempli de magnifiques orchidées.

LUCIE (off)
(suite) BRIGIT lui a dit qu’elle adorait les orchidées. Depuis, il lui en rapporte une tous les jours.


22. EXTERIEUR – MARCHES AUX OISEAUX – JOUR PLUVIEUX.

SAM entre dans le marché aux fleurs. Il garde EDDIE en point de mire. Soudain, un CRI STRIDENT retentit à ses côtés. C’est un oiseau qui saute sur la grille de sa cage. SAM a un mouvement de recul. Il bouscule un HOMME qui renverse des cartons qu’il transportait. Mouvement de foule. EDDIE se retourne. Il croise le regard de SAM. Il prend la fuite.
SAM se relève et se lance à sa poursuite.
Poursuite dans les travées du marché. Alors que EDDIE se croit tiré d’affaire, SAM le plaque au sol contre une rangée de caisses remplies de roses qui volent en éclats.

EDDIE
Qu’est-ce que tu me veux, TALEB ? T’es plus flic. Je ne te dois plus rien.

SAM lui balance une baffe, violente, méprisante.

EDDIE
Tu fais chier, harkis de mes deux.

Aller-retour de SAM. EDDIE a les lèvres en sang.

SAM
BRIGIT. Tu l’as branchée avec un latino, GOMEZ. Je veux le retrouver.

EDDIE
BRIGIT, c’est ma copine. Je joue pas au mac avec elle.

SAM (relâchant un peu son étreinte)
Elle est morte, EDDIE… Et je serais pas étonné que ce GOMEZ y soit mêlé.

Le visage d’EDDIE se décompose. Il éclate dans des sanglots quasi-hystériques. Le mec n’est pas dans son état normal.

SAM (retournant EDDIE et fouillant ses poches)
Tu as replongé, EDDIE ? C’est quoi maintenant héro, coke ? Tu plaçais ta copine contre des doses ? C’était ça le deal ?

SAM met finalement la main sur des petits sachets en plastique contenant une poudre translucide.

SAM
C’est quoi, ça, EDDIE ? La dernière merde à la mode ?

EDDIE (qui essaye de récupérer le sachet, mais SAM est vigilant)
Donne-moi ça, SAM. J’en ai besoin.

SAM
Moi, j’ai besoin de GOMEZ. On fait comme avant : Tu te rencardes et tu m’appelles. T’as jusqu’à ce soir. Après, le petit sachet, il est sur le bureau des stups.


23. INTERIEUR – CHEZ RAOUL – SOIREE PLUVIEUSE.

SAM est au bar de RAOUL. Il relit ses notes en buvant une bière. A côté de lui, un MEC lit un journal. En titre « LUIS GOMEZ : Ennemi Public n°1 – Il serait lié aux attentats ».
A la télé, un match PSG / OM arrive à la mi-temps. Les SUPPORTERS présents y vont chacun de leurs petits commentaires.
SAM les ignore. Il est trop concentré à essayer de donner un sens aux quelques indices qu’il a rassemblés.
Soudain, une VOIX familière l’interpelle.

SAM (à la télé – interview du matin)
… Personnellement, je n’ai jamais mis les pieds dans une mosquée. Je ne parle pas arabe et les revendications des terroristes, j’y entrave que dalle mais ça me fait chier car maintenant, je me balade dans Paris la peur au ventre…

RAOUL
Putain, SAM, t’es une star…

SAM (à la télé)
Aujourd’hui, un homme que je connaissais vient de se faire égorger. Mon seul souci est de retrouver le mec qui l’a fait. Ce n’est pas un complot terroriste téléguidé par le Moyen Orient. C’est juste un type qui en a dessoudé un autre…

CUT à la PRESENTATRICE DU JOURNAL

PRESENTATRICE TV
Le Ministre de Intérieur s’est engagé à ce que toute la lumière soit faite sur ce meurtre. La Police ne néglige aucune piste, notamment une connexion entre les terroristes et des organisations liées au trafic de drogue. Le principal suspect est LUIS GOMEZ, trafiquant notoire, associé aux cartels colombiens dans les années quatre-vingt dix…

SAM (interloqué)
Qu’est-ce que c’est que cette histoire…

RAOUL s’empare de la télécommande et zappe à la recherche d’une rediffusion de l’interview. Les SUPPORTERS ne sont pas contents.

UN CLIENT
T’es chiant, RAOUL. Le match va recommencer dans une minute.

RAOUL
Je n’aime pas ce sport de débiles. Y a que le billard qui veuille dire quelque chose, où on voit le bois de l’homme.

RAOUL s’arrête sur une autre chaîne où nous revoyons la fin de l’interview.

SONNERIE du portable de SAM (la suite du speech est en fond sonore)

VOIX (off)
Bonjour SAM. Comment allez-vous ? Cela fait longtemps que je n’ai pas eu de vos nouvelles.

SAM
Qui êtes-vous ?

Split screen. CHRISTIAN HADRIEN se retourne, un portable à l’oreille. Il est en train de se faire relooker par ses conseillers (maquillage, on lui propose une cravate…)

CHRISTIAN HADRIEN
CHRISTIAN HADRIEN. Vous vous rappelez ? L’enquête sur la société EXCORD. ?

SAM (se tournant vers la télé, interloqué)
Ouais… Qu’est-ce que vous voulez ?

CHRISTIAN HADRIEN
J’ai trouvé votre interview très bien. Je crois que je pourrais encore avoir besoin de vos services.

SAM
Pourquoi faire ?

L’interview de SAM est terminée. Une présentatrice apparaît sur l’écran.

CHRISTIAN HADRIEN
Parlons-en en tête-à-tête. Venez me voir demain à ma permanence, à l’université Paris-Dauphine.

PRESENTATRICE TV 2
Nous retrouvons maintenant CHRISTIAN HADRIEN en direct du Palais des Congrès pour son premier discours de candidat à l’élection présidentielle.

L’image passe sur une scène où un pupitre attend son hôte.
Sur l’autre écran, CHRISTIAN HADRIEN est dans des coulisses. Il avance vers une scène

SAM
Vous vous foutez de ma gueule. CHRISTIAN HADRIEN est sur le point de faire un discours à la télé.

CHRISTIAN HADRIEN
Ce n’est pas une blague, SAM, et je vais vous le prouver.

Fin du split screen. Sur la scène du Palais des congrès, CHRISTIAN HADRIEN se dirige vers son pupitre. Nous le voyons raccrocher son portable.
OVATIONS de la foule.
CHRISTIAN HADRIEN savoure l’instant. Il demande le silence.

CHRISTIAN HADRIEN
Bonsoir Mesdames et Messieurs et merci pour votre accueil si chaleureux. Avant de commencer un discours qui marquera, je l’espère, le début d’une belle aventure, je voudrais rendre un rapide hommage.
J’ai vu ce matin un homme se dresser, seul face à l’injustice, prêt à faire éclater la vérité. C’est un homme tel que je les admire et je veux qu’il soit un exemple pour chacun de nos compatriotes. Cet homme est SAM TALEB. Il est enquêteur privé.

Nous « sortons » de l’écran de TV et nous retrouvons le bar de RAOUL.
SAM est sur le cul.

RAOUL (off)
T’es un héros, SAM…

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