mardi 24 juillet 2007
SA - Scènes LVI à LX
56. EXTERIEUR – LES RUES DE PARIS – JOUR PLUVIEUX.
SAM rejoint Paris depuis la banlieue Est : porte de Bagnolet, Nation, Bastille…
En insert, nous le voyons à nouveau jeter un œil sur l’écran de son portable. Toujours intrigué, il finit par composer un numéro.
SAM (off)
Salut p’tit frère. T’as du neuf ?
KAMEL (off)
Salut frangin. J’allais t’appeler.
Dans le rétroviseur, SAM remarque un camion dans le genre de celui de GITES. Le suit-il ?
SAM (off)
Alors ?
KAMEL (off)
Il m’a pas l’air d’un mec net : diplômé de Sciences Po, docteur en droit. Il a exercé comme avocat pendant quelques temps. Il a plaidé quelques grosses affaires dans les années quatre-vingt, principalement liées au grand banditisme. Depuis, plus rien.
SAM (off)
Et pour son client ?
KAMEL (off)
C’est là que cela devient peu rassurant. Son nom est apparu dans le cadre de deux mises en accusation qui n’ont pas abouti. L’une en 1993 et l’autre en 2000, les deux fois pour des histoires de paris clandestins. Elles concernaient toutes les deux ANGELO ANDOLINI…
Coup d’œil dans le rétro. Le camion est toujours là.
SAM (off)
Le parrain corse ?
KAMEL (off)
Ouais… Le genre de mec qu’il vaut mieux éviter de croiser. Si tu vois ce que je veux dire …
SAM (off)
Ouais… C’est le genre de type à te filer un délai pour régler une affaire et à te broyer les genoux si tu ne le respectes pas…
KAMEL (off)
J’imagine…
Le camion tourne finalement dans une rue. Fausse alerte
SAM(off - pensif)
Ouais… Tu as un instant de libre, maintenant ?
KAMEL (off)
J’ai environ deux heures avant le bouclage. Pourquoi ?
SAM (off)
On va la voir ?
KAMEL (off)
Je te rejoins là-bas…
57. EXTERIEUR – ENTREE DU PERE LACHAISE – SOIREE PLUVIEUSE.
Le jour commence à tomber. PHILIPPE se tient sous un parapluie. Il est en grande conversation sur son portable.
PHILIPPE
… Tout est sous contrôle. Il est devenu trop important (…). C’est hors de question ! Rien ne doit lui arriver. Est-ce que je suis clair ?
Derrière lui, apparaît le bugster de SAM qui se gare en vrac. SAM sort de sa voiture et entre dans le cimetière.
58. EXTERIEUR –PERE LACHAISE – SOIREE PLUVIEUSE
Une tombe sur laquelle est inscrit « EDITH TALEB – 9 octobre 1944 – 2 novembre 20.. ».
KAMEL dépose un petit bouquet de fleurs et nettoie un peu l’endroit. SAM reste debout et regarde fixement la tombe.
SAM
J’arrive pas à oublier, p’tit frère… J’arrête pas de me dire…
KAMEL
Laisse tomber. On a déjà eu cette conversation. J’ai fini par comprendre. Toi aussi, tu dois accepter…
Derrière SAM, Un couple s’avance dans l’allée centrale : un homme et une femme dans des imperméables, le visage caché par un parapluie.
SAM
Elle était seule. Je l’ai abandonnée. Je l’ai laissée seule en face de la mort…
KAMEL
Cela n’aurait rien changé, SAM. Elle était fière de nous. Elle n’aurait jamais accepté que tu ne fasses pas ton devoir.
SAM
Pour ce que cela m’a valu...
59. EXTERIEUR –PERE LACHAISE – SOIREE PLUVIEUSE
CHRISTIAN et PATRICIA avancent au travers d’une rangée de tombes. Ils s’arrêtent devant une stèle blanche et sobre. Dessus, on peut lire : « EMMA HADRIEN – 13 mars 1980 – 2 novembre 20.. ». PATRICIA serre le bras de CHRISTIAN.
PATRICIA
Elle serait fière de toi…
La mâchoire de CHRISTIAN se crispe. Son regard est perdu dans le vide.
60. EXTERIEUR –PERE LACHAISE – SOIREE PLUVIEUSE
CHRISTIAN et PATRICIA repartent dans l’allée centrale ; SAM et KAMEL également mais dans la direction opposée.
vendredi 6 juillet 2007
SA - Scènes XLVII à LV
47. INTERIEUR – CHEZ SAM – NUIT PLUVIEUSE.
SAM est à son bureau. Des feuilles partout. Il compulse le dossier de HADRIEN en prenant des notes. Au bout de quelques instants, il a une liste de noms assez conséquente. Il cherche « FOURNIER », mais ne le trouve pas.
Il prend la liste de DAVE et cherche des correspondances. Un nom apparaît sur les deux listes : « MATHIEU PAREISSE ».
48. INTERIEUR – CHEZ HADRIEN – NUIT PLUVIEUSE.
CHRISTIAN HADRIEN est à son bureau. Il tape fiévreusement sur le clavier de son PC. La lumière s’allume. PATRICIA, en robe de chambre sexy, entre.
PATRICIA
CHRISTIAN… Il faut que tu t’arrêtes. Tu ne tiendras jamais le coup.
CHRISTIAN
Je n’y arrive pas, PATRICIA. Les idées se bousculent. J’ai besoin de les écrire pour arriver à y voir plus clair.
PATRICIA s’approche et se met derrière CHRISTIAN qui fixe un cadre sur son bureau. Elle met ses bras autour de son cou.
PATRICIA
Tu penses toujours à elle ?
CHRISTIAN
Je n’arrête pas.
PATRICIA
C’est pour elle que tu fais tout ça ?
CHRISTIAN
Je veux qu’elle soit fière de moi.
SONNERIE du portable de HADRIEN
Il se dégage de PATRICIA qui laisse courir sa main sur ses épaules. Un sourire amoureux se dessine sur son visage alors qu’elle rejoint sa chambre.
Split – screen sur HADRIEN et SAM
HADRIEN
HADRIEN.
SAM
C’est SAM.
HADRIEN
Je vous manque déjà ?
SAM
J’ai besoin d’information pour un nom. MATHIEU PAREISSE
HADRIEN
Pourquoi ?
SAM
C’est un nom qui apparaît dans le dossier que vous m’avez fourni, ainsi que dans une liste de contacts d’un petit dealer qui s’est fait tuer hier.
HADRIEN
Je vais passer quelques coups de fil.
SAM (regarde la carte de GITES)
Oui… Il y a également… (se ravisant). Non, laissez tomber. J’ai juste besoin d’infos sur PAREISSE.
HADRIEN
Ca marche, mais vous ne pouvez pas vous arrêtez, là SAM. Les informations que je vous aie confiées sont confidentielles. Elles ne pourront jamais servir de preuves.
SAM
Sans blague. Vous croyez quoi que je vais m’amuser à faire la une des journaux avec ?
HADRIEN (avec un rire)
Non, SAM. C’était juste une précision. Je vous fais confiance. Je vois ce que vous valez. Et plus j’y pense et plus je me dis que vous êtes le genre d’homme sur qui nous devons tous nous appuyer. J’ai besoin de vous, SAM…
SAM ne répond pas.
49. EXTERIEUR – DEVANT PAREISSE TRANSPORTS – JOUR PLUVIEUX.
SAM et DAVE se tiennent devant le siège de l’entreprise de PAREISSE. Il s’agit d’une société de transport. SAM jette un œil sur l’écran de son portable, intrigué, puis le range.
SAM
T’as du neuf sur la poudre qu’on a récupérée sur EDDIE ?
DAVE
C’est une belle saloperie. Un truc qu’on appelle le « black crystal ». Cela viendrait d’Afrique du Nord. C’est apparu aux States il y a quelques semaines. Cela n’a pas mis longtemps à traverser l’Atlantique. Mais y a mieux.
SAM
Je t’écoute.
DAVE
On a reçu des rapports comme quoi on aurait retrouvé de cette merde à Orléans, Lyon et Lille.
SAM
Sans déc ?
Ils regardent l’enseigne de l’entreprise.
DAVE
Comment on fait pour entrer ?
SAM
Je ne vais quand même pas faire le boulot à ta place.
50. INTERIEUR – COMMISSARIAT (salle d’interrogatoire) – JOUR PLUVIEUX.
MATTHIEU PAREISSE (la cinquantaine, malsain qui se la joue respectable) est assis devant un bureau. DAVE l’interroge.
PAREISSE
C’est tout ce que je peux vous dire, LIEUTENANT. EDDIE BONHEUR a travaillé pour moi. Je l’ai licencié il y a environ un mois suite à plusieurs fautes graves. Comme il avait abîmé du matériel, je ne l’ai pas payé. Depuis, il n’arrête pas de m’appeler pour me réclamer son argent.
DAVE (avec un sourire qui se lève)
Parfait, M. PAREISSE. Je vous remercie pour votre temps. Il est possible que je vous rappelle pour vous demander quelques informations supplémentaires.
51. INTERIEUR – COMMISSARIAT (accueil) – JOUR PLUVIEUX.
SAM est debout, accoudé au guichet. Il regarde son portable qui l’intrigue décidément beaucoup. PAREISSE apparaît. SAM se dirige vers lui et le bouscule violemment.
PAREISSE
Non, mais ça va pas ! Regardez où vous allez !
SAM (bousculant PAREISSE)
J’t’emmerde.
PAREISSE n’apprécie pas et s’apprête à cogner. Les deux hommes s’empoignent. DAVE apparaît avec DEUX FLICS. Ils les séparent.
DAVE
Messieurs ! On se calme. C’est un commissariat.
PAREISSE (surexcité)
Ouais, eh ben faites votre boulot ! Je me fais agresser par ce type dans vos locaux. C’est pas croyable !
DAVE se tourne vers SAM mais remarque quelque chose par terre. Il s’agit des sachets de dope récupérés sur EDDIE.
Il les ramasse.
SAM (levant les mains)
Je touche pas à ça à moi. Ca doit être à lui…
PAREISSE (qui va pour s’énerver mais sent quelque chose de louche)
Je n’ai rien à voir avec ça.
DAVE
Messieurs, veuillez nous suivre. Il y a quelques questions que nous souhaiterions vous poser.
52. INTERIEUR – COMMISSARIAT (salle d’interrogatoire) – JOUR PLUVIEUX.
PAREISSE
Je vous dis que je n’ai rien à voir là-dedans !
DAVE
Dans ces conditions, vous ne voyez aucune objection à ce que nous inspections vos bureaux.
PAREISSE (regard noir)
Vous faites ce que vous avez à faire, mais vous aurez de mes nouvelles. Je vous le promets.
53. INTERIEUR –PAREISSE TRANSPORTS – JOUR PLUVIEUX.
Des FLICS fouillent les locaux et les camions de « PAREISSE TRANSPORTS » à la recherche de la drogue. SAM est dehors. Il attend.
Finalement, les FLICS sortent bredouilles et vident les lieux.
SAM sort de sa poche un brassard orange marqué « POLICE » et le met sur son bras. Il entre dans l’entreprise.
54. INTERIEUR –PAREISSE TRANSPORTS – JOUR PLUVIEUX.
SAM avance d’un pas assuré vers la SECRETAIRE.
SAM (mal aimable)
Il nous manque les relevés kilométriques.
SECRETAIRE
Mais… Personne ne nous les a réclamés…
SAM
Maintenant, si.
SECRETAIRE
Bon… Lesquels voulez-vous ?
SAM
Je les veux tous, sur les deux derniers mois.
55. EXTERIEUR – DEVANT PAREISSE TRANSPORTS – JOUR PLUVIEUX.
SAM rejoint son bugster et jette deux registres sur le siège passager.
mardi 26 juin 2007
SA - Scène XLII à XLVI
43. INTERIEUR – UNE PIAULE – NUIT PLUVIEUSE.
MARIE range des affaires en vrac dans un sac. Elle glisse des billets entre les piles d’affaires, dans les chaussures, etc…
44. EXTERIEUR – CHEZ SAM – NUIT PLUVIEUSE.
SAM sort un pli de sa boite aux lettres. Il l’ouvre. Dedans, une liste de numéros de téléphone avec des noms. Dessus un post-it « les numéros de la carte SIM de EDDIE. Amuse-toi. DAVE ».
45. EXTERIEUR – CHEZ SAM – NUIT PLUVIEUSE.
Devant la porte, à l’abri du porche, LUCIE est emmitouflée dans un luxueux manteau noir. La visite surprend SAM qui se fige sous la pluie.
LUCIE
Bonsoir SAM…
SAM (qui reprend ses esprits et attrape ses clefs)
LUCIE. Ne reste pas là. Tu vas attraper la mort. Entre, vite.
LUCIE
Non… SAM. Je veux juste te dire un truc.
SAM
Je t’écoute, mais moi, je me mets au sec.
SAM ouvre la porte et allume la lumière. LUCIE remarque la gueule abîmée de SAM
LUCIE
Qu’est-ce qui t’est arrivé ?
SAM
Une mauvaise rencontre… Tu es sûre que tu ne veux pas entrer ?
LUCIE
Non. Je voulais juste te parler de BRIGIT.
SAM
T’as des info ?
LUCIE
Peut-être… En fait, avant d’être avec GOMEZ, BRIGIT traînait beaucoup avec WILLIAM FOURNIER.
SAM
Le mec de la télé ?
LUCIE
Ouais… BRIGIT était toute fière. Elle disait qu’il allait la sortir de là, la faire travailler avec lui. Le genre de bobards qu’on entend toutes. Elle, elle y croyait. Pas moi. Surtout quand elle m’a parlé du nouveau pote de FOURNIER, GIPSY…
SAM
Tu te souvenais ?
LUCIE
Je n’ai rien oublié, SAM…
SAM (après un silence)
Ce serait GIPSY qui aurait maqué BRIGIT avec GOMEZ ? Pas EDDIE ?
LUCIE
EDDIE était la pièce rapportée. Il avait pas ce genre de contacts…
SAM
Pourquoi tu me dis ça ?
LUCIE
Je sais pas… Je me disais que tu saurais quoi en faire.
SAM
T’avais pas besoin de venir. Un coup de fil aurait suffit.
LUCIE
Non.. . Pas ce soir…
Elle tourne les talons et part dans la cour. SAM la regarde partir.
46. INTERIEUR – UNE PIAULE – NUIT PLUVIEUSE.
MARIE est au milieu de la pièce. Elle a un verre à la main et danse sur un air de musique brésilienne. Elle ferme les yeux. Elle est loin. Elle est bien. Un sourire se dessine sur les lèvres quand la porte s’ouvre. Une ombre traverse la pièce, se sert un verre et s’affale dans un soda défoncé. DAVE soupire en remontant ses lunettes sur le front. MARIE s’écroule et se blottit contre lui, mais elle est gênée par quelque chose. DAVE comprend et dégage son revolver qu’il garde à la main
MARIE (s’installant cette fois confortablement)
Là, je suis bien…
DAVE boit une gorgée et serrant un peu plus fort la jeune femme.
MARIE.
Plus que deux jours…
DAVE
Et ce ne seront pas les plus faciles…
MARIE
Tu le feras, hein ?
DAVE (fixant son revolver)
Oui… Enfin… Je pense…
lundi 18 juin 2007
Coup de Gueule contre les suites (Interludes)
Petit coup de gueule en passant sur les suites qui fleurissent sur nos écrans :
Spiderman 3, Pirates des Caraïbes 3, Shrek 3, Ocean's 3 (pardon 13)
Suis-je le seul à trouver dans cette série de suites la preuve de l'incapacité notoire des producteurs à nous proposer de la nouveauté ?
Je comprends que sous un angle industriel, il est important de sécuriser certains revenus. C'est triste à dire, mais cela ressemble à de la gestion de portefeuille : on sécurise une partie du capital et on spécule avec le reste. Malheureusement, je trouve qu'on voit très peu cette partie spéculatrice et normalement innovante.
Une suite ? Pourquoi pas... Quand c'est innovant, quand cela apporte quelque chose. CASINO ROYALE était le meilleur film de 2006. J'ai trouvé ROCKY BALBOA très émouvant et j'attends avec impatience DIE HARD 4.
Mais quel intérêt de foutre en l'air comme ça des personnages forts comme SPIDERMAN ou des univers riches comme PIRATES DES CARAIBES ? A coups de surenchères, de encore plus ?
Prenez SPIDERMAN 3, certes, c'est impressionnant mais on a 3 histroires qui s'emmêlent (SANDMAN, VENOM et le trio Peter, MF et Gwen) qui auraient très bien pu alimenter chacune un film. On mélange, on survole, on gâche. Sous prétexte de plus on fait moins bien.
Et ce qui m'énerve encore plus, c'est qu'au départ c'était innovant : SPIDERMAN dans les mains d'un spécialiste du film d'horreur, JOHNNY DEPP en pirate de cabaret. Il y avait une fraicheur et une originalité qui se retrouvent complètement broyées...
Spiderman 3, Pirates des Caraïbes 3, Shrek 3, Ocean's 3 (pardon 13)
Suis-je le seul à trouver dans cette série de suites la preuve de l'incapacité notoire des producteurs à nous proposer de la nouveauté ?
Je comprends que sous un angle industriel, il est important de sécuriser certains revenus. C'est triste à dire, mais cela ressemble à de la gestion de portefeuille : on sécurise une partie du capital et on spécule avec le reste. Malheureusement, je trouve qu'on voit très peu cette partie spéculatrice et normalement innovante.
Une suite ? Pourquoi pas... Quand c'est innovant, quand cela apporte quelque chose. CASINO ROYALE était le meilleur film de 2006. J'ai trouvé ROCKY BALBOA très émouvant et j'attends avec impatience DIE HARD 4.
Mais quel intérêt de foutre en l'air comme ça des personnages forts comme SPIDERMAN ou des univers riches comme PIRATES DES CARAIBES ? A coups de surenchères, de encore plus ?
Prenez SPIDERMAN 3, certes, c'est impressionnant mais on a 3 histroires qui s'emmêlent (SANDMAN, VENOM et le trio Peter, MF et Gwen) qui auraient très bien pu alimenter chacune un film. On mélange, on survole, on gâche. Sous prétexte de plus on fait moins bien.
Et ce qui m'énerve encore plus, c'est qu'au départ c'était innovant : SPIDERMAN dans les mains d'un spécialiste du film d'horreur, JOHNNY DEPP en pirate de cabaret. Il y avait une fraicheur et une originalité qui se retrouvent complètement broyées...
vendredi 8 juin 2007
SA - Scènes XL à XLII
40. INTERIEUR – LOGE DE LCI – JOUR PLUVIEUX.
Plateaux de LCI. SAM se fait maquiller par une JEUNE FILLE qui souffre devant l’ampleur de la tâche.
PHILIPPE est à côté et lui balance un tas d’instructions.
PHILIPPE
Bon, vous avez compris. Tout est question d’apparence. Vous ne fixez pas la caméra. Vous souriez mais de manière discrète. Evitez les phrases longues et quoi qu’il arrive, ayez l’air intéressé, même si cela vous emmerde.
SAM est saoulé. Par contre HADRIEN est dans son élément. Il est à l’aise et plaisante avec la régie.
CHRISTIAN HADRIEN
Ne vous en faite pas, SAM, tout se passera très bien. Au fait, je vous ai apporté de la doc sur GOMEZ. Je suis sûr que vous allez faire des merveilles.
41. INTERIEUR – PLATEAU DE LCI – JOUR PLUVIEUX.
MICHEL FIELD
Mesdames et Messieurs, bonsoir. Soyez les bienvenus sur le plateau du 18/20. Nous recevons aujourd’hui celui que certains voient, déjà, comme notre prochain Président, M. CHRISTIAN HADRIEN. Bonsoir M. HADRIEN
CHRISTIAN HADRIEN
Bonsoir M. FIELD
MICHEL FIELD
M. HADRIEN est accompagné de M. SAM TALEB, enquêteur privé, qui travaille actuellement sur une affaire qui fait la une de notre presse : la traque du narco-trafiquant, LUIS GOMEZ soupçonné du meurtre, si j’ai bien compris, d’un ami de M. TALEB. Bonsoir M. TALEB
SAM (sur ses gardes, maquillé comme une voiture volée)
Bonsoir…
MICHEL FIELD
M. TALEB. D’après nos informations, M. HADRIEN, lui-même vous a engagé sur cette affaire. N’est-ce pas un peu inhabituel ? Quelle est à votre avis la motivation de M. HADRIEN ?
CHRISTIAN HADRIEN (coupant net SAM qui allait prendre la parole)
J’ai simplement embauché SAM car il est totalement qualifié pour ce type d’affaires. J’ai toute confiance en ses compétences et son jugement. Il est à mes côtés, bien sûr pour retrouver ce GOMEZ, mais il agit également en tant que conseiller. Pendant sept ans, SAM a fait partie de l’élite de la Police Française, au Quai des Orfèvres. C'est donc quelqu'un qui connaît bien le monde de la délinquance et du grand banditisme. Il m'aide à définir un programme de lutte contre la criminalité.
SAM est sur le cul. Le mec est vraiment gonflé
MICHEL FIELD (avec le sourire de celui qui n’est pas dupe)
Les états de services de M. TALEB sont loin d’être aussi brillants que vous l’annoncez. Des informations convergentes indiquent, M. TALEB, que vous avez dû « démissionner » de la Police après avoir battu à mort un suspect.
SAM
La vérité…
CHRISTIAN HADRIEN (le coupant à nouveau et sortant le grand jeu)
C'est inadmissible ! C'est une honte ! C'est de la diffamation ! Je sais exactement d'où vous tenez ces rumeurs, car il ne s'agit que de cela !
MICHEL FIELD (jouant le jeu)
M. HADRIEN…
CHRISTIAN HADRIEN
Ne m'interrompez pas, M. FIELD ! Ce qui se passe est très clair à mes yeux : vous tentez de porter le discrédit sur un homme qui a passé plusieurs années au service de tous les Français. Vous détenez ces fausses informations de mes adversaires directs. Ces individus, qui se disent « hommes politiques » sont prêts à tout pour détruire la carrière d'un honnête citoyen comme SAM.
MICHEL FIELD
Calmez-vous, M. HADRIEN. ! Je vous propose de donner l’occasion à M. TALEB de faire la lumière une fois pour toute sur cette affaire. M. TALEB…
CHRISTIAN HADRIEN fait signe à SAM de répondre.
SAM. (la caméra est braquée sur lui)
Je n’ai pas grand-chose à ajouter à mes déclarations de l’époque. Un cinglé avait kidnappé la fille d’un flic, ANDRE JANSEN. Nous avons retrouvé le type et la fille dans une ferme à proximité de Fontainebleau. J’étais en éclaireur. Je suis arrivé le premier à la ferme. Le type était en train de violer la gamine. Elle avait douze ans… J’ai voulu l’arrêter. On s’est battu. J’y ai été un peu fort, mais croyez moi ce type n’était pas qu’un « suspect ».
Silence
MICHEL FIELD
Merci, M. TALEB. Nous continuons notre passionnante conversation après une page de publicité.
42. INTERIEUR – CHEZ RAOUL, AU BILLARD – NUIT PLUVIEUSE.
Les billes CLAQUENT sur la table. Malgré les séquelles de son passage à tabac qui le font grimacer, SAM fait une démonstration magistrale de son talent. On sent qu’il a les nerfs à vif. L’attitude HADRIEN sur le plateau de télé ne lui a pas beaucoup plu.
CHRISTIAN HADRIEN
SAM, vous avez été fa-bu-leux. Votre speech va faire un carton dans les minorités. Je suis même persuadé que vous êtes le genre d’immigré que les sympathisants du FN peuvent apprécier !
Regard noir de SAM qui continue à empocher les billes
SAM
On avait parlé de fric pour ce genre de prestation…
CHRISTIAN HADRIEN
Ne vous méprenez pas, SAM. Je ne suis pas le démago de base qui vit pour devenir Président.
SAM
Vous faites ce que vous voulez tant que vous raquez.
CHRISTIAN HADRIEN
Arrêtez votre numéro de privé de roman de gare. Je vous ai offensé et j’en suis sincèrement désolé, mais je ne suis pas celui que vous croyez.
SAM
Je ne crois rien HADRIEN. Je suis un type qui fait un job. J’ai besoin d’info pour retrouver le meurtrier d’un mec, vous pouvez les avoir. J’ai besoin de fric, Vous payez. Je vois là, des « intérêts convergents ». Ca me va.
C’est à HADRIEN de jouer. Il tente un coup classique. Il s’applique et empoche la bille. Il tente un coup plus osé et échoue
CHRISTIAN HADRIEN
Oui… On peut voir les choses comme ça. On peut agir comme un mercenaire : faire ce qu’on a à faire tant qu’on y trouve son compte… Mais vous n’avez pas toujours été comme ça, SAM. On ne devient pas l’un des meilleurs flics de France avec cette mentalité. Vous avez cru à autre chose à une époque, non ?
Silence de SAM qui empoche deux billes d’affilée.
CHRISTIAN HADRIEN (s’animant)
Vous avez cru un jour que vous pouviez faire la différence, vous le fils de harki. C’est à cette volonté que je veux faire appel. Je veux que chacun puisse croire qu’il peut faire la différence. Les gens n’ont plus confiance en eux. Je ne les blâme pas. La politique, depuis quelques années, est affaire de personnes et de passe droits. Plus personne ne s’y retrouve. Plus personne n’est crédible. Surtout quand celui qui est censé assuré le quotidien de chacun des Français habite un palais dans le huitième et ne connaît de la province que les villas chics de Arcachon.
Silence de SAM qui cogite
CHRISTIAN HADRIEN (sur le point de jouer mais ne pouvant s’arrêter de parler)
J’en ai assez de voir les gens fichés, classés : les syndicalistes font la grève, les patrons virent les gens, les politiques magouilles, les immigrés volent, les chômeurs profitent du système, les flics sont des brutes, etc… Par pitié, arrêtons ces conclusions faciles. Je veux qu’on écoute, qu’on réfléchisse qu’on prenne des décisions avec le bon sens et pas avec le portefeuille ou les élections présidentielles de dans dix ans. Je suis riche à en crever. Si je ne suis pas élu, je me rendrai à peine compte de ce que cela m’a coûté. Je n’ai rien à perdre.
SAM
Des mots, tout ça…
CHRISTIAN HADRIEN
Cela commence toujours comme ça, mais en ce qui me concerne, il y a une volonté et des actes derrière. Ne vous méprenez pas, ce que vous avez vu ce soir était un jeu. J’ai monté cette interview pour vous faire connaître et qu’on me voit avec vous. Avant que mes adversaires n’utilisent votre passé comme arme, j’ai mis les choses au clair tout de suite et devant tout le monde. Si cela peut vous rassurer, me passer de vous aurait été infiniment plus simple.
C’est à CHRISTIAN HADRIEN de jouer. Il hésite. Les billes sont bien réparties autour de la table. Il réfléchit, analyse, mais ne trouve pas de solution.
SAM
Tentez la sept en une bande. Dans le pire des cas, vous me gênerez. Cela vous évitera de perdre un coup.
HADRIEN réfléchit un instant et suit le conseil de SAM qui s’avère être des plus justes. SAM apprécie la marque de confiance.
jeudi 31 mai 2007
SA - Scènes XXXVI à XXXIX
36. INTERIEUR – L’ARRIERE D’UN CAMION – JOUR PLUVIEUX.
Une lumière s’allume sur JEAN-JACQUES GITES, en bras de chemise. Il fond sur SAM et lui distribue une violente série de coups pendant que LES DEUX HOMMES le maintiennent fermement.
SAM fléchit alors que les coups pleuvent. Alors même qu’il est au sol, GITES continue de lui donner des coups de pieds. La séance dure plusieurs minutes. SAM est au bord de l’évanouissement.
GITES (se penchant sur SAM et l’attrapant par le col)
T’as voulu jouer au malin, TALEB ! Tu crois que tu peux nous faire chanter et t’en tirer comme ça ! T’as vingt quatre heures pour m’apporter les papiers. Après t’es mort.
Il repousse SAM dont la tête vient heurter violemment le plancher du camion.
GITES (parlant à ses hommes)
Débarrassez-moi de ça.
Les DEUX HOMMES ramassent SAM, ouvrent les portes et le balancent sur la chaussée.
SAM reste allongé sous la pluie, HS, pendant que le camion démarre en trombe
37. INTERIEUR – CHEZ SAM – JOUR PLUVIEUX.
SAM ouvre la porte de son appartement et s’écroule.
38. INTERIEUR – CHEZ SAM – JOUR PLUVIEUX.
Un HOMME traîne SAM jusqu’à un canapé sur lequel il l’allonge. SAM est toujours dans les vaps, mais on le voit grimacer.
Un BRUIT D’EAU. L’HOMME – type algérien, beau gosse, la trentaine - revient et nettoie le visage de SAM avec un linge humide. On sent de l’affection dans chacun de ses gestes. Finalement, SAM ouvre un œil.
SAM
Ils m’ont pas loupé, ces enfoirés…
KAMEL
Reste calme, frangin. Qui t’a mis dans un état pareil ?
SAM (se redresse et s’assoit sur le divan)
Des méchants… Putain… J’ai la tête comme une grosse caisse…
KAMEL
Ca vaudrait peut-être la peine que tu vois un toubib.
SAM (avec un sourire qui ressemble davantage à une grimace)
Normalement, c’est à moi de me faire du souci pour toi, p’tit frère…
KAMEL
Peut-être, mais c’est pas moi qui aie la gueule en chou-fleur.
Nouveau sourire de SAM qui se lève et se dirige vers la salle de bain, histoire d’évaluer les dégâts. KAMEL le suit. SAM grimace en voyant sa gueule dans le miroir
SAM
Qu’est ce que tu venais faire ici ?
KAMEL
J’étais au discours de HADRIEN, hier et il me semble bien qu’il a parlé d’un certain SAM TALEB. Je voulais savoir si j’avais bien entendu…
SAM
T’as bien entendu. Il m’a même proposé de bosser pour lui.
KAMEL
Tu charries ?
SAM
Non. Il veut que je travaille pour lui et que je sois son « quota » immigré. T’en penses quoi de ce mec ?
KAMEL
Je n’arrive pas à me faire une idée. Beaucoup le traite de démago, à droite comme à gauche, mais je pense que c’est surtout de la jalousie et qu’ils voudraient l’avoir dans leur camp. L’homme a de l’argent, des idées et une vraie volonté de donner du sang neuf dans le monde politique. Mais, il fait peur… Enfin… Je pense que c’est surtout parce qu’il ne ressemble à rien de connu… Eh, c’est super que tu sois dans ses petits papiers ! Tu vas pouvoir me refiler des infos !
SONNERIE du portable de SAM. SAM jette un œil au numéro appelant.
SAM
Quand on parle du loup… C’est ton idole.
Il décroche
SAM
TALEB.
CHRISTIAN HADRIEN (off)
CHRISTIAN HADRIEN à l’appareil. Je vous propose votre premier talk show en tant qu’invité.
SAM (jetant un nouvel œil dans le miroir)
Je ne suis pas sûr d’avoir la gueule de l’emploi… Et je n’ai pas encore accepté votre proposition.
CHRISTIAN HADRIEN
Allons, SAM, cela va vous faire une pub d’enfer et je serai à même de vous donner un premier dossier sur GOMEZ et son réseau.
Soupir de SAM
SAM
C’est bon… Vous avez votre mariole…
CHRISTIAN HADRIEN
Excellent ! Retrouvez-moi à dix-sept heures trente à LCI, à Boulogne.
SAM
Mais prévenez la maquilleuse qu’elle aura un gros boulot (il raccroche)
Puis se tournant vers KAMEL
SAM
Ca y est. J’ai gagné mon titre de guignol. Je passe à la télé .
KAMEL (qui se marre)
Le frangin qui entre en politique. On aura tout vu. (Jetant un coup d’œil à sa montre) ; Il faut que je te laisse frangin. J’ai des articles à revoir avant le bouclage. (il se lève). Prends soin de toi et évite les gens qui cognent.
SAM
Justement… Tu aurais moyen de te renseigner sur un certain JEAN-JACQUES GITES ? C’est le mec qui m’a ravalé la façade. C’est une espèce d’avocat qui bosse pour un client unique a priori bourré de fric et qui aime l’anonymat, mais je voudrais bien savoir qui c’est.
KAMEL (la main sur la porte)
Je peux fureter, poser deux – trois questions…
SAM
Fais gaffe quand même. Ils ne m’ont pas l’air facile et je voudrais pas te retrouver dans le même état que moi.
KAMEL
T’inquiète… Je ferais gaffe. Mais toi aussi. Je préfère te voir bosser avec un mec comme HADRIEN plutôt que te ramasser chez toi la gueule en sang. Ils auraient pas fait ça à un flic…
Regard dur de SAM
KAMEL
Je t’appelle pour MAMAN, ce week-end…
KAMEL sort. SAM fixe la porte.
SAM
Merci, p’tit frère…
39. INTERIEUR – ARRIERE D’UNE GROSSE BERLINE – JOUR PLUVIEUX.
CHRISTIAN et HADRIEN sont assis. Ils se tiennent la main. Ils profitent de ce rare moment d’intimité.
PATRICIA
Je me souviens très bien de ce SAM TALEB. Quand il travaillait pour toi, tu disais qu’avec deux-trois hommes comme lui dans ton équipe, rien ne pourrait t’arrêter.
CHRISTIAN
Je le pense encore, même s’il a changé… Il a perdu la foi, la part de rêve…
La voiture approche d’un restaurant chic de banlieue. A travers la vitre, nous voyons une horde de journalistes qui attendent HADRIEN de pied ferme.
CHRISTIAN
Ne vous arrêtez pas Francis. Prenez L’A13, nous trouverons bien quelque chose…
FRANCIS
J’ai un cousin qui tient un petit restaurant à Marly le Roi…
CHRISTIAN
Comment est la crème brûlée ?
FRANCIS
Pas goûtée, mais j’adore ses profiteroles.
CHRISTIAN
Banco !
CHRISTIAN s’enfonce dans le fauteuil et soupire.
CHRISTIAN
Tu ne crois pas que je me suis lancé dans un drôle de truc ? (puis se tournant vers PATRICIA) Allez… On arrête tout ; Direction Roissy. On prend un avion pour les îles
PATRICIA (droit dans les yeux)
Chiche ?
CHRISTIAN sourit mais ne répond pas
PATRICIA
Tu n’en es pas capable, chéri. Tu as besoin d’aller jusqu’au bout… Pour voir… Même si cela s’avère être la plus mauvaise décision de ta vie. Si tu laisses tomber, tu le regretteras.
CHRISTIAN lui fait un clin d’œil et l’embrasse.
CHRISTIAN
Francis ! Plus vite ! J’ai faim !
jeudi 24 mai 2007
SA - Scènes XXXII à XXXV
32. INTERIEUR – UNIVERSITE PARIS-DAUPHINE – JOUR PLUVIEUX.
SAM arrive à Dauphine. Le plan vigie-pirate est à son degré le plus élevé. DES VIGILES contrôlent les arrivants. La gueule de SAM lui octroie une fouille approfondie. SAM encaisse. A l’intérieur, il slalome entre des étudiants courant dans tous les sens. Les uns chargés de copies, les autres avec un téléphone portable collé à l’oreille.
Au mur, des affiches de HADRIEN :, « HADRIEN, une nouvelle ambition pour la France », « Votez bien, Votez HADRIEN ». SAM a pour seule réaction un haussement de sourcil.
SAM évite de justesse une JEUNE FILLE chargée de deux tasses de café
JEUNE FILLE
Je suis désolée. Je ne vous avais pas vu.
SAM
Il n’y pas de mal. Vous savez où je peux trouver le grand gourou ?
La JEUNE FILLE n’a pas l’air de saisir l’allusion.
SAM
HADRIEN ?
JEUNE FILLE (un air un peu hautain)
Monsieur HADRIEN est dans son bureau, aile Paris. Il ne reçoit que sur rendez-vous…
La JEUNE FILLE se tire dans un air de dédain. SAM ignore.
33. INTERIEUR – UNIVERSITE PARIS-DAUPHINE – JOUR PLUVIEUX.
SAM ouvre une porte et se retrouve devant une secrétaire. A priori, il n’est qu’à une porte du bureau de HADRIEN.
SECRETAIRE (tout sourire)
M. TALEB ! Vous êtes pile à l’heure. Puis-je prendre votre manteau ? Avez-vous eu du mal pour trouver ? Désirez-vous un café ? M. HADRIEN vous attend avec impatience, vous savez.
La SECRETAIRE se lève. SAM est paumé. Il se laisse faire. La SECRETAIRE lui enlève sa veste en cuir.
SECRETAIRE
Alors ?
SAM (désarçonné)
Alors quoi ?
SECRETAIRE
Un café ?
SAM (à côté de la plaque).
Si vous voulez.
A cet instant, la porte s’ouvre. Un CHRISTIAN HADRIEN apparaît tout sourire.
CHRISTIAN HADRIEN
SAM… Ca me fait plaisir de vous revoir…
Le ton est sincère. La poignée de main paraît chaleureuse. Il semble vraiment heureux de le revoir, comme si celui lui rappelait des souvenirs précieux.
SAM
Avant, c’était M. TALEB et M. HADRIEN. J’imagine que je peux vous appeler CHRISTIAN…
HADRIEN sourit et prend SAM par le bras qui se demande vraiment où il fout les pieds.
34. INTERIEUR – UNIVERSITE PARIS-DAUPHINE – JOUR PLUVIEUX.
Le bureau est gris mais très fonctionnel. Les deux hommes se jaugent. CHRISTIAN HADRIEN cherche un angle d’attaque. SAM est prêt à rendre coup pour coup. HADRIEN a finalement un sourire. HADRIEN s’assoit et invite SAM à faire de même. Il regarde un instant un cadre sur son bureau et se relève (technique classique pour mettre son interlocuteur en position d’infériorité).
CHRISTIAN HADRIEN
Qu’est-ce que vous êtes devenu, SAM, depuis notre affaire ? Je n’ai pas entendu parler de vous depuis deux ans. Imaginez ma surprise en voyant votre visage à l’écran…
SAM
J’ai quelques clients qui font régulièrement appel à moi…
CHRISTIAN HADRIEN
Quelques maris volages, des enquêtes pour le compte d’avocats… L’organisation de services de sécurité dans les casinos, également… C’est digne de Chandler, tout ça. Vous savez que ce qui rapporte de nos jours, c’est l’intelligence économique, les enquêtes sur les entreprises. Comme ce que vous avez fait pour EXCORD…
SAM ne répond rien. Il laisse venir.
CHRISTIAN HADRIEN
Vous avez fait un travail remarquable sur EXCORD. Grâce à vous, nous avons pu stopper les fuites et éviter le vol de notre savoir-faire par des entreprises étrangères. Grâce à vous, EXCORD a pu prospérer et si je suis là aujourd’hui, c’est encore grâce à vous…
Silence de SAM
CHRISTIAN HADRIEN
A l’époque, je vous avais proposé de travailler pour moi, de manière permanente. Je souhaite renouveler ma proposition
SAM
La réponse sera la même. Je suis un privé. J’enquête sur des affaires. Vous me payez, je fais de mon mieux pour résoudre votre problème. Ca s’arrête-là…
CHRISTIAN HADRIEN
Je ne fais pas ce genre de proposition à la légère. Déjà, à l’époque, je connaissais tout de vous….
… Vous avez 40 ans. Vous êtes entré dans la police à 27 ans. Brigade des Stups, Quai des Orfèvres. Vous avez été l’étoile montante de l’O.C.R.B. Il paraît même que vous auriez pu en devenir le directeur. Vous auriez été le premier directeur de la Police issu des « minorités visibles », comme on dit… Tout ça, jusqu’à l’affaire Jansen…
Le regard de SAM se durcit.
CHRISTIAN HADRIEN
… Affaire qui vous a obligé à démissionner… D’après mes renseignements, vous avez battu à mort l’auteur du kidnapping d’une fillette.
SAM se lève et se dirige vers la porte.
CHRISTIAN HADRIEN
SAM. Je connais l’histoire et je ne vous juge pas. J’essaye seulement de comprendre l’homme et celui que je vois actuellement est un combattant. Un homme qui croit et qui se bat.
SAM a la main crispée sur la poignée.
CHRISTIAN HADRIEN
Discutons un instant, SAM… En souvenir du bon vieux temps…
La main de SAM se détend
SAM (en se retournant)
Il a jamais existé le bon vieux temps… Et si j’ai besoin de conseils sur mon orientation professionnelle, je lis mon horoscope. Vous voulez quoi, CHRISTIAN ? Au téléphone, vous disiez avoir besoin de mes services. Vous vous expliquez où je me casse ?
CHRISTIAN HADRIEN
Rasseyons-nous et discutons.
SAM reste debout. CHRISTIAN HADRIEN s’assoit à son bureau. Son regard se fixe sur une photo, dans un cadre, sur son bureau.
CHRISTIAN HADRIEN.
Je ne suis pas l’homme politique classique, SAM, vous le savez. Je n’ai pas fait l’ENA, je n’appartiens à aucun parti. Ma carrière professionnelle m’a permis de faire fortune et d’avoir aujourd’hui une véritable indépendance financière. Si je me lance dans la politique aujourd’hui, c’est par conviction. Je veux changer la société.
SAM (ironique)
Là, pour le coup, vous ressemblez à un véritable homme politique…
CHRISTIAN HADRIEN
Alors, je vais même forcer le trait et vous dire que je le pense sincèrement. Il y a énormément de choses à faire dans notre pays, plein d’idées à mettre en place, des verrous à faire sauter.
SAM
Le discours politique ne m’intéresse pas. Qu’est-ce que vous voulez, CHRISTIAN ?
CHRISTIAN HADRIEN
GOMEZ… Je veux que vous le retrouviez pour moi…
SAM
Expliquez…
CHRISTIAN HADRIEN
Je veux que vous soyez mon champion, celui qui agit et qui résout les problèmes. Je mettrai à votre disposition tous mes contacts et tous mes réseaux. Vous aurez même droit à un fonds spécial pour votre enquête. Vous aurez tout ce qu’il vous faut. En contrepartie, j’exige deux choses : que vous vous donniez à fond pour retrouver GOMEZ et qu’on vous voit avec moi…
SAM
Qu’on me voit avec vous ?
CHRISTIAN HADRIEN
Je vais faire de vous ma mascotte… L’individu est au cœur de ma campagne. Je veux que chacun trouve en lui les ressources de sa réussite. Et je veux que cela soit vrai quelles que soient les origines sociales et ethniques. J’en ai marre de voir brandir comme symbole de l’intégration des joueurs de foot et des chanteurs de rap. Je voudrais monter l’exemple d’un type qui s’est fait tout seul, qui s’est battu quand il le fallait et qui continue le combat. Il s’avère que vous êtes d’origine arabe et dans votre cas, ce n’est ni un prétexte ni une excuse. Vous êtes arabe comme on peut être blond ou gaucher. Vous êtes le prototype parfait.
SAM
Vous ne pouvez pas être sérieux …
HADRIEN le fixe. Bien sûr qu’il est sérieux.
Un ange passe.
SAM
J’ai besoin de réfléchir.
CHRISTIAN HADRIEN.
Trouver GOMEZ est une course. Vous n’avez pas le temps de réfléchir.
SAM.
Vous jouez au billard ?
CHRISTIAN HADRIEN
Un peu.
SAM
J’ai un pote qui dit que voir quelqu’un jouer au billard, c’est voir de quel bois il est fait. Retrouvez-moi ce soir à neuf heures chez RAOUL, rue de la Gaieté, avec une avance, au cas où j’accepterais.
CHRISTIAN HADRIEN
Si vous vous écoutiez, je suis sûr que vous le feriez gratuitement.
Sourire de SAM qui disparaît derrière la porte.
SONNERIE du portable de SAM
35. EXTERIEUR – LES RUES DE PARIS – JOUR PLUVIEUX.
SAM est au volant de son bugster. Il se dirige vers le bar de RAOUL. Avenue Foch, Arc de Triomphe, Champs Elysées (blindés de flics), Concorde, Boulevard Saint Germain (cars de CRS devant l’Assemblée Nationale)…
DAVE (off)
SAM ? J’ai le résultat de tes analyses
SAM (off)
Déjà ?
DAVE (off)
Le labo m’a à la bonne… Bon, écoute, ça va commencer à faire du bruit, ton histoire… La poudre qu’on a trouvée...
SAM (off)
Ouais…
DAVE (off)
C’est de la dope.
SAM (off)
Sans blague. Et t’as eu besoin d’un labo pour ça ?
DAVE (off)
Ce que je veux dire, c’est qu’on peut pas en dire plus. C’est pas de la coke ou de l’héro, ou aucun autre truc connu. D’après le labo, cela ressemble au cristal, un truc qui fait fureur aux US, mais il y a une ou deux substances chimiques en plus. Ils continuent les tests, mais ça m’a l’air d’être une bonne merde.
Un petit camion blanc double le bugster de SAM
SAM (off)
Ca veut dire quoi ? Que GOMEZ testait le marché via EDDIE ?
DAVE (off)
Ca y ressemble. On a aussi récupéré le portable de EDDIE avec une liste d’appels longue comme le bras. On est en train d’y raccrocher des noms. Je me démerderai pour t’en faire une copie.
SOUDAIN, le camion pile devant SAM. SAM écrase le frein. Le portable vole mettant fin à la communication.
INSERT sur DAVE qui vient de se faire raccrocher au nez
DAVE
Il pourrait dire merci…
Les portes du camion s’ouvrent violemment. DEUX HOMMES en jaillissent, sautent sur le sol. Ils s’emparent de SAM qui tente de se débattre mais ils sont trop costauds. Ils l’emmènent à l’arrière du camion dont les portes se referment violemment.
mardi 22 mai 2007
SA - Scènes XXIX à XXXI
29. INTERIEUR – LA CASA DEL PAPA (toilettes) – NUIT PLUVIEUSE.
DAVE
Elle pue ton histoire, SAM…
SAM et DAVE contemplent le cadavre de EDDIE, hésitant sur la marche à suivre.
DAVE
Casse-toi. J’arrangerai le coup avec REYNALD.
SAM
Ca marche…
Il sort les sachets confisqués plus tôt à EDDIE
SAM
Je les ai piqués à EDDIE cet après-midi. Je ne sais pas ce que c’est, mais ça ne ressemble ni à de la coke, ni à de l’héro. Tu peux te débrouiller pour le faire analyser ?
DAVE
Je vais me démerder.
SAM sort également les lunettes de soleil récupérées chez GIPSY.
DAVE
Cool ! Je me demandais où je les avais foutues.
SAM
Je les ai retrouvées chez GIPSY…
DAVE
Ah ouais… J’ai dû les oubliées hier, après la partie de billard… (Il les met sur son crâne). T’en es où avec GOMEZ ?
SAM (désignant EDDIE)
J’avais une piste, mais elle s’arrête avec la gueule d’EDDIE au fond des chiottes. Et vous ?
DAVE
Pareil… A croire que le mec s’est volatilisé. Un vrai fantôme.
SAM
Il a trois cadavres au compteur, ton fantôme. Il est en train de nettoyer sa merde et de nous préparer ses adieux.
30. EXTERIEUR – UNE RUE DE PARIS – PETIT MATIN PLUVIEUX.
Une main dépose une enveloppe kraft dans une boite aux lettres.
31. EXTERIEUR – UNE RUE DE PARIS – PETIT MATIN PLUVIEUX.
Une voiture circule dans Paris. Un peu plus loin, à un angle de rues, MARIE, sous un parapluie, semble l’attendre. La voiture s’arrête devant elle. Le conducteur se penche pour ouvrir la porte côté passager. MARIE sourit en reconnaissant DAVE. Elle monte.
MARIE
C’est fait. Tout va aller très vite maintenant…
DAVE démarre.
mardi 15 mai 2007
SA - Scène XXIII à XXVII
24. INTERIEUR – COULISSE DU PALAIS DES CONGRES – NUIT PLUVIEUSE.
HADRIEN rejoint les coulisses après avoir terminé son discours. Il est en sueur. Il exulte. PHILIPPE, son Directeur de Campagne, lui saute dessus. Il a l’air aussi excité que son patron.
PHILIPPE
On a été diffusé en direct sur deux chaînes nationales et quatre chaînes du satellite dont les deux chaînes d’info. Et je ne compte pas les rediffusions des « vingt heures ». C’est un carton !
HADRIEN ignore la remarque et embrasse son épouse PATRICIA qui est très fière de son mari.
PHILIPPE (qui est toujours sur son petit nuage)
En cumulé, on ne doit pas être loin des vingt millions de téléspectateur ! Tu te rends compte, pas un foyer n’aura manqué ton discours !
HADRIEN
C’est quand même dommage de tomber le soir d’un PSG / OM.
PHILIPPE
Arrête, CHRISTIAN. Tu sais bien que les attentats ont foutu un vrai merdier dans l’organisation de tous les événements susceptibles de rassembler du monde. Ce n’est quand même pas ma faute si ce match a été décalé de deux jours !
HADRIEN (un grand sourire aux lèvres)
Relax, PHILIPPE. Ton boulot sur la com a été génial, PHILIPPE. Je suis persuadé que Bill Gates n’aurait pas fait mieux pour sortir son nouveau Windows. Les gens me voient et m’entendent mais est-ce qu’il me comprennent ?
PHILIPPE
J’ai commandé une série d’enquêtes à deux instituts de sondages. Uniquement du qualitatif. Nous avons besoin de savoir sur quel angle nous devons travailler. A mon avis, nous sommes très bons sur les cadres et les jeunes urbains : le côté entrepreneur qui a réussi qui se dévoue à la société, ça plait, mais on a un sérieux déficit sur les milieux plus populaires : ouvriers, agriculteurs, immigrés…
HADRIEN
Ne t’en fais pas. J’ai pris des mesures pour me rattraper dans les jours à venir. Ecoute-moi bien. Dans l’immédiat, on laisse tomber le discours économique et la politique internationale. Les attentats occupent les unes de tous les journaux. L’électorat est abreuvé de « y a qu’à », « faut qu’on » sur des sujets qu’il maîtrise mal. Je veux revenir dans leur quotidien.
PHILIPPE
Qu’est-ce que tu proposes ?
HADRIEN
Comme toujours : débat et action. Identifions quelques problèmes ponctuels. Ecoutons les individus concernés et réglons les problèmes. Dans le même genre que l’action que nous avons menés dans l’est en créant ce bureau de liaison entreprises – universités… Agir vite et de manière durable en utilisant nos contacts et nos compétences. Et surtout, AN-TI-CI-PER. Souviens-toi, il nous faut précéder ce que veulent les gens, leur proposer avant même qu’ils n’y pensent.
PATRICIA
Parfois, je me demande si tu fais cela par idéologie ou par cynisme….
HADRIEN (avec un sourire)
C’est du pragmatisme. Je suis un spécimen unique : un idéaliste qui se donne les moyens de réaliser ses rêves.
Des flashes crépitent immortalisant le sourire triomphant de HADRIEN
25. INTERIEUR – SALLE DE BILLARD DE GIPSY – NUIT PLUVIEUSE.
BRUIT d’une porte qu’on est en train de forcer. SAM avance à la lumière d’une torche dans la salle du début. On reconnaît la table de billard. Les billes ne sont pas rangées. Sur le bar, des verres et des bouteilles traînent. Les traces de la fouille des flics sont visibles.
SAM se dirige vers une petite pièce, le « bureau » de GIPSY. Il allume une lampe et commence à fouiller. Sur le bureau, il y a un énorme tas de vieux Libé. Il le jette par terre dans un coin. Il y également un PC dont l’unité centrale a disparu.
Une VOIX le surprend
MARIE
Tu reprends le bizness de GIPSY, SAM ?
SAM fait pivoter la lampe vers le fond de la pièce. MARIE est affalée sur un divan, ivre et probablement shootée.
SAM
Qu’est-ce que tu fous là, MARIE ? T’as que des mauvais souvenirs ici.
MARIE
Ouais… Mais c’est tout ce que j’ai…
Elle se lève et titube vers le bureau.
MARIE
Et toi, SAM ? Qu’est-ce que tu cherches ?
SAM
Les dossiers de GIPSY… Tu devrais pas rester là, MARIE… T’as une sale gueule.
« Rire » laconique de MARIE
MARIE
Tu t’intéresses à moi, SAM ? Ca fait combien de temps qu’on se connaît ? Cinq, Six ans ? Combien de fois tu l’as vu me dérouiller, ce connard ? Combien de fois as-tu pris ma défense ?
SAM
C’était pas mes oignons… T’avais qu’à te tirer…
MARIE lui file une trempe.
MARIE
Connard. Il est beau l’ancien héros de la Police ! T’aurais aussi laissé faire du temps où t’étais flic ? T’étais déjà comme ça à cette époque ? Le fric et les tuyaux plutôt qu’un petit geste d’humanité ?
SAM encaisse.
MARIE
Il l’a pas volé ce qui lui est arrivé, c’t’enfoiré !
SAM
Où sont ses dossiers ?
MARIE
J’en sais rien…. Tu crois qu’il me disait ce genre de choses ?
SAM
Il disait qu’il avait besoin de mes services. Tu sais pourquoi ?
MARIE
Comme toujours,… Il était dans la merde et il voulait que tu l’en sortes…Pourquoi t’aidais une un mec comme ça, SAM ? Pourquoi ?
SAM
Tu sais sur quoi il bossait, avec GOMEZ ?
MARIE
Il se faisait du fric. C’est tout ce qui lui plaisait.
SAM (dur)
Et ça te plaisait aussi… T’en a bien profité, non ?
MARIE va pour le gifler mais SAM bloque sa main. Il la repousse. Elle s’affale sur le divan, se recroqueville et se met à pleurer. SAM la regarde. Il voudrait dire quelque chose mais rien ne vient. En sortant de la pièce, il remarque les lunettes de soleil de DAVE sur un meuble. Il les chope.
26. EXTERIEUR – LES RUES DE PARIS – NUIT PLUVIEUSE.
SAM est dans son bugster. Itinéraire : Montparnasse – Les quais – Jardin des Tuileries – Opéra – Pigalle.
Off, nous entendons la conversation de SAM.
EDDIE (off – parlant fort – beaucoup de bruit autour de lui)
SAM, c’est EDDIE. J’ai tes infos.
SAM (off)
Je t’écoute. J’espère que c’est du lourd. T’as retrouvé GOMEZ
EDDIE (off)
J’ai des tuyaux, mais pas au téléphone
SAM (off)
Tu crois quoi, EDDIE ? Que les RG nous ont mis sur écoute ?
EDDIE (off)
Pas au téléphone, j’te dis. Je suis à la « Casa del Papa » à Pigalle.
SAM (off)
Je connais pas. C’est quoi l’adresse ?
SAM s’arrête en vrac devant le rade.
EDDIE (off)
Mais si… C’est l’ancien « Papillon ». Comme au bon vieux temps, SAM.
SAM entre dans la boite. L’HOMME AUX CHEVEUX GRIS en sort.
SAM (off)
Il a jamais existé, le bon vieux temps…
27. INTERIEUR – LA CASA DEL PAPA – NUIT PLUVIEUSE.
A l’intérieur, UN JEUNE VIGILE l’arrête. UN VIEUX VIGILE intervient.
VIEUX VIGILE
Ca fait une paye qu’on t’avait pas vu par ici ! EDDIE t’attend. Il est au fond.
SAM
Quel con !
VIEUX VIGILE
Ouais... C’est pas le roi des rencarts discrets…
SAM traverse la salle. Il y a un peu de monde mais on est loin de la fièvre du samedi soir. Quelques corps se trémoussent sur la piste, d’autres le font sur les genoux de messieurs dont le portefeuille doit être bien garni.
Il approche de l’endroit où est censé l’attendre EDDIE. La table est vide. Dessus, une bouteille de vodka entamée, on note la présence de deux verres. Il fait un panoramique de la salle à la recherche du gusse. Personne.
Il opte pour le bar.
SAM (hurlant pour couvrir la musique)
Je cherche EDDIE !
Le BARMAN hausse les épaules.
SAM (hurlant)
Il était assis dans le fond. Une sale gueule de racaille camée.
BARMAN (hurlant)
Ah ! Ouais… Il était assis y a pas dix minutes. Si c’est un camé, essayez les chiottes, c’est là qu’ils vont quand ils ont encore un peu de honte.
28. INTERIEUR – LA CASA DEL PAPA (toilettes) – NUIT PLUVIEUSE.
SAM traverse la salle. Des poupées parties se repoudrer le nez sortent des chiottes. SAM ouvre la porte des mecs. La pièce est vide.
SAM
EDDIE !
Pas de réponse. SAM avance dans la pièce en regardant sous les portes. Arrivé à la dernière cabine, il remarque une paire de jambe.
SAM (s’apprêtant à frapper la porte)
EDDIE…
La porte s’ouvre au premier coup. EDDIE est la tête dans la cuvette, les cheveux recouverts de poudre blanche.
FONDU
vendredi 4 mai 2007
Entr'acte
Petit break dans les aventures de SAM car je suis en vacances. En congé paternité pour être plus précis.
Mais boulot oblige, je suis obligé de me connecter de temps en temps.
SEINE AMERE reprendra ses droits à compter du 14/5.
Mais si vous avez des questions et des commentaires, c'est le moment car vu le temps qu'on a en ce moment dans le sud, c'est parfait pour écrire !
Enjoy
Frédéric
Mais boulot oblige, je suis obligé de me connecter de temps en temps.
SEINE AMERE reprendra ses droits à compter du 14/5.
Mais si vous avez des questions et des commentaires, c'est le moment car vu le temps qu'on a en ce moment dans le sud, c'est parfait pour écrire !
Enjoy
Frédéric
mercredi 25 avril 2007
SA - Scènes XIX à XXIII
19. INTERIEUR – GRAND HOTEL PARISIEN – JOUR PLUVIEUX.
Le CONCIERGE DE L’HOTEL avance d’un pas pressé dans un couloir de l’hôtel. TROIS POLICIERS le suivent.
Le CONCIERGE DE L’HOTEL s’arrête devant une porte qu’il ouvre avec une carte.
A l’intérieur, BRIGIT est allongée sur le lit, nue, le regard figé, la tête formant un angle inhabituel avec le corps.
Un portable SONNE.
20. INTERIEUR – BUREAU DE SAM – JOUR PLUVIEUX.
SAM décroche.
SAM
Allo.
21. EXTERIEUR – RUES DE PARIS – JOUR PLUVIEUX.
SAM est dans son bugster. Nouvelle visite de Paris : Chatelet, île de la cité.
Off, nous entendons sa conversation de la scène précédente.
SAM sort de son parking dans un vrombissement et s’engage dans la rue Rambuteau
LUCIE (off - en larme et en colère)
Salaud ! c’est à cause de toi qu’elle est morte.
SAM (off)
De quoi tu parles ? Qui est mort ?
LUCIE (off)
BRIGIT. Tu me parles d’elle ce matin et on la retrouve deux heures après le cou brisé. C’est quoi, ton problème, SAM…
SAM (off)
Je t’avais dit qu’elle traînait avec un mec louche
Silence.
SAM (off)
LUCIE ?
LUCIE (off)
Qu’est-ce que tu lui voulais à BRIGIT ?
Feu orange mûr, SAM vire à gauche dans un crissement, rue Beaubourg.
SAM (off)
Je te l’ai dit : des infos sur un de ses michés du nom de GOMEZ.
LUCIE (off)
Essaye EDDIE BONHEUR.
Ile de la Cité, SAM longe la Seine
SAM (off)
Le Roi EDDIE ? Qu’est-ce qu’il vient foutre là-dedans ? C’est un indic de seconde zone.
LUCIE (off)
Je l’ai vu traîner plusieurs fois avec BRIGIT. Je lui avais dit de faire attention à ce merdeux.
SAM (off)
Tu sais où je peux le trouver, le père EDDY ?
SAM s’arrête en vrac à côté du marché aux fleurs.
LUCIE (off)
Il traîne dans le marché aux fleurs, à coté de Notre Dame. Il y est tous les après-midi…
SAM voit EDDIE en train de discuter avec un autre type à côté d’un étal rempli de magnifiques orchidées.
LUCIE (off)
(suite) BRIGIT lui a dit qu’elle adorait les orchidées. Depuis, il lui en rapporte une tous les jours.
22. EXTERIEUR – MARCHES AUX OISEAUX – JOUR PLUVIEUX.
SAM entre dans le marché aux fleurs. Il garde EDDIE en point de mire. Soudain, un CRI STRIDENT retentit à ses côtés. C’est un oiseau qui saute sur la grille de sa cage. SAM a un mouvement de recul. Il bouscule un HOMME qui renverse des cartons qu’il transportait. Mouvement de foule. EDDIE se retourne. Il croise le regard de SAM. Il prend la fuite.
SAM se relève et se lance à sa poursuite.
Poursuite dans les travées du marché. Alors que EDDIE se croit tiré d’affaire, SAM le plaque au sol contre une rangée de caisses remplies de roses qui volent en éclats.
EDDIE
Qu’est-ce que tu me veux, TALEB ? T’es plus flic. Je ne te dois plus rien.
SAM lui balance une baffe, violente, méprisante.
EDDIE
Tu fais chier, harkis de mes deux.
Aller-retour de SAM. EDDIE a les lèvres en sang.
SAM
BRIGIT. Tu l’as branchée avec un latino, GOMEZ. Je veux le retrouver.
EDDIE
BRIGIT, c’est ma copine. Je joue pas au mac avec elle.
SAM (relâchant un peu son étreinte)
Elle est morte, EDDIE… Et je serais pas étonné que ce GOMEZ y soit mêlé.
Le visage d’EDDIE se décompose. Il éclate dans des sanglots quasi-hystériques. Le mec n’est pas dans son état normal.
SAM (retournant EDDIE et fouillant ses poches)
Tu as replongé, EDDIE ? C’est quoi maintenant héro, coke ? Tu plaçais ta copine contre des doses ? C’était ça le deal ?
SAM met finalement la main sur des petits sachets en plastique contenant une poudre translucide.
SAM
C’est quoi, ça, EDDIE ? La dernière merde à la mode ?
EDDIE (qui essaye de récupérer le sachet, mais SAM est vigilant)
Donne-moi ça, SAM. J’en ai besoin.
SAM
Moi, j’ai besoin de GOMEZ. On fait comme avant : Tu te rencardes et tu m’appelles. T’as jusqu’à ce soir. Après, le petit sachet, il est sur le bureau des stups.
23. INTERIEUR – CHEZ RAOUL – SOIREE PLUVIEUSE.
SAM est au bar de RAOUL. Il relit ses notes en buvant une bière. A côté de lui, un MEC lit un journal. En titre « LUIS GOMEZ : Ennemi Public n°1 – Il serait lié aux attentats ».
A la télé, un match PSG / OM arrive à la mi-temps. Les SUPPORTERS présents y vont chacun de leurs petits commentaires.
SAM les ignore. Il est trop concentré à essayer de donner un sens aux quelques indices qu’il a rassemblés.
Soudain, une VOIX familière l’interpelle.
SAM (à la télé – interview du matin)
… Personnellement, je n’ai jamais mis les pieds dans une mosquée. Je ne parle pas arabe et les revendications des terroristes, j’y entrave que dalle mais ça me fait chier car maintenant, je me balade dans Paris la peur au ventre…
RAOUL
Putain, SAM, t’es une star…
SAM (à la télé)
Aujourd’hui, un homme que je connaissais vient de se faire égorger. Mon seul souci est de retrouver le mec qui l’a fait. Ce n’est pas un complot terroriste téléguidé par le Moyen Orient. C’est juste un type qui en a dessoudé un autre…
CUT à la PRESENTATRICE DU JOURNAL
PRESENTATRICE TV
Le Ministre de Intérieur s’est engagé à ce que toute la lumière soit faite sur ce meurtre. La Police ne néglige aucune piste, notamment une connexion entre les terroristes et des organisations liées au trafic de drogue. Le principal suspect est LUIS GOMEZ, trafiquant notoire, associé aux cartels colombiens dans les années quatre-vingt dix…
SAM (interloqué)
Qu’est-ce que c’est que cette histoire…
RAOUL s’empare de la télécommande et zappe à la recherche d’une rediffusion de l’interview. Les SUPPORTERS ne sont pas contents.
UN CLIENT
T’es chiant, RAOUL. Le match va recommencer dans une minute.
RAOUL
Je n’aime pas ce sport de débiles. Y a que le billard qui veuille dire quelque chose, où on voit le bois de l’homme.
RAOUL s’arrête sur une autre chaîne où nous revoyons la fin de l’interview.
SONNERIE du portable de SAM (la suite du speech est en fond sonore)
VOIX (off)
Bonjour SAM. Comment allez-vous ? Cela fait longtemps que je n’ai pas eu de vos nouvelles.
SAM
Qui êtes-vous ?
Split screen. CHRISTIAN HADRIEN se retourne, un portable à l’oreille. Il est en train de se faire relooker par ses conseillers (maquillage, on lui propose une cravate…)
CHRISTIAN HADRIEN
CHRISTIAN HADRIEN. Vous vous rappelez ? L’enquête sur la société EXCORD. ?
SAM (se tournant vers la télé, interloqué)
Ouais… Qu’est-ce que vous voulez ?
CHRISTIAN HADRIEN
J’ai trouvé votre interview très bien. Je crois que je pourrais encore avoir besoin de vos services.
SAM
Pourquoi faire ?
L’interview de SAM est terminée. Une présentatrice apparaît sur l’écran.
CHRISTIAN HADRIEN
Parlons-en en tête-à-tête. Venez me voir demain à ma permanence, à l’université Paris-Dauphine.
PRESENTATRICE TV 2
Nous retrouvons maintenant CHRISTIAN HADRIEN en direct du Palais des Congrès pour son premier discours de candidat à l’élection présidentielle.
L’image passe sur une scène où un pupitre attend son hôte.
Sur l’autre écran, CHRISTIAN HADRIEN est dans des coulisses. Il avance vers une scène
SAM
Vous vous foutez de ma gueule. CHRISTIAN HADRIEN est sur le point de faire un discours à la télé.
CHRISTIAN HADRIEN
Ce n’est pas une blague, SAM, et je vais vous le prouver.
Fin du split screen. Sur la scène du Palais des congrès, CHRISTIAN HADRIEN se dirige vers son pupitre. Nous le voyons raccrocher son portable.
OVATIONS de la foule.
CHRISTIAN HADRIEN savoure l’instant. Il demande le silence.
CHRISTIAN HADRIEN
Bonsoir Mesdames et Messieurs et merci pour votre accueil si chaleureux. Avant de commencer un discours qui marquera, je l’espère, le début d’une belle aventure, je voudrais rendre un rapide hommage.
J’ai vu ce matin un homme se dresser, seul face à l’injustice, prêt à faire éclater la vérité. C’est un homme tel que je les admire et je veux qu’il soit un exemple pour chacun de nos compatriotes. Cet homme est SAM TALEB. Il est enquêteur privé.
Nous « sortons » de l’écran de TV et nous retrouvons le bar de RAOUL.
SAM est sur le cul.
RAOUL (off)
T’es un héros, SAM…
lundi 23 avril 2007
SA - Scène XIV à XVIII
14. INTERIEUR – CAFE CHEZ RAOUL – JOUR PLUVIEUX.
La JOURNALISTE s’assoit à proximité de SAM. Le CAMERAMAN prend place à l’angle du comptoir. Il pose sa caméra devant lui, mais garde une main dessus.
La JOURNALISTE commande deux cafés.
JOURNALISTE (s’adressant à personne)
Marre ! Marre de ce temps, de ces attentats qui nous rendent parano et de ces rédac’chef qui croient que chaque délit est un complot arabe !
SAM a un vague rictus que la JOURNALISTE remarque
JOURNALISTE
Ca vous fait rire ?
SAM replonge les yeux dans son café.
JOURNALISTE
Eh ! Je vous ai vu avec les flics, tout à l’heure ! Vous en êtes un ?
Nouveau rictus de SAM. Amer, cette fois
JOURNALISTE
Décidément, je vous fais marrer. Je dois vous appeler Lieutenant ? Vous vous appelez comment ?
SAM
Je suis privé… Je m’appelle TALEB…
JOURNALISTE
Un privé arabe ?
SAM (qui se fige)
Un privé français, né à Montpellier.
JOURNALISTE (comme si elle ignorait la remarque)
Qu’est-ce que vous pensez des agissements de vos frères musulmans ? Est-ce que vous pensez que leurs revendications justifient de tels actes de barbarie ?
SAM (interloqué)
Qu’est-ce que… Mes frères mus… Mais qu’est-ce que vous me racontez ?
JOURNALISTE
N’avez-vous pas le sentiment que leurs actes jettent le discrédit et la suspicion sur votre communauté ?
SAM (furieux – sa voix est de glace)
Je ne sais pas. Vous en pensez quoi ?
Personnellement, je n’ai jamais mis les pieds dans une mosquée. Je ne parle pas arabe et les revendications des terroristes, j’y entrave que dalle mais ça me fait chier car maintenant, je me balade dans Paris la peur au ventre.
Aujourd’hui, un homme que je connaissais vient de se faire égorger. Mon seul souci est de retrouver le mec qui l’a fait. Ce n’est pas un complot terroriste téléguidé par le Moyen Orient. C’est juste un type qui en a dessoudé un autre…
(S’interrompant alors que le CAMERAMAN retire la main qui cachait la diode de marche de sa caméra)… Et c’est tout ce que j’ai à dire, tu le montreras à ton rédac’chef parano, p’tite conne sournoise. Casse-toi.
La JOURNALISTE et le CAMERAMAN partent sans demander leur reste. SAM finit son café et se lève. Il s’arrête devant la porte et voit les flics s’agiter.
RAOUL
Cela te rappelle le bon vieux temps, SAM ?
SAM
Il a jamais existé le bon vieux temps…
15. EXTERIEUR – DEVANT CHEZ RAOUL – JOUR PLUVIEUX.
SAM sort. Il passe juste à côté de l’HOMME AUX CHEVEUX GRIS. Il repère DAVE qui discute de manière véhémente avec MARIE qui tient une enveloppe kraft à la main. Alors qu’il s’approche, MARIE tourne la tête vers lui, le fixe un instant. Finalement, elle range l’enveloppe dans une poche de son imper et s’en va.
16. EXTERIEUR – UNE RUE DE PARIS (XVIème) – JOUR PLUVIEUX.
LUCIE, belle femme sophistiquée de trente-cinq ans, avance d’un pas décidé dans une rue huppée du XVIème. Elle s’arrête au niveau d’une porte cochère. Alors qu’elle tape le code pour entrer, on voit à son poignet un bracelet en or ressemblant à des corps entrelacés.
Elle entre…
17. INTERIEUR – PORTE COCHERE D’UN IMMEUBLE HUPPE – JOUR PLUVIEUX.
… et sursaute en voyant une masse sombre assise à côté des poubelles.
SAM
Salut LUCIE.
LUCIE
SAM ! T’es vraiment con. Tu m’as foutu la trouille !
SAM
Désolé… Je voulais pas… Je vois que tu as une clientèle fidèle. Je me souvenais que tu voyais ton Duc à cette heure-ci…
LUCIE
Ce n’est pas un Duc. C’est un Baron et je suis à la bourre. Qu’est-ce que tu veux, SAM ?
SAM
J’ai vu une copine à toi hier. (désignant le poignet de LUCIE), elle avait la même breloque que toi, mais à la cheville. Je dois la retrouver.
LUCIE
Non, mais tu te prends pour qui ? T’es plus flic, SAM. J’ai rien à dire à un privé de quartier. C’était quoi ta dernière enquête : retrouver le chien d’une grand-mère du XVIème ou filmer un mec en train de tromper sa femme ?
SAM (se levant)
GIPSY s’est fait descendre et le miché de ta copine est le suspect numéro un. Il s’appelle GOMEZ et je ne serai pas surpris qu’il donne dans la came. Pour le moment, il n’y a que moi qui ait fait le lien entre lui et les filles de RITA.
SAM marque un temps. LUCIE le fixe. On lit du dégoût dans son regard.
SAM
Soit tu me mets en relation avec elle, soit les flics débarquent chez ta patronne dans l’heure.
SAM se dirige vers la porte.
SAM
Je pense que t’as toujours mon numéro….
SAM disparaît dans la rue. La porte claque laissant LUCIE dans l’ombre.
LUCIE
Sors de ma vie…
18. INTERIEUR – BUREAU DE SAM – JOUR PLUVIEUX.
SAM est devant son ordinateur. Il fait des recherches sur le monde de la drogue. Deux termes reviennent souvent : « crystal », « Pays Bas : plaque tournante ? et « Tanger et Cap-vert ».
Une fenêtre ouverte sur l’écran égrène les infos en continu. « Meurtre à Paris : La Police soupçonne LUIS GOMEZ trafiquant de drogue notoire. La piste terroriste n’est toutefois pas écartée »
Il se retourne et sursaute en découvrant la silhouette de GITèS (la cinquantaine, carrure de lutteur, affable, mais menaçant)
GITES
Veuillez m’excuser pour cette intrusion, M. TALEB. J’ai sonné et frappé plusieurs fois, mais je n’ai pas eu de réponse…
SAM
Bizarre, la sonnerie marche très bien et j’ai l’ouïe très fine.
GITES (sourit mais ignore la remarque)
Je m’appelle JEAN-JACQUES GITES et je souhaiterais recourir à vos services. Puis-je m’asseoir ?
SAM
Je suis désolé mais je vais être très occupé dans les jours à venir.
GITES (s’asseyant malgré tout)
Par l’affaire GIPSY. Justement…
SAM ne dit rien. Il laisse venir.
GITES
… C’est pour cela que je vous contacte. Je suis avocat, quoique « conseiller légal » serait un terme plus adéquat. Je travaille pour un unique client et mon client souhaiterait que vous retrouveriez certains documents…
SAM
Quel rapport avec GIPSY ?
GITES
Allons, M. TALEB. Vous savez très bien comment votre ami gagnait sa vie. Si on peut appeler cela « gagner » et « vie ».
SAM (jauge le gars un instant)
Je sais exactement comment GIPSY récupérait son fric. Je sais aussi que les hommes sur qui il avait des dossiers étaient loin d’être blanc-bleu. C’est qui votre patron ou votre « client » comme vous dites ?
GITES (dont le ton devient beaucoup plus direct et moins policé)
GIPSY était une ordure et il faisait chanter mon client. Je veux que vous récupériez les documents qu’il détenait avant que la police ou pire tombe dessus. (Il jette à SAM une enveloppe épaisse). Voici une avance, vous aurez la même chose une fois que vous aurez mis la main sur les documents.
SAM (après avoir jeté un œil à l’enveloppe)
Je veux le double.
GITES lui lance une deuxième enveloppe
SAM (avec un sourire)
Et si je demande le triple ?
GITES (retrouvant son ton policé et menaçant)
Alors nous devrons trouver un autre moyen de solder nos comptes…
SAM
Il va falloir que vous me donniez quelques précisions : le nom de votre client, le type de documents que je dois retrouver…
GITES (coupant)
Plus tard. Enquêtez. Rassemblez un maximum d’éléments et contactez-moi (il lui tend une carte). Je ne vous cache pas l’urgence de la chose.
SAM jette un œil aux enveloppes et fixe GITES.
jeudi 19 avril 2007
SA - Scène VIII à XIII
8. INTERIEUR – CHEZ SAM – JOUR PLUVIEUX.
SAM se réveille brusquement. Il se redresse, s’assoit sur le rebord du lit et tente de chasser le sommeil. Un coup d’œil à sa montre. Onze heures. Il se frotte le visage et se lève. La lumière de son répondeur clignote. Il actionne le bouton et va se servir un café. Après le « VOUS AVEZ UN MESSAGE », nous entendons :
KAMEL
SAM, c’est KAMEL. Désolé frangin, mais je dois annuler notre virée de ce week-end. On est tous sous pression au journal. Les attentats font vendre. Le rédac’chef veut qu’on lui sorte des scoops tous les jours. On remet ça à la semaine prochaine. Maman ne nous en voudra pas. Je t’appelle. Tchao frangin…
Une pointe de tristesse se lit dans le regard de SAM qui s’arrête sur une photo de lui et son frangin : deux beaux gars qui se marrent. Cela semble tellement loin.
Il attrape une télécommande et allume un écran plat qui trône sur le mur en face de son lit – l’intérieur de l‘app ;artement de SAM est rempli d’objets coûteux (électronique, meubles de prix….), mais ils semblent très peu utilisés -. Il zappe un instant et s’arrête sur une chaîne d’info continue.
PRESENTATRICE
Nous nous rendons maintenant Place de la Bastille où se déroule actuellement une manifestation pour la paix en réaction aux attentats de la semaine dernière. CHRISTIAN HADRIEN, le candidat indépendant, est en train de faire une déclaration. Nous l’écoutons.
CHRISTIAN HADRIEN apparaît sur l’écran.
CHRISTIAN HADRIEN
… Ces attaques contre le peuple Français sont inadmissibles. Je demande que des mesures concrètes soient prises immédiatement : traque et capture des terroristes. Cela doit être notre priorité. La France doit lancer un message clair : toute attaque suscitera des représailles.
SAM met le son quasiment au maximum et va prendre une douche.
Le timbre volontaire et emphatique de HADRIEN suit SAM jusqu’à ce que le bruit de la douche ne se fasse trop fort.
CHRISTIAN HADRIEN
… Toutefois, cette attaque aussi inadmissible soit-elle est, elle aussi porteuse d’un message, un message que les quatre cinquièmes de la population mondiale nous hurlent depuis des décennies. Nous ne pouvons continuer à laisser des centaines de millions d’individus dans le dénuement le plus total en train de mourir de faim. Les moyens dont nous disposons aujourd’hui ne nous le permettent pas. La manière la plus efficace de stopper ces actes de terreur est de se comporter en être humain et de refuser l’idée même qu’un enfant ne puissent manger à sa faim. Prenons-nous en main et arrivons à vivre en harmonie sur ce caillou perdu au milieu de l’univers !
La DOUCHE coule à flots couvrant l’émission. La caméra s’arrête sur le reflet du visage de SAM en train de se raser. Ses yeux expriment lassitude, regrets, dégoût. Il a le regard d’un homme qui ne croit plus à rien et qui ne voit les choses que dans leur aspect le plus cynique. Le contraste entre ce regard et le discours humaniste de HADRIEN est saisissant.
9. INTERIEUR – CHEZ SAM – JOUR PLUVIEUX.
Quand SAM entre dans la chambre, il est habillé dans des couleurs sombres (le noir est la couleur dominante de ses habits).
Nous entendons la suite de l’intervention de CHRISTIAN HADRIEN, maintenant interviewé par la PRESENTATRICE.
PRESENTATRICE
… Bien sûr, mais trouvez-vous moral d’utiliser une manifestation comme celle d’aujourd’hui pour satisfaire votre ambition personnelle ?
De nombreuses personnes qui manifestaient avaient perdu un être cher dans ces attentats. Croyez-vous qu’elles apprécient votre tentative de « récupération politique » de l’événement ?
CHRISTIAN HADRIEN
Je ne récupère rien, mademoiselle. Je partage la peine de ces gens. Je sais ce que c’est que perdre un être cher. Je n’ai pas parlé pour me faire élire, mais pour qu’on agisse. Je suis un homme d’affaires et je raisonne comme tel : un très grave problème nous est posé aujourd’hui en France et je propose des solutions pour le régler, à court terme et à long terme.
PRESENTATRICE
Et vous pensez être entendu ?
CHRISTIAN HADRIEN
Je l’espère. Si mon message est compris par ceux qui nous gouvernent, alors j’aurai fait mon travail. Je n’aurai même plus besoin de me présenter. Je suis là pour faire bouger les choses. Je suis riche. J’ai dirigé de grandes sociétés, avec succès, je dois dire. Je n’ai plus rien à prouver…
Pendant ce temps, SAM finit de s’habiller, sobre, mais classe. Il se dégage de lui une impression de rudesse et de virilité. Il fixe son revolver à la sa ceinture dans un geste machinal. Ses années de flic sont toujours là.
CHRISTIAN HADRIEN (off)
… Je suis ici pour vous. CUT
SAM repose la télécommande et s’empare d’un trousseau de clés sur une commode
10. EXTERIEUR – LES RUE DES PARIS – JOUR PLUVIEUX.
Une note sur un pare-brise : « avec les compliments de votre garagiste ». La main de SAM enlève le papier.
SAM sort de son garage à toute vitesse. Il conduit un « bugster » (petite voiture ressemblant à un buggy plus proche du kart que de l’automobile). Une capote en plastique le protège de la pluie. SAM retourne à l’Académie. Il zigzague entre les voitures (SAM conduit vite – la position de conduite très basse renforce l’impression de vitesse… et de danger) et nous offre un nouveau panorama de Paris : L’île de la Cité, Notre Dame, Boulevard Saint Jacques, les petites rues de Saint-Germain des Prés puis le Boulevard Montparnasse. La police est omniprésente dans la ville. La paranoïa liée aux attentats est sensible.
Il s’arrête sur une place de livraison devant l’Académie. Il sort de son « bugster » et court jusqu’à la porte.
Il frappe violemment à la porte. Pas de réponse. Il insiste.
SAM
GIPSY !
Toujours rien. Il tente d’actionner la poignée de la porte…
11. INTERIEUR – L’ACADEMIE – JOUR PLUVIEUX.
… Qui s’ouvre…
L’intérieur est sombre. Un poste de radio GRESILLE. On reconnaît « Losing My Religion » de REM. Tout est rangé. Les tables de billard alignées sont vides, les queues rangées sur leurs râteliers. Au fond de la salle, une lumière filtre par le bas d’une porte. C’est de là que provient la musique. L’endroit sent la mort.
SAM se dirige vers la pièce. Il n’aime pas ça. Il sort son revolver Arrivé devant la porte, il hésite un instant sur la conduite à tenir. Finalement, il donne un grand coup de pied sur la porte qui s’ouvre avec fracas. Le regard de SAM se fige. Des flashes montrent GIPSY la tête projetée en arrière, la gorge ouverte et les lèvres tailladées jusqu’aux oreilles. Ce n’est pas de l’horreur que nous lisons dans le regard de SAM, mais une résignation et un dégoût envers l’espèce humaine. La MUSIQUE emplit la pièce.
12. EXTERIEUR – DEVANT L’ACADEMIE– JOUR PLUVIEUX.
Une batterie de flics encadre la porte de l’Académie. Le corps de GIPSY enveloppé dans une bâche de plastique sort sur une civière. Deux ambulanciers attendent le corps devant leur véhicule. Ils se marrent à l’abri du coffre ouvert.
Toute la rue est barrée. Bien qu’il s’agisse d’un meurtre, de telles mesures semblent disproportionnées. Les attentats ont créé une vraie paranoïa.
SAM regarde tout ça : les condés qui interrogent les témoins potentiels, la police scientifique qui ramassent les bouts de preuves, les préposés au cordons de sécurité et la foule qui vient prendre sa ration de sensations fortes. Sa mélancolie avoue qu’il a vécu tout ça et qu’il vendrait son âme pour en faire à nouveau partie.
Il y a LA FOULE également, avide de sang et de spectacle malsain.
On remarque un HOMME AUX CHEVEUX GRIS mais SAM n’y porte pas une attention particulière.
DAVE le tire de ses pensées
DAVE (lunettes de soleil sur le crâne)
SAM, REYNALD voudrait entendre ce que t’as à dire. Il a dû douiller le père GIPSY avant d’y passer…
SAM
Y a personne qui mérite de crever comme ça… Où est-ce qu’il est REYNALD ?
DAVE
Chez RAOUL. Il t’attend.
SAM
T’as parlé du latino, GOMEZ ?
DAVE
Ils ne savent même pas que j’étais là hier, et je préférerais que ça reste comme ça…
SAM tourne les talons et remonte la rue vers le bar de RAOUL. Nous le suivons au travers de la foule des POLICIERS et des INFIRMIERS. Il croise une JOURNALISTE et un CAMERAMAN qui passe de flic en flic à la recherche d’infos. En vain. Il est dans son élément mais cela reste un étranger. Il avance jusqu’au bar de RAOUL dont…
13. INTERIEUR – CAFE CHEZ RAOUL – JOUR PLUVIEUX.
… Il ouvre la porte.
CHEZ RAOUL est le café qui fait face à l’Académie. C’est un endroit que Audiard ou Renaud auraient apprécié. Dans le fond de la salle, derrière une porte basse, il y a un magnifique billard.
Au bar, un mec en costard fume une clope en l’attendant. REYNALD.
Juste devant lui, RAOUL, la soixantaine bien sonnée, borgne, mais portant beau, prépare des cafés.
SAM
Tu m’en sers un, s’il te plait, RAOUL.
RAOUL (lui tendant une des tasses qu’il vient de préparer)
Sale coup pour le gars GIPSY. Je l’aimais bien ce magouilleur, surtout depuis qu’il m’avait refilé le billard, mais te dire que je suis étonné…
SAM
Les allumettes…
RAOUL
Quoi les allumettes ?
REYNALD
A force de jouer avec, tu te brûles.
SAM boit son café. Il laisse venir REYNALD.
REYNALD
Sympa de nous avoir prévenu SAM. Ca doit te rappeler des souvenirs, Pas vrai ?
La main de SAM se crispe légèrement mais il continue à boire son café.
REYNALD
Qu’est-ce que tu sais, SAM ? Qu’est-ce que tu venais foutre chez GIPSY ?
SAM
Une petite visite…
REYNALD
Joue pas à ça. Avec les attentats, on a le droit d’arrêter toutes les sales gueules qu’on veut et la tienne, elle ne m’est jamais revenue. Qu’est-ce que tu lui voulais à GIPSY ?
SAM se retourne. Le regard est noir, mais il se contient.
SAM
On devait se parler…
REYNALD
De quoi ?
SAM
Il a pas été plus précis et maintenant, c’est un peu tard pour lui demander.
REYNALD
Tu trempes dans ses magouilles ?
SAM
M’emmerde pas BERNARD. J’ai retrouvé GIPSY mort ce matin. J’appelle les flics. Ensuite c’est à vous de jouer. Ca s’arrête là.
REYNALD
T’as pas l’air dévasté par l’émotion, toi. T’étais son pote, non ?.
SAM
Ouais... Son pote, pas sa nourrice.
Les deux mecs se fixent, histoire de savoir qui a la plus grosse. REYNALD est le premier à décrocher..
REYNALD
Il trempait dans la dope GIPSY, la colombienne ?
SAM
Pas que je sache. Qu’est ce qui te fait dire ça ?
REYNALD
Ce qu’on lui a fait, à GIPSY… C’est une cravate colombienne. C’est comme ça qu’ils s’occupent des balances, dans les cartels.
SAM
Je pensais qu’ils étaient à la rue, les cartels, depuis Escobar…
REYNALD (sortant un porte-monnaie miteux de sa poche)
C’est vrai… Mais il y a des traditions qui ont la vie dure… Et puis, le savoir-faire s’exporte…. Vue ta gueule, ça doit pas rapporter des masses le boulot de privé de nos jours… Je t’offre le café. Cela m’a fait plaisir de te revoir SAM. On se tient au jus (il mime un téléphone avec ses doigts).
REYNALD sort. La JOURNALISTE entre suivi de son CAMERAMAN.
mardi 17 avril 2007
SA - Scènes V à VII
5. INTERIEUR – PREMIERE CLASSE D’UN TGV– JOUR PLUVIEUX.
Un BUSINESSMAN parle fort dans un téléphone portable. A quelques mètres, CHRISTIAN HADRIEN - la quarantaine éclatante d’un homme qui a tout réussi -, regarde le paysage défiler par la fenêtre. Le comportement impoli du BUSINESSMAN le tire de sa rêverie. Passé l’instant d’agacement, il se concentre à nouveau sur ce que lui raconte PHILIPPE, son conseiller en communication – la trentaine, ultra dynamique – qui exprime sa vision de la politique.
PHILIPPE
…Beaucoup disent que la marche vers le pouvoir est solitaire. On parle du destin d’un homme face à son pays. Foutaise ! La vérité, c’est qu’on n’arrive à rien tout seul. C’est un travail d’équipe. Deux raisons à cela : physiquement, c’est impossible : il y a trop de choses à gérer. Ensuite, tu t’adresses à une telle variété d’individus, d’origine, de culture, tellement différentes. Sans parler de leurs intérêts, jamais convergents… Tu as besoin de relais. Pour les comprendre et pour que eux te comprennent…
Je ne dis pas que c’est indispensable pour te faire élire, mais ça l’est si tu veux tenir tes promesses…
HADRIEN est perdu dans ses pensées. Dans le lointain, des OUVRIERS construisent un ouvrage d’art. Il est admiratif.
6. INTERIEUR – UNE SALLE DE BILLARD – NUIT.
Sur une table de billard, des billes s’ENTRECHOQUENT. SAM, expédie les billes dans les poches avec maestria. C’est un jeu de neuf. La blanche doit frapper à chaque fois la boule la plus basse de la table.
SAM est complètement dans le jeu. Il se vide la tête. Il ne pense qu’au coup qu’il va jouer. Il est dans son élément.
Debout, à quelques pas, se trouve GIPSY, une belle gueule de voyou du même âge que SAM. Il reste stoïque devant la pilée que lui met SAM. Il a un même un sourire résigné. Visiblement, ce n’est pas la première fois.
SAM danse littéralement autour de la table.
A quelques pas, quatre personnes se tiennent autour d’un bar.
Derrière, MARIE, la trentaine, cheveux courts, look garçonne mais sexy, est en train d’annoter un journal. Devant, sur un tabouret, DAVE, rondouillard, mal rasé aux cheveux filasses, lui fait du gringue.
A l’extrémité du bar, GOMEZ, look latino, gueule de truand, est en train de siroter un whisky. A ses côtés, BRIGIT, une poule de luxe, dont le décolleté donnerait le vertige à Superman. L’homme lui chuchote à l’oreille des mots qu’on ne doit pas trouver dans les livres de poésie. Le sourire figé de la nana indique qu’elle fait tous les efforts possibles pour ne pas vomir.
SAM vient de rentrer la dernière boule. Il n’en tire aucune fierté. Il est bon à ce jeu-là, très bon même. Sa victoire n’est que très normale.
GIPSY s’approche et lui tend ce qu’il lui doit : une liasse de quelques billets de cinquante euros.
SAM
C’est du vol.
GIPSY. (en mettant les billets dans la poche de SAM)
Disons que c’est pour le spectacle.
SAM dévisse sa queue et la range dans son étui. GIPSY s’approche. Il prend bien soin de rester dos au bar.
GIPSY
J’ai besoin de tes services, SAM.
SAM
Ecoute, GIPSY. Piquer ton fric au billard ne me pose aucun problème. Par contre, je reste loin de ton bizness.
GIPSY
C’est différent. J’ai vraiment besoin de toi. Viens me voir demain.
SAM
Pourquoi pas maintenant ?
GIPSY
Je peux pas, maintenant…
Il fait léger mouvement de la tête vers le bar, vers l’endroit où se tient le latino. SAM suit le regard.
SAM
OK…
SAM prend son étui, décroche sa veste en cuir qu’il met sur son épaule. Il prend son verre qui traînait sur une table et le vide d’un trait. Il le garde un instant en main et fixe GOMEZ, mais son regard est attiré par la jambe dénudée de BRIGIT et notamment par un bracelet de cheville en or ressemblant à des corps entrelacés. GOMEZ suit le regard et fait un signe égrillard à SAM, qui se détourne.
SAM (à GIPSY)
A demain…
SAM ramasse ses affaires en ignorant consciencieusement GOMEZ et sort.
DAVE fait un clin d’œil à MARIE et le suit. MARIE les regarde partir, triste.
7. EXTERIEUR – RUE DE LA GAITE – NUIT.
SAM et DAVE sortent dans l’aube grise. Il commence à pleuvoir. Les éboueurs ramassent les poubelles un peu plus loin dans la rue. Malgré la grisaille, DAVE chausse des lunettes de soleil.
DAVE
Je te ramène ?
Une ombre passe dans le regard de SAM lorsqu’il voit la voiture de DAVE. C’est une bagnole de flics. Un de ses collègues l’attend de l’autre côté de la rue.
SAM
Non.
DAVE hausse les épaules et plante SAM. Il court vers la voiture aussi vite que lui permet sa forte corpulence. Dès qu’il y est rentré, elle démarre au quart de tour, déboîtant devant les éboueurs dans un vrombissement.
SAM remonte le col de sa veste en faisant une grimace à cause de l’odeur des poubelles. Il remonte la rue de la Gaîté. Il passe devant l’entrée du métro qui est grillagée. Dessus, un écriteau : « station fermée suite à attentat ».
SAM rentre donc chez lui à pieds. Alors que le générique continue de défiler, nous avons droit à une visite de Paris au petit matin sur FOND DE MUSIQUE JAZZY : Montparnasse, rue de Rennes, rue Bonaparte, les Quais, le pont des Arts, le Louvre, rue du Pont Neuf, le Forum des Halles, le centre Pompidou, la Rue Rambuteau.
SAM entre dans un vieil immeuble. Sur la porte cochère, on distingue une plaque : « S. Taleb – Enquêtes ». Il traverse la cour, ouvre la porte d’un local où on retrouve la même plaque. L’endroit est petit et apparemment peu visité. Il y a un bureau, un ordinateur portable. Sur le mur on aperçoit, une plaque de rue marquée « Quai des Orfèvres » remplie de signatures. En dessous, il y a la photo d’un groupe de mecs en train de trinquer. On reconnaît SAM, un peu plus jeune, et DAVE avec ses lunettes de soleil. Certains portent des holsters. Des flics, visiblement.
SAM balance sa veste sur une chaise et se dirige vers un escalier en colimaçon qui le mène à son appartement où trône un lit défait. Il balance ses chaussures et s’allonge. Il passe une main sur ses yeux. Il dort.
lundi 16 avril 2007
SA - Scène I à IV
INTERIEUR – UNE TELEVISION DANS UNE CHAMBRE D’HOTEL– JOUR PLUVIEUX.
Une femme parle dans un dialecte africain. Une voix traduit ses paroles. Le ton monocorde accentue l’horreur de ses propos.
FEMME AFRICAINE (dialecte traduit)
… Ils ont violé et tué toutes les femmes du village. J’ai vu des soldats mettre le feu au sexe des femmes et les regarder brûler. J’étais la dernière. J’étais seule. Ils avaient tué mon mari et mes fils. J’avais peur pour moi et le bébé dans mon ventre. Ils m’ont violé. Tous. Un par un. Après, ils ont donné des coups de couteaux dans mon ventre. Ils on tué mon bébé dans mon ventre. Ils l’ont sorti et ils l’ont jeté…
L’image disparaît. SAM TALEB - type algérien, la quarantaine, un dur – vient d’éteindre la télévision avec une télécommande. Il fixe l’écran noir. Il est dans l’horreur de ce qu’il vient d’entendre.
2. EXTERIEUR – SOFITEL Porte de Versailles – JOUR PLUVIEUX.
Un groupe d’individus traverse sur un passage piéton. Ils se dépêchent car le feu vient juste passer au vert. La voiture de devant met un peu de temps à démarrer. Coups de klaxon.
Parmi les gens qui viennent de traverser, une FEMME fait tomber son sac dont les affaires d’éparpillent par terre. Un HOMME (la quarantaine – cadre sup) passe à côté d’elle. Il ne s’arrête même pas. Il entre dans l’hôtel et se dirige vers les ascenseurs.
3. INTERIEUR – SOFITEL (couloir) – JOUR PLUVIEUX.
L’HOMME avance dans le corridor et s’arrête devant une porte. Il frappe. Une JEUNE FEMME ouvre.
Une série de photos en rafale sont prises à cet instant.
L’HOMME et la JEUNE FEMME s’embrassent
Nouvelle série de photos.
La porte se ferme.
Un peu plus loin, dans l’embrasure d’une porte, SAM abaisse son appareil.
4. EXTERIEUR – UNE BRASSERIE – JOUR PLUVIEUX.
Derrière la vitre d’une brasserie, SAM tend les photos à une FEMME. Elle les regarde. Des larmes de rage et de tristesse coulent sur son visage.
Elle tend une enveloppe pleine de billets à SAM qui en examine l’intérieur avant de l’empocher
Où en étions-nous ?
Il est peut-être enfin temps de revenir au propos originel de ce blog :à savoir la mise en ligne de SEINE AMERE.
Je vais essayer de mettre en ligne quelques pages tous les jours que j'émaillerai de temps en temps de commentaires.
Si vous souhaitez disposer du script entier, je le tiens à votre disposition par retour de mail (surtout si vous êtes producteur en recherche d'histoire).
Showtime !
mercredi 11 avril 2007
Rythme
Le sujet est approprié car il faudrait que je le garde (le rythme).
Parce que côté, publication, c'est un peu en pointillé...
C'est à mon sens l'un des deux éléments les plus importants de toute histoire (l'autre étant les personnages).
On peut avoir une intrigue moyenne, un style moyen, mais si vous avez les personnages et le rythme alors, vous arrivez à vous sauver.
C'est un peu comme les chansons : des paroles et une musique moyenne peuvent être sauvés par un bon rythme (il n'y a qu'à voir ce sur quoi j'ai pu danser en boite).
Bref, je m'égare.
Certains réalisateurs ont su le comprendre (le passé est volontaire)et su en jouer. Voyez Sergio Leone et le duel final du BON, LA BRUTE ET LE TRUAND. Cette façon dont le rythme s'accélère pour finir en apothéose finale.
Leone a su utiliser le rythme pour renforcer la puissance de certaines scène (cf. Le Massacre de la Famille dans IL ETAIT UNE FOIS DANS L'OUEST).
L'autre réalisateur qui me vient immédiatement à l'esprit en ce domaine est PECKINPAH (Les ralentis de LA HORDE SAUVAGE...).
Je fais une véritable distinction entre rythme et montage. Le rythme est inhérent à l'histoire, le montage n'est à mon sens qu'un artifice de réalisation). Attention je ne suis pas en train de défendre le cinéma à plans fixes de Angelopoulos, mais je veux parler de ceux qui sous prétexte de rendre des films "haletants" misent avant tout sur leurs paires de ciseaux plutôt que sur leurs talents de conteur.
Voyez ROCK, probablement le meilleur film de Michael Bay (notion toute relative s'il en est, mais bon, cela reste un film avec SEAN). Les plans de plus de 5 secondes se comptent sur les doigts d'une main, mais cette frénésie est avant tout un style plutôt qu'une façon de raconter l'histoire.
Aujourd'hui, le réalisateur qui maîtrise le mieux (là encore, ce n'est que mon avis)cete notion de rythme est DAVID FINCHER (dont j'attends avec impatience ZODIAC). revoyez FIGHT CLUB etregardez comme FINCHER utlise le rythme pour raconter la personnalité de EDWARD NORTON.
Je suis persuadé que vous ne pouvez trouver un film bon que lorsque son rythme est bon.
En maitrisant le rythme, le réalisateur danse avec vous : il vous guide, vous attire, vous repousse, vous fait perdre l'équilibre pour mieux vous rattraper et vous fait tourner le tête jusqu'aux dernières notes.
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